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1949-04-14, Alexandre Marc à Denis de Rougemont

Mon cher Denis,

Un mot pour te remercier de ta lettre du 7. Ne regrette pas de n’avoir pu venir à la réunion de la commission institutionnelle, faute d’argent on n’a pu y faire rien d’intéressant. Une fois de plus, le département institutionnel est complètement paralysé. Il l’est d’autant plus que, n’ayant plus un sou moi-même (il me reste de quoi vivre jusqu’au 25 avril environ !), il m’est impossible de continuer à lui consacrer tout mon temps.

À propos de la situation catastrophique dans laquelle je me trouve, je te signale, au cas où tu ne le saurais pas, que j’ai été sollicité par le père Verleye pour prendre la direction de l’affaire de Bruges. Étant donné la « conjoncture », j’ai accepté en principe. Malheureusement, rien ne paraît devoir se faire avant octobre.

Comme tu dois aller à Bruges dans huit jours, et comme je n’ai pas été invité à participer à cette rencontre, je te demande donc instamment :

1° de veiller à ce que les « européanistes » ne s’arrangent pas pour éliminer ou, tout au moins, pour miner ma candidature (je suppose qu’elle ne leur fera pas plaisir !) ;

2° le cas échéant, et si les circonstances le permettent, d’essayer d’obtenir que je puisse entrer en fonction le plus rapidement possible (je ne sais vraiment pas comment tenir jusqu’en octobre).

Ayant été en rapport avec le P. Verleye depuis le début (tu le sais bien), j’ose espérer que tu t’opposeras de toutes tes forces à ce que notre vieil ami D. S. se saisisse une fois de plus de l’un de mes « enfants ».

J’espère te voir dès ton arrivée à Paris, c’est-à-dire le 24, car j’ai hâte d’être fixé.

Bien des choses, de notre part à tous, à Simonne et aux enfants.
Très amicalement,
Alexandre Marc