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1940-01-02, Denis de Rougemont à Albert Béguin

Cher ami,

J’ai reçu une aimable lettre de Madame Grossmann-Simon, qui m’attend pour le 26 janvier et me logera. Silence pudique quant aux « conditions ». J’admets donc qu’elles sont acceptées au maximum, soit 250 fr. Mais peut-être serait-il prudent que vous vous assuriez de la chose incidemment ? Vous me rendriez service. Je m’attends aux surprises les plus désagréables dans ce domaine. Lausanne m’avait promis 200 et 50 % du bénéf. Et ne m’a donné que 150 en tout, bien qu’il y eût 200 auditeurs payants — et contents. L’écrivain en Suisse est un peu moins qu’un balayeur, socialement, mais on exige qu’il soit poli.

Comme je dois parler à Tavannes le 28 janvier, avec Barth, je compte passer la journée du 27 à Bâle, et vous voir. Tâchez de réserver un moment.

Si vous connaissez de beaux textes « patriotiques » romands, envoyez-m’en : je dois composer un petit « bréviaire suisse » à l’usage des troupes…

À bientôt et bons vœux !
D. de Rougemont