Tapuscrits divers (1948–1961)Lire
La liberté n’est pas seulement un droit, mais l’essence même de l’homme en tant qu’humain.
Notice
Deux thèmes dominent cet échantillon : l’union de l’Europe et la culture, doublés d’une réflexion sur la liberté et le totalitarisme. Jusqu’à l’orée des années 1950, Rougemont s’attache à entretenir la dynamique du congrès de La Haye de 1948, en s’adressant aux Britanniques ou aux députés européens dans une sixième lettre de décembre 1950, critique de la méthode fonctionnelle des petits pas s’installant au Conseil de l’Europe, à laquelle il oppose la démarche fédéraliste qui s’incarnerait dans l’adoption d’une Constitution. Au début des années 1950, c’est l’engagement au sein du Congrès pour la liberté de la culture qui domine à partir du discours de Bombay (1951), avec une réflexion personnaliste sur la liberté opposée à l’individualisme (L’avenir de la liberté), et le rôle spécifique que doit jouer l’Europe à cet égard. Mais avec l’échec de la CED, « l’Europe est en crise » et même les intellectuels, hésitant entre utopie mondiale et valorisation des différences nationales, semblent avoir perdu la foi (préface à Europe and the Europeans), sans parler des Suisses à qui Rougemont continue pourtant d’attribuer une composante européenne sur le plan culturel (Le vrai sens de nos vœux). Cela le pousse peut-être à diriger à nouveau son regard vers les États-Unis. Comme dans le livre Vivre en Amérique (1947), il lui plaît de souligner son dynamisme religieux indépendant de l’État et, dans un texte où il reprend ses souvenirs tels qu’il les exposait déjà dans le Journal des deux mondes (1948), il ajoute en 1961 une rêverie sur New York qu’il imagine demain revenir à l’être humain et à « l’horizontale ».