1934-10-21, Denis de Rougemont à Henry Corbin

Je t’écris quelques lignes pour t’avertir de l’arrivée imminente du numéro 8 à la rue Madame. Tu verras que c’est un fort numéro de 46 pages. Le prochain sera un n° 9-10. Ainsi il y aura le bon poids, en deux fois. Cela fera je pense 3 centimes de port. (À vérifier.) — Combien d’abonnements sont-ils rentrés ? Ne faudrait-il pas joindre à l’exemplaire des abonnés non renouvelés une formule de paiement, pour leur faire comprendre ? Je vous laisse juges, Stella et toi.

À quoi en es-tu de ton étude sur les anges ? J’aimerais réunir tous les manuscrits pour le 15 novembre au plus tard, afin que le n° 9-10 paraisse à temps pour Noël (vers le 15 décembre). Songez-y sérieusement. Tu peux disposer du nombre de pages qui te chanteras, entre 5 et 12.

Nous avons beaucoup regretté votre départ prématuré de Pontigny, les deux derniers jours ayant été les plus animés et passionnants. Et [p. 2] j’ai l’impression que nous nous sommes si peu vus ! Mais c’est toujours comme ça, dans ces réunions trop nombreuses et hétérogènes. Écris-moi bientôt la lettre que Stella me faisait espérer, et dis-moi à quoi tu travailles.

Ma Politique de la personne va paraître dans dix jours à « Je sers ». Quant à la « Définition de la Personne », elle a fait l’objet d’une discussion vive au groupe philosophique d’Esprit, avec Berdiaev, Marcel et « le remplaçant de Scheler » (?). Elle paraîtra en décembre dans Esprit, suivi de commentaires et discussions de plusieurs jeunes philosophes. Les premières objections que m’a transmises Mounier sont intéressantes, mais je crois, facilement réfutables. Tout tourne, comme tu me le faisais remarquer, autour de l’esse in actu, que les catholiques ont de la peine à concevoir. J’aurai peut-être quelques questions à te poser, dès que les objections me seront communiquées. Il me paraît essentiel, en tout cas, que cette « définition » vienne de nous, sinon les humanistes (Dandieu) ou les thomistes ne manqueraient pas de la tirer à eux et de prendre leur copyright.

Pour la facture Hic et Nunc payable fin octobre, j’ai besoin de savoir exactement combien vous avez en caisse, Lauga et toi, à ce jour. J’ai ici environ 150 francs. Le reste sera versé par Roland. Je lui écrirai au reçu de ta réponse.