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1946-04-17, Albert Béguin à Denis de Rougemont

Mon cher ami,

Merci de votre mot. J’enregistre votre intention de ne pas accepter ma succession (je ne vous la souhaitais qu’à moitié, puisque je ne me la souhaite pas à moi-même).

Je suis content de vous savoir dans un rayon accessible, et me réjouis de vous voir bientôt à Paris. Content aussi que mes Cahiers du Rhône trouvent votre agrément. Il leur manque pourtant quelque chose, et j’espère que cette lacune est réparable encore. Cela dépend de vous, puisque je veux dire qu’il est nécessaire à leur santé que quelque ouvrage de vous s’habille de leur couverture. Pensez-y sérieusement, et examinez cela avec votre voisin et éditeur Hauser, que vous verrez sans doute. Je vous parlerai de mes prochains cahiers collectifs (sur la liberté, sur le langage) et vous demanderai de vous asseoir à l’un de ces conviviums. Mais je ne serai comblé que quand vous signerez un volume de la collection.

À bientôt, et croyez-moi votre
Albert Béguin