1978-06-07, Alexandre Marc à Denis de Rougemont
Le 7 juin 1978
Je suis navré de t’avoir fait perdre ton temps, si précieux, car deux lignes, confirmant ma conviction qu’il ne pouvait s’agir que d’un malentendu, eussent été suffisantes.
Néanmoins, la longueur même de ta lettre m’a touché, elle prouve que tu ne voulais pas laisser subsister dans nos rapports aucun point obscur.
En tout cas, ne te frappe pas : je n’ai pas posé ma candidature à ce prix et je ne compte pas la poser pour l’année prochaine. À tort ou à raison, je me suis toujours méfié des prix, quels qu’ils soient, de même que des décorations, promotions et autres hochets.
Je dis bien à tort ou à raison, car je finis par croire que c’était à tort. Il s’agissait sans doute, de ma part, d’un orgueil excessif. J’eusse dû penser moins à moi-même et à mon attitude qu’à nos idées et à la cause pour laquelle nous nous battons — ce qui m’aurait sans doute incité à mieux utiliser les armes des médias de masse.
Mais ne parlons plus de tout cela. Je tiens surtout à te féliciter, sans aucune arrière-pensée, de ta « prestation » du 4 juin. Bravo ! Tu nous as fait le plus grand plaisir, à Suzanne et à moi, et pas seulement à nous mais à tous ceux qui ont pu suivre cette émission.
Dommage, évidemment, qu’on ait coupé ce qui se rapportait au CIFE, mais c’est la règle du jeu.
Quant au sieur Jean de Lipkowski, il ne méritait pas mieux que la réponse mesurée mais ferme que tu lui as réservée.
Je le répète : tu t’en es fort bien tiré. En te remerciant de ta fidèle amitié, je signe