1936-10-01, Denis de Rougemont à Albert Béguin
Le 1er octobre 1936
Quand j’ai voulu reprendre mon « ombre perdue », je me suis aperçu que ce n’était pas publiable. Il me manquait un grand nombre de renseignements que je ne pouvais retrouver à Francfort. Puis j’ai pensé qu’il était trop tard, et ne m’en suis plus occupé cet été, le délai que vous m’indiquiez étant écoulé. Et maintenant je m’installe près de Paris dans une maison assez détachée où je dois faire un peu tous les métiers, et où je ne puis travailler au mieux avant quinze jours. Je suis fâché de rater ce numéro qui s’annonce assez bien. Mais décidément, ça tombe mal.
[p. 2] Je viens de passer quatre jours au congrès d’Esprit. L’ON m’absorbe aussi pas mal. Nous allons fonder un mouvement d’action commun aux deux revues, et à quelques autres. Tout démarre en beauté. J’ai passé 24 heures à Ferney chez Paulding, et n’a pu vous voir, ce que je regrette vraiment beaucoup. J’ai causé un moment avec Kohler, qui vous en parlera sans doute.
Allez-vous remplacer Raymond à Bâle ? On m’a pressé de poser ma candidature, mais j’avais trop de choses à faire ici. J’ai deux livres terminés qui vont paraître, et deux autres à faire dans un délai assez court. Il faut que je travaille sérieusement.
Je reprends le plan du numéro romantique : non, personne à Hermès à part Renéville. Mais c’est désastreux qu’il n’y ait rien sur F. Schlegel ni sur Hölderlin. Si mon Paysan du Danube n’avait pas paru, je vous aurais donné le chapitre sur Hölderlin ! Ah ! si j’avais deux mois !