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1940-01-22, Jean Paulhan à Denis de Rougemont

Mon cher ami,

Vous l’avez vu, j’ai pris le parti de donner votre Gide le 1er janvier. (Vraiment, l’Hommage tardait trop, et je ne sais plus du tout quand j’obtiendrai les articles promis.)

Ramuz m’a envoyé quelques pages, infiniment curieuses. Ne voulez pas me donner des Airs du mois ? Sur la Suisse, sur la guerre. Je vous en priea.

J’attends impatiemment le Huizinga.

On a communément trouvé, je n’exagère pas du tout, votre Gide admirable.

Avec tous nos vœux pour vous deux, et mon amitié.
Jean P.

 

Malraux [p. 2] va entrer, me dit-il, dans l’armée tchèque — (comme officier de chars). Aragon, absolument convaincu, et Groeth ne l’est pas moins, que la Finlande a lâchement attaqué l’URSS. C’est singulier.b

Gide travaille à sa pièce « sociale », n’a pas encore dit un mot de la guerre.

Petitjean, légèrement blessé (une balle au doigt) aujourd’hui guéri. Toujours dans l’avant-front. Son Courrier continue, malgré tout.

R. Martin du Gard désespérerait de l’Europe et du reste, si les N. C. n’existaient pas.

Lie-Tseu a dit aussi : « Qui se refuse à faire la guerre, la faisant pourtant, gagne la guerre. »

N’oubliez pas la chronique sur les Considérationsc. Ni les Personnes du drame.