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1946-07-21, Alice de Rougemont à Denis de Rougemont

Mon cher Denis,

J’ai enfin reçu une lettre d’Oncle Louis, j’ai oublié de dire à Papa de t’en parler. D’abord il te remercie de ton bout de lettre et de tes renseignements, mais il renonce à venir cette année, et fait déjà des projets pour venir avec sa famille l’an prochain. Ensuite il regrette de ne pouvoir accéder à ta demande du donjon, disant que ce serait trop compliqué de rétablir partout l’électricité, le gaz et l’eau, car le donjon fait partie du reste du château comme canalisation. — Il dit encore ceci : « Si par contre il ne fait pas froid et qu’il ait envie de passer des journées tranquilles au château pour travailler, [p. 2] il peut très bien demander à Christen (le fermier) la clef du château, et aller s’installer par exemple dans ce qui était le bureau de mon beau-père, ou dans mon petit bureau (chambre des archives) à droite en entrant. » — Ce ne serait évidemment pas la même chose que de loger là, mais je te fais la commission. — De la maison Fritz Bovet, il ne peut être question non plus, elle n’est pas nettoyée encore, et les amateurs continuent à venir la voir. Papa se demandait si Mme Claire [Illisible], éventuellement prendrait des pensionnaires ? Bref, tout ceci est bien négatif, mais j’espère que tu viendras tout de même dans notre vieille bicoque, où nous nous réjouissons de te revoir. — Toinette nous téléphone à l’instant que Max peut déjà monter à Chaumont mardi ou mercredi.

Je n’allonge pas, voulant donner ce mot à Tante Bette et t’embrasse de cœur.
Maman.

[p. 3] Une dame hollandaise m’a téléphoné qu’elle désirait te voir de la part de sa maison d’édition. Elle était désolée de te savoir à Paris, d’où elle venait. Elle ne m’a pas dit son nom.

J’ai envoyé à Max la lettre d’Oncle Louis, c’est pourquoi je ne te l’envoie pas, car il raconte toute la visite chez lui de M. et Mme Pilet Golaz.