1939-07-04, Denis de Rougemont à Albert Béguin

Je n’arrive pas à retrouver votre article du Journal de Genève pour vous en remercier congrument. Deux déménagements, des dossiers oubliés à La Celle… Je ne voulais vous écrire qu’après avoir envoyé l’article promis à Thiébaut. C’est fait. (16 pages !) Vous avez été d’une gentillesse et d’une précision admirables ! Je ne puis vous parler que de l’impression globale que me laisse le papier, mais je sais que je n’avais pas d’objections à y faire. Et que vous auriez pu m’en faire, à moi, beaucoup plus ! Vous êtes l’un des très rares qui n’ait pas profité de ma « naïveté » historique pour m’écraser à peu de frais. Vraiment, merci !!

Puisse mon article — s’il est accepté par Thiébaut — vous intéresser. J’ai digressé, à propos de votre livre, dans la direction romantisme-mysticisme → vulgarisation des deux → national-socialisme. J’y reviendrai (à propos de la mystique et du problème de l’expression de l’Indicible) dans une suite que je médite à L’Amour et l’Occident. Votre livre est un merveilleux excitant. Je regrette seulement les coupures : beaucoup portaient justement mes notes marginales dans la 1^re édition ! Mais c’est commode d’avoir le tout dans un format réduit.

Vous verrai-je cet été ? Serai en Suisse en septembre. Ici — chez Gide — jusqu’à fin juillet. Faites signe si vous passez.