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1937-05-06, Denis de Rougemont à Jean Paulhan

Cher ami,

Avez-vous encore entre les mains le manuscrit de mon Journal ? Je n’en ai plus de copie complète. L’une est chez l’imprimeur, l’autre à La Revue de Paris, qui n’a pas encore fait son choixa. Vous pourriez me l’envoyer aux Portes-en-Ré (Charente inf.) où je serai dès demain pour trois semaines. J’en tirerais une quinzaine de pages pour la NRF et vous les renverrais pour mardi au plus tard. Si c’est trop tard, deux solutions :

ou bien cela passerait le 1er juillet, ce qui est encore possible puisque le livre est censé paraître vers le 25 juin, et sera à peine en librairie ;

ou bien vous pourriez faire vous-même un choix dans la seconde partie, à partir de la page 90 environ. Il y a encore de quoi faire un ensemble qui se tienne, Mesures n’ayant publié que le tiers de cette partie. — Mais alors il faudrait ajouter une sorte d’introduction. Titre possible : « N’habitez pas les villes » ou « Vivre de peu ». Ou pour les dix dernières pages : « Dépaysement parisien » (mais alors j’ajouterais deux à trois pages).

C’était bien sympathique, ce déjeuner de Mesures. J’envoie aux Church les adresses de propagande, en guise de petit remerciement.

Tarde me dit que vous lui proposez une communication sur le Pouvoir des motsb. Je suis sûr que cela donnerait lieu à un débat passionnant. Il faudrait aussi que Caillois vienne parler sur la « liberté de la pensée ». Une soirée d’autocritique serrée.

Bien amicalement à vous.
D. de Rougemont

 

Puis-je vous demander pour lire à Ré le Lawrence de Frieda, le Breton et les Riens philosophiques de Kierkegaard ? C’est aussi pour en parler quelque part. Mille mercis.c