Thèse de Flávio Borda d’Água

Quadriller la ville : normes et pratiques policières à Lisbonne au temps des Lumières (1750-1805)

Direction : Michel Porret (Université de Genève)

Pombaline_Baixa_Lisbon.jpgL’histoire de la police à Lisbonne au temps des Lumières s’inscrit dans un renouveau historiographique initié dans les années 1990. Ce tournant historiographique vise à enrichir la réflexion engagée sur la circulation et la diffusion des savoirs et des modèles policiers en Europe moderne et contemporaine. La police à Lisbonne se situe, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, à un carrefour : il se place en effet entre les différents modèles de polices présents sur le continent européen, parmi lesquels nous comptons le modèle de la police parisienne, avec sa Lieutenance générale de police de Paris, mais également le modèle issu des sciences camérales allemandes.

C’est principalement à partir de ces deux apports que ce projet veut penser la police à Lisbonne, entre pratique et discours, entre doctrine et archives étatiques. Tandis que Beccaria instaure ses cours sur l’économie politique et le caméralisme à Milan dans les années 1760, Lisbonne rattrape son retard sur la question de la police en créant la fonction d’Intendant Général sous la houlette du marquis de Pombal. À l’abri donc des diverses influences et modèles européens, les normes et les pratiques de la police à Lisbonne au temps des Lumières nous rendent également sensibles à une organisation différente du contrôle social urbain. La situation géographique de Lisbonne, notamment avec son port, nous invite à une réflexion toute particulière sur la gestion du gouvernent urbain de la capitale portugaise. Ouverte sur le large, emplie de richesses, drainant une population cosmopolite, enjeu d’une sécurité urbaine singulière, la ville rend ainsi complexe l’institution policière.

Illustration: A "Baixa Pombalina" planta antes do Terramoto de 1755 e o projecto dos novos arruamentos, Projet de Eugénio dos Santos, 1756