Fédéralisme culturel (1965)Lire

Avant les œuvres qui se vendent, ce qui importe, c’est de communiquer aux hommes d’une cité, d’une région, d’une vallée, d’un canton, un certain sens de la vie.

Notice

Ce texte est issu d’une Conférence donnée le 23 novembre 1963 à l’occasion de la célébration du vingt-cinquième anniversaire de l’Institut neuchâtelois, dont Denis de Rougemont est par ailleurs membre. Ce dernier rappelle que juste après la création de cet institut, c’est son président d’alors, Claude Du Pasquier qui lui avait commandé le texte du spectacle neuchâtelois de l’Exposition nationale de 1939, qui deviendra l’oratorio Nicolas de Flue.

Dans cette conférence, Denis de Rougemont insiste sur le rôle essentiel de ce qu’il appelle les foyers locaux de création dans le développement de la vie culturelle en Europe. Il donne l’exemple, dans le passé, de villes (Paris, Milan, Vienne…), de petits États (Venise, Genève, Weimar…), de régions (Provence, Flandre…) ou d’universités (Bologne, Padoue, Oxford…) qui ont rayonné et diffusé à travers le continent. Ces foyers de création, organisés en réseau, ont été selon l’auteur les garants de la diversité européenne : c’est de cette double caractéristique que Denis de Rougemont déduit le caractère fédéraliste de la culture européenne. Dans l’Europe dont il est le contemporain, Rougemont identifie deux dangers  symétriques : celui d’une uniformisation de la culture européenne (rôle niveleur des États-nations) ; celui d’un repli excessif sur le local et « l’enracinement » (l’homme n’est pas un légume, dit-il) dans lequel la culture perdrait tout dynamisme et dépérirait en folklore passéiste.