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 Communiqué de presse 

On a séquencé le génome d'un descendant des dinosaures

Gallus gallus, autrement dit la poule commune, descendante directe des dinosaures carnivores tétrapodes, voit aujourd'hui son génome intégralement séquencé et publié dans la revue Nature. Un travail essentiel auquel ont activement participé le prof. Stylianos Antonarakis de l'Université de Genève et membre du Pôle de Recherche National Frontiers in Genetics, ainsi qu'Henri Kaessmann et Alexandre Reymond, tous deux professeurs à l'Université de Lausanne. Ce séquençage devrait permettre non seulement de mieux comprendre les méandres de l'évolution des espèces, mais aussi, par comparaison, de trouver des régions fonctionnelles dans le génome humain, et de faire des progrès dans les domaines de la virologie, de l'immunologie et du développement des vertébrés.

Presque autant de gènes que l'homme, mais dans un génome trois fois plus petit. Plus de 20'000 gènes, représentant environ un milliard de bases, voilà ce que révèle aujourd'hui une équipe internationale dans le magazine Nature. C'est une réalisation essentielle puisqu'il s'agit là du premier génome d'oiseau jamais séquencé. Et ce n'est pourtant là que le début de l'aventure car il reste maintenant à éclaircir la fonction de tous ces gènes, mais aussi celle, beaucoup plus mystérieuse, de ces portions de l'ADN que l'on nomme séquences non-géniques conservées (CNGs), autrefois considérées comme de l'ADN poubelle.

"Nous avons mis en évidence ces CNGs en comparant le génome de plusieurs animaux, explique Stylianos Antonarakis de l'Université de Genève. On constate qu'elles se conservent étonnamment bien entre certaines espèces possédant des ancêtres communs. Elles nous révèlent donc des éléments essentiels de l'histoire de l'évolution."

Analyser ces CNGs et les gènes chez la poule revêt à cet égard un intérêt particulier. En effet, il est aujourd'hui établi que les oiseaux sont les descendants directs des dinosaures. On découvre en effet de plus en plus de fossiles carnivores tétrapodes, comme les fameux Velociraptors de Jurassic Park, mais portant des plumes. Comparer les CNGs et les gènes de la poule et de l'être humain devrait donc jeter une lumière nouvelle sur les chemins séparés qu'ont décidé de suivre leurs ancêtres respectifs depuis 300 millions d'années environ.

Ce n'est pas tout. Ce séquençage donne aussi la possibilité d'étudier un aspect fondamental, celui des gènes dupliqués. Cette duplication est un outil de la nature qui permet, le cas échéant, à une espèce de mieux s'adapter à son milieu. On copie un gène, on le modifie un peu et qui sait si cela ne procurera pas un avantage adaptatif à son porteur. Or Henrik Kaessmann du Centre intégratif de génomique a démontré que ces duplications sont bien plus rares chez la poule que chez l'être humain. Pourquoi cette différence ? Serait-ce que l'évolution a estimé que la poule était bien faite ainsi et qu'elle n'avait pas besoin de beaucoup de retouches ? Evidemment que non, mais il reste à trouver la vraie raison.

Plusieurs dizaines de laboratoires de plusieurs pays comme les Etats-Unis, le Danemark, la France, la Suisse et aussi la Chine ont participé à cette étude. En Suisse, les financements nécessaires à cette étude ont été accordés par le PRN Frontiers in Genetics, le Fonds national de la recherche scientifique et d'autres fondations.

Pour obtenir de plus amples informations, n'hésitez pas à prendre contact avec
le prof. Stylianos Antonarakis au 022 379 57 07 ou stylianos.antonarakis@medecine.unige.ch

le prof. Henrik Kaessmann au 021 692 39 00 ou
henrik.kaessmann@unil.ch

le prof. Alexandre Reymond au 022 379 57 19 ou
alexandre.reymond@unil.ch


Genève, le 9 décembre 2004