1970-07-30, Denis de Rougemont à Alexandre Marc
Le 30 juillet 1970
Mon télégramme a été envoyé le 24 de Genève : nous devions aller à la villa Serbelloni, Bellagio, pour un colloque de cinq jours sur l’An 2000. Mais je n’ai pas pu finir deux livres avant samedi soir, et me suis vu obligé de m’excuser. Essayé de t’atteindre dimanche matin au « Collège Chabord » (selon l’affiche) (paraît-il) où l’on a fini par me dire qu’on t’avertirait…
Il faut absolument que Suzanne et toi assistent au colloque (le CEC ira jusqu’à rembourser vos voyages) des 12 et 13 octobre. Toutes affaires bruxelloises cessantes : les gens intéressants de la CEE seront d’ailleurs tous à Genève pour l’occasion. Il ne s’agira d’ailleurs pas uniquement de « plaisir » (hélas) comme tu veux bien le dire. J’ai dans l’idée de rassembler pour l’occasion ceux des anciens et ceux des jeunes qui croient à l’Europe fédéraliste, régionaliste, communaliste, personnaliste, de manifester leur cohésion et leur qualité d’avant-garde européiste. Il suffira pour cela :
1° que tous soient là ;
2° qu’un discours, à allure de manifeste, appuyé par eux, donne le ton et fasse manchette pour la presse (le reste suivra, y compris [illisible] et al.).
[p. 2]Il est évident que le colloque a pour formule la confrontation des activités du CEC 1950-1970, mais il faudra situer ça dans l’ensemble européen, — ce qui donne toute liberté.
Dis-moi quels jeunes te paraissent les plus aptes à intervenir dans le colloque, à propos de l’éducation, ou de l’université, ou des recherches fédéralistes-régionalistes, ou de l’évolution politico-culturelle en Europe par rapport aux positions de 1945-1950. Est-ce que Marc Heim ne serait pas le plus efficace ?
Nous partons pour une île de l’Égée le 2 août. Pas pu aller à Opio cette année, trop de travail ici. Rentrerons le 1er septembre si les colonels m’y autorisent.