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1933-10-04, Denis de Rougemont à Jean Paulhan

Cher ami,

Me voici, une fois de plus, bien en retard pour vous remercier, vous et madame Paulhan, de votre accueil à la Vigie et de toutes vos bontés. Notre seul regret est de n’avoir pu en abuser un peu plus. La beauté de votre Vigie nous a d’ailleurs donné l’idée, l’envie et enfin la volonté de vous imiter, et nous allons partir d’ici vers le 20 octobre, pour passer l’hiver dans l’île de Ré, où ma belle-mère possède une petite maison. « Je sers » ayant définitivement suspendu ses services, et les miens, c’est à peu près la seule solution qui nous reste. Je n’en suis pas du tout fâché. Vous ne tarderez pas à lire les conséquences de tout cela.

Vous verrai-je avant mon départ ? Je suppose que vous devez rentrer un de ces jours. Je vous montrerai les photos de Port-Cros.

Le Tableau de la Poésiea est fort bien, dommage du peu. Mais c’est encore la note de Cingria qui contient le plus de poésie.

Présentez, je vous prie, nos hommages à Madame Paulhan, et croyez-moi très amicalement

votre
D. de Rougemont