Événement 2
À quoi ressemblera la vie dans nos communes en 2035 ?
Date et lieu : 19 octobre 2022
Notre deuxième événement du forum citoyen DIALOGUES a accueilli plus d'une trentaine de résident.e.s au Restaurant le Tilleul, à Meinier, pour une discussion de 2 heures centrée sur ce que signifie bien vivre dans une transition énergétique. La soirée était structurée comme un atelier participatif conçu par les membres de l'équipe du projet WEFEL : Wellbeing, Energy Futures and Everyday life.
Fonctionnement et déroulement de l'atelier
Après un accueil chaleureux de Madame Coranda Pierrehumbert, Adjointe de l'exécutif de l'administration communale de Meinier, nous nous sommes directement lancé.e.s dans l'objectif de l'atelier : discuter si et de quelle manière une transition énergétique représente le bien vivre, et ce qui doit être changé aujourd'hui pour que nous puissions atteindre un bien-être durable pour toutes et tous dans le futur.
L'atelier présente cinq personnages de bande dessinée pour aider les participant.e.s à imaginer une vie agréable à Genève en 2035, tout en représentant l'efficacité énergétique, la suffisance et les mesures d'énergie renouvelable. Chaque personnage explore un domaine particulier lié à la consommation de la vie quotidienne, comme vivre et travailler, préparer un repas ou se déplacer.
Figure 1 : Rencontrez les Personas de 2035. Plus d'informations disponibles ici. Crédit image : Projet WEFEL, 2021
Nous parlons souvent des changements dans la consommation et la production d'énergie en termes de ce que nous devons abandonner ou perdre. Cela peut s'avérer inutile et parfois même contre-productif. Le principe de cet atelier est que si nous prenons les besoins humains comme point de départ, nous pouvons arriver à une réflexion nuancée et positive sur le rôle de l'énergie comme moyen de satisfaire ces besoins.
Nous pouvons explorer quels besoins pourraient ne pas être satisfaits, indépendamment de l'énergie que nous utilisons. Par exemple, les technologies de l'information et de la communication peuvent entraver notre capacité à avoir des relations significatives, même si elles nous aident à nous connecter virtuellement avec des personnes du monde entier. Comment pouvons-nous viser à satisfaire davantage de besoins, tels que le besoin de lien social, tout en utilisant l'énergie plus efficacement ou en diminuant notre consommation ? Les changements requis pour effectuer une transition énergétique pourraient nous permettre de créer des résultats positifs sur le plan personnel et communautaire.
Le format de l'atelier a permis aux participant.e.s d'imaginer ce que pourrait être la citoyenneté énergétique dans le cadre d'une “bonne vie”, tout en apprenant davantage sur les obstacles et les incitations à développer de nouvelles pratiques énergétiques.
Figure 2 : Des résident.e.s en pleine discussion pendant l'atelier. Crédit photo : équipe DIALOGUES Genève, 2022
Nos résident.e.s participant.e.s ont créé 6 petits groupes pour discuter de ces idées, avec un personnage de bande dessinée par table. Les participant.e.s se sont d'abord présenté.e.s, puis ont lu ensemble une bande dessinée. Ils.elles ont ensuite discuté des personnages fictifs et se sont demandé.e.s si les personnages avaient une vie agréable où les besoins étaient satisfaits par rapport à leur expérience personnelle de la transition énergétique. Après une pause pour l'apéritif, les groupes se sont à nouveau réunis pour discuter des changements qui, selon eux, sont nécessaires pour que la transition énergétique prenne en compte l'objectif normatif du bien vivre. Enfin, les groupes ont partagé leurs réflexions sur les changements collectifs qui pourraient garantir le bien-être dans la transition énergétique dans le cadre d'une discussion ouverte.
Résultats : Que signifie vivre bien dans la transition énergétique pour les participant.e.s ?
Chaque table a développé sa propre narration basée sur ses personnages et thèmes des bandes dessinées, ses expériences personnelles, ses opinions et sa compréhension de l'exercice. Au travers des tables, les éléments suivants semblent être importants pour assurer le bien-être dans la transition énergétique à Meinier et dans les communes environnantes :
- Faire le choix de changer, c'est se donner les moyens d'agir. Si nous faisons le choix de changer nos habitudes et notre façon de vivre, les pertes ou les sacrifices proviennent d'un choix personnel sur ce que nous valorisons et sur la façon de vivre en accord avec ces valeurs.
- Le temps est une ressource importante. Disposer du temps nécessaire pour répondre à nos besoins en matière de santé, de famille, de communauté et de participation à la vie communautaire fait partie des nouvelles pratiques pour une société moins gourmande en carbone et en énergie.
- Recevoir de l'aide pour changer est important car les changements sont plus importants que ce que l'on peut attendre d'un.e individu.e. Certains changements profonds dans la société sont nécessaires pour soutenir les changements individuels et locaux : par exemple, des options d'emploi alternatives et des attentes différentes concernant les heures de travail ; la conception de communautés locales vivables et durables ; le déploiement de taxes et de lois qui aident tout le monde à faire la transition, y compris les grandes entreprises.
- La mise en commun d'espaces ou de ressources est un moyen qui nous permettrait d'avoir une bonne qualité de vie tout en réduisant les ressources et la consommation d'énergie. Pouvons-nous réduire nos besoins en espace de vie en partageant les jardins, les chambres d'hôtes et les voitures dans les résidences à plusieurs ménages et les moyens de transport privé ?
- Stimuler une vie locale riche et enrichissante, où les personnes ont toujours la possibilité ou le choix de répondre à un besoin ailleurs, mais seraient en mesure de répondre à ces besoins localement plus régulièrement.
Quelles sont les tensions évoquées ?
La satisfaction des besoins humains et la transition énergétique sont des sujets complexes. Il serait faux et injuste de suggérer que les accords sont faciles à atteindre et qu'il n'existe aucun compromis. Les résident.e.s ont rencontré de nombreuses tensions dans leurs discussions. Trois des plus frappantes sont les suivantes :
- Si nous parlions uniquement de la transition énergétique et non du bien-être, ce serait plus facile. Parler du bien-être en même temps rend la discussion plus nuancée et complexe. "Je suis en pleine contradiction"
- Comment trouver un équilibre entre la liberté individuelle et les besoins de la communauté ? Comment concilier l'autodétermination et la nécessité d'opérer un changement de paradigme dans la production et la consommation d'énergie ? Qu'est-ce que la liberté au juste ? Il est préférable de pouvoir choisir que de se voir imposer des changements, mais comment s'assurer que tout le monde effectue les changements nécessaires ?
- Les bonnes solutions peuvent également avoir des conséquences indésirables. Nous devons travailler sur la proximité et la localisation, y compris l'accès aux possibilités d'emploi et aux services dans nos villages ; mais une densification urbaine mal conçue peut également entraîner ses propres problèmes.
Un résumé détaillé des échanges de chaque table se trouve ici.
Thèmes clés des événements 1 et 2
Le projet européen DIALOGUES à Genève vise à aider les habitant.e.s à définir ce que signifie la citoyenneté énergétique dans les communes de Vandœuvres, Collonge-Bellerive, Choulex et Meinier au cours des 5 prochains mois. Notre premier sujet de discussion en septembre était les défis actuels et les opportunités de participation citoyenne à la transition énergétique à Genève : Les principaux thèmes qui sont ressortis sont l'importance de trouver du temps, la nécessité de faire respecter la cohésion sociale, et la signification de la solidarité, qui inclut le respect de la diversité (voir le résumé de l'événement ici). Ce deuxième événement a donné un aperçu de ce que signifie la citoyenneté énergétique en termes de satisfaction de nos besoins et des besoins des autres.
Nous avons également entendu des points de vue sur la manière de réaliser ces nouvelles pratiques énergétiques. Les participant.e.s à l'événement 1 se sont concentré.e.s sur le désir de connexion sociale et de collaboration entre tous les acteur.trice.s, politiques et non politiques. Les participant.e.s à l'événement 2 ont mis l'accent sur les changements structurels et les changements à plus grande échelle plutôt que sur les changements de pratiques individuelles. Le cadre de l'atelier a peut-être contribué à cela, mais les participant.e.s semblaient également convaincu.e.s de la nécessité de changements au niveau des sociétés et des économies, qui sont la clé d'un changement généralisé. Voici quelques suggestions préliminaires concernant les changements nécessaires avant que les transitions énergétiques ne puissent être pleinement réalisées :
- Changer la façon dont nous participons à l'économie par le biais de modèles d'emploi qui accaparent une grande partie du temps d'une personne ; des options alternatives d'éducation et de formation devraient être disponibles.
- Changer le paradigme économique au niveau des modèles commerciaux et des modèles de consommation, notamment en établissant des prix équitables et en favorisant la production et la consommation locales.
- Ajuster les régimes fiscaux pour favoriser et soutenir les nouveaux modèles de production et de consommation d'énergie afin d'encourager les acteurs plus importants à jouer leur rôle, notamment en encourageant des formes de production agricole diversifiées et locales, moins gourmandes en énergie.
- Ajuster les régimes de propriété foncière, ou du moins les règles d'accès, afin que la production alimentaire locale puisse devenir une action réaliste à laquelle un plus grand nombre de personnes peuvent participer.
- Penser au niveau de la conception de quartiers durables, en parlant d'abord de proximité plutôt que de mobilité ; développer des espaces et des réseaux locaux pour accéder aux services, à l'emploi, à la culture et à la vie sociale.
- Rendre les transports publics gratuits, fréquents et fiables.
- Créer des lieux locaux dynamiques et interactifs qui favorisent le développement des connaissances, des systèmes de partage, des liens sociaux et du temps personnel supplémentaire nécessaire pour faciliter les transitions énergétiques.
- La création de logements coopératifs qui contribueraient à la mise en commun des ressources et créeraient de nouvelles opportunités pour accroître la participation des citoyen.ne.s à la vie de la communauté.
- L'intégration des habitant.e.s dans les projets des communes en matière de développement durable et de cohésion sociale, par le biais de conseils citoyens, de procédures de co-budgétisation publique et de la rémunération des citoyen.ne.s qui consacrent leur temps et leur énergie à des projets d'intérêt général.
Un rappel sur notre enquête
L'équipe de l'Université de Genève collecte des données sur les actions des participant.e.s, la consommation et la production d'énergie, leurs points de vue sur la citoyenneté énergétique ainsi que leurs commentaires sur nos événements. Ces données seront analysées afin d'améliorer les connaissances sur ce qu'implique la pratique de la citoyenneté énergétique et comment sont créées les conditions d'une citoyenneté énergétique efficace et équitable. Jusqu'à présent, 21 réponses ont été reçues. Merci beaucoup à celles et ceux qui ont consacré leur temps précieux à cet exercice. Si vous n'avez pas encore répondu à l'enquête et que vous avez 15 minutes, veuillez cliquer sur ce lien. Chaque enquête complétée est profondément appréciée par l'équipe de DIALOGUES. Toutes les données sont anonymes et tous les résultats seront partagés avec les participant.e.s et le grand public à la fin de cette activité.
Notre prochain événement aura lieu le 22 novembre 2022, 19h-20h30 à Choulex
Le troisième des quatre événements de discussion aura lieu à la fin du mois de novembre. Notre sujet est très pertinent pour l'hiver à venir, ainsi que pour les changements plus profonds qui commencent à se produire dans nos systèmes énergétiques ici en Suisse : L'énergie dans nos bâtiments : suffisance choisie ou imposée ?
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