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AUGUSTE PYRAME DE CANDOLLE | BOTANISTE ET ZOOLOGISTE GENEVOIS, 1778 – 1841
Resté dans l’histoire de la botanique comme l’un des pionniers des méthodes naturelles de classification, il est l’un des précurseurs de la géographie végétale. Il commence par étudier le droit à l’Académie de Genève, puis part étudier la médecine à Paris. Avant même de passer sa thèse sur les propriétés médicinales des plantes, il se voit confier par Jean-Baptiste Lamarck la révision de sa Flore française. Chargé d’une description systématique des ressources végétales de l’Empire napoléonien, le scientifique en tire la matière d’une théorie sur la classification des plantes. Il devient professeur et directeur du jardin botanique de Montpellier, puis rentre à Genève en 1816 pour occuper une chaire d’histoire naturelle (botanique et zoologie) à l’Académie. A l’origine du Jardin botanique des Bastions, Auguste Pyrame de Candolle consacre le reste de sa vie à décrire de façon systématique le règne végétal, oeuvre monumentale qui détaille quelque 59’000 espèces de plantes, dont 6’350 espèces nouvelles. Remarquable morphologiste et physiologiste végétal, il fournit les bases de la phytogéographie dans son Essai élémentaire de géographie botanique. Il s’occupe en outre de chimie végétale, d’agronomie et de pharmacologie, tout en se montrant sensible aux questions sociales.
CARL VOGT | NATURALISTE, MÉDECIN ET POLITICIEN GENEVOIS D’ORIGINE ALLEMANDE, 1817 – 1895
Carl Vogt étudie d’abord la chimie en Allemagne, puis la médecine à l’Université de Berne. Il s’oriente ensuite vers la zoologie et la biologie du développement. En 1852, il préside la chaire de géologie à l’Académie de Genève, puis celle de zoologie vingt ans plus tard. Carl Vogt publie un nombre d’oeuvres notoires sur la géologie, la physiologie et la zoologie. Athée militant, connu pour ses opinions matérialistes et son soutien à la théorie de l’évolution de Charles Darwin, il détonne parmi l’élite genevoise pétrie de culture protestante. Devenu citoyen genevois, Carl Vogt joue un rôle important dans les affaires publiques de cette ville en qualité de conseiller aux États et conseiller national, et son influence devient remarquable dans les domaines politique, scientifique et universitaire. En parallèle à ses enseignements en géologie, paléontologie, zoologie et anatomie comparée, il obtient la construction de nouveaux bâtiments pour l’Académie dont il est le recteur de 1873 à 1876, et fait campagne pour l’adoption d’une nouvelle loi sur l’instruction publique. C’est avec lui que l’Académie se transforme en véritable Université.
MICHELINE STEFANOWSKA | PHYSIOLOGISTE POLONAISE, 1855 – 1942
Les études supérieures étant inaccessibles aux jeunes femmes dans la Pologne russe, elle choisit de se former à l’étranger. D’abord étudiante à la Faculté des sciences de l’UNIGE, elle poursuit ses études à l’Université de Paris, avant de revenir à Genève pour y passer son doctorat, en 1889. Elle est ainsi la première femme docteur ès sciences naturelles de cette Université. Elle occupe ensuite un poste au laboratoire de physiologie de l’Institut Solvay à Bruxelles, puis un autre de privat-docent à la Faculté des sciences de l’UNIGE, où elle donne des cours de physiologie générale. De retour en Pologne, Micheline Stefanowska enseigne la physiologie du système nerveux aux Cours supérieurs de sciences à Varsovie, puis dirige un gymnase de jeunes filles à Lodz, avant de poursuivre sa carrière académique à l’Université de Poznan, où elle est nommée professeure en 1923. Elle est élue à l’Académie polonaise des arts et des sciences, seule femme membre à cette époque avec Marie Curie.
EUGÈNE PITTARD | ANTHROPOLOGUE GENEVOIS, 1867 – 1962
En 1899, il obtient le titre de docteur ès sciences de l’UNIGE en présentant la première thèse d’anthropologie de son Alma mater. Fondateur du Musée d’ethnographie de Genève en1901 et de la chaire d’anthropologie et préhistoire à l’UNIGE en 1916, Eugène Pittard réalise d’importantes études anthropologiques, tant sur les crânes anciens du Valais que sur les populations vivantes des Balkans. Ses nombreuses publications, originales et audacieuses, dont Les Peuples des Balkans, Les Races et l’histoire – dans lequel il est l’un des premiers à invalider scientifiquement la notion des races humaines -, et Histoire des premiers hommes, connaissent un succès international retentissant dans les milieux scientifiques et lui valent de multiples distinctions, tant en Suisse qu’à l’étranger. Directeur du Musée d’ethnographie, professeur, doyen, puis recteur de l’UNIGE, il développe une véritable amitié pour les Tsiganes, auxquels il consacre de nombreux écrits fondés sur ses observations lors de séjours en Roumanie. En 1924, délégué par la Société des Nations, il va ravitailler en blé le peuple albanais en fonde à ce moment la Croix-Rouge albanaise. Tout au long de sa vie, Eugène Pittard s’enrichit de la différence et se nourrit des interactions entre les groupes humains..
EMILE GUYÉNOT | ZOOLOGISTE ET BIOLOGISTE FRANÇAIS, 1885 – 1963
Naturaliste précoce et autodidacte, il publie sa première note à 18 ans, sous l’égide d’un professeur, à Besançon, puis termine ses études de médecine à Paris. Docteur en médecine, il complète sa thèse en sciences sur la vie et le développement de la drosophile, interrompue par 4 ans de guerre. Emile Guyénot accepte la chaire de zoologie générale à l’UNIGE en 1918. Nommé à la Station de Zoologie expérimentale, il parvient à en faire un centre de biologie expérimentale. Il révolutionne l’enseignement de la zoologie à Genève en l’adaptant à la fois aux futurs médecins et biologistes. Huit directions de recherches principales sont abordées, permettant aux étudiants d’acquérir une formation polyvalente, théorique et pratique. Ces domaines concernent la génétique de vertébrés et d’insectes, la parasitologie, la sexualité des batraciens, l’endocrinologie et la régénération. Titulaire de trois prix académiques français, dont le Prix Longchamp de l’Académie des sciences de Paris, il reçoit également le Prix de Genève et le Prix Marcel Benoist, en 1950.
KITTY PONSE | ENDOCRINOLOGUE HOLLANDAISE ET GENEVOISE, 1897 – 1982
Kitty Ponse obtient sa thèse, qui porte sur les mécanismes du développement embryonnaire et post-embryonnaire, à l’UNIGE en 1922. Elle s’oriente rapidement vers les mécanismes de la détermination et la différentiation sexuelles chez les amphibiens, et obtient, pour la première fois, une inversion sexuelle expérimentale d’un vertébré. Dotée d’un charisme d’enseignante exceptionnel, elle participe durant de nombreuses années, en qualité de cheffe de travaux, à l’enseignement pratique donné à la Station de Zoologie expérimentale, avant d’être nommée professeure ordinaire à la chaire d’endocrinologie expérimentale, en 1961. En raison de ses multiples travaux dans la plupart des domaines de cette discipline, Kitty Ponse obtient de nombreuses distinctions, dont le Prix Montyon de l’Académie des sciences de Paris, le Prix Allen Richard et le Prix de l’Académie Royale de Belgique. Elle devient la première lauréate du Prix Otto Naegeli pour l’ensemble de son œuvre scientifique dans ce domaine, en 1961.
MARGUERITE LOBSIGER-DELLENBACH | ANTHROPOLOGUE GENEVOISE, 1905 – 1993
Elle représente, à Genève, un cas pionnier d’ascension sociale féminine réussie grâce à la science. Jeune modiste de 17 ans, elle entre au Musée d’ethnographie de Genève pour être la secrétaire d’Eugène Pittard, alors directeur du Musée. Ses qualités intellectuelles et son intérêt pour tout ce qui touche à l’humain poussent ce dernier à l’encourager à entreprendre des études d’anthropologie. Or, il ne lui est pas possible de les effectuer à l’UNIGE, puisqu’elle n’a pas de diplôme de maturité. Elle s’inscrit à l’Université de Grenoble, où elle présente, en 1935, une thèse de doctorat en archéologie préhistorique sur les populations préhistoriques des Alpes. Elle retourne à l’UNIGE et y enseigne en qualité de privat-docent entre 1941 et 1965. Chercheuse insatiable et déterminée, elle entreprend des enquêtes ethnologiques à travers le monde. Elle est la première femme à prendre la direction du Musée d’ethnographie, de 1952 à 1967.
DANIEL BOVET | PHARMACOLOGUE ET PHYSIOLOGISTE SUISSE ET ITALIEN, 1907 – 1992
Daniel Bovet obtient son doctorat ès sciences naturelles en zoologie et anatomie comparée à l’UNIGE en 1929, sous la supervision d’Emile Guyénot. C’est ensuite à l’Institut Pasteur, à Paris, qu’il s’oriente vers la thérapie de pathologies humaines. Il devient connu pour sa découverte des propriétés antibactériennes des sulfamidés, en 1935. Daniel Bovet ouvre également une autre voie, celle du traitement des allergies, en mettant au jour le premier antihistaminique, deux ans plus tard. Une collaboration scientifique fructueuse s’établit avec Filomena Nitti, elle aussi pharmacologue à l’Institut Pasteur, qu’il épouse en 1939. Il dirige le laboratoire de Chimie thérapeutique de l’Institut Pasteur jusqu’en 1947, puis crée et dirige un laboratoire similaire à l’Institut Supérieur de la Santé, à Rome. Il trouve des alternatives peu coûteuses et fiables au curare, telles que la gallamine et la succinylcholine, qui sont largement utilisées en clinique humaine. Il est nommé professeur de pharmacologie à l’Université de Sassari en 1964, puis dirige le Laboratoire de psychobiologie et de psychopharmacologie du Conseil national de la recherche à Rome de 1969 à 1971, avant de devenir professeur de psychobiologie à l’Université de Rome. Il reçoit de nombreux prix et distinctions pour ses travaux, dont le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1957.
ALFRED TISSIÈRES | BIOLOGISTE, BIOCHIMISTE ET GÉNÉTICIEN VALAISAN, 1917 – 2003
Après avoir étudié la médecine à Lausanne et Bâle, il obtient un doctorat en 1951 à Cambridge, suite à ses travaux sur les cytochromes bactériens. Il s’intéresse également à d’autres particules bactériennes – connues sous le nom de ribosomes aujourd’hui – et étudie leur structure et leur fonction avec Jim Watson à Harvard, dès 1957. Il travaille par la suite dans le laboratoire de Jacques Monod à l’Institut Pasteur à Paris où il met au point des conditions optimales pour la synthèse de protéines in vitro, un système qui sera capital pour l’élucidation du code génétique. En 1964, il est nommé professeur à Genève où il fonde, avec Eduard Kellenberger, l’Institut de biologie moléculaire. Il y attire de nombreux jeunes chercheurs internationaux talentueux pour poursuivre des travaux sur la structure et la fonction des ribosomes, la synthèse des ARNs messagers et la synthèse de protéines. C’est notamment grâce à ses contributions que Genève devient un centre important de recherche en biologie moléculaire. En 1972, il découvre les protéines « heat shock » chez la Drosophile, au Caltech. Alfred Tissières reçoit de nombreuses distinctions scientifiques, dont le prix Marcel Benoist en 1966, partagé avec Edouard Kellenberger. Le prix Alfred Tissières Young Investigator Award a été créé par la Cell Stress Society International en l’honneur de son soutien et de son encouragement aux jeunes scientifiques.
EDUARD KELLENBERGER | BIOPHYSICIEN BERNOIS, 1920 – 2004
Physicien de l’EPFZ, il vient à l’UNIGE en 1945 pour travailler au développement d’un microscope électronique industriel de fabrication suisse. Afin de démontrer son utilité dans la recherche biomédicale, il parvient, avec Antoinette Ryter, à mettre au point une méthode, devenue une référence, pour préparer et permettre de visualiser des microorganismes. Pendant les années 1950, Eduard Kellenberger, alors directeur du nouveau Laboratoire de biophysique, forme un réseau de chercheurs travaillant sur la génétique des bactériophages. Ce réseau inclut Werner Arber, dont les travaux lui ont valu un Prix Nobel. Les premières photos du phage lambda prises au microscope électronique ont également contribué à la notoriété du laboratoire. Pour Eduard Kellenberger, les approches génétiques, biochimiques et structurelles constituent une combinaison indispensable pour la recherche en biologie moléculaire. C’est grâce à ses efforts et ceux d’Alfred Tissières que Genève se dote, en 1964, du premier Institut de biologie moléculaire de Suisse. Il reçoit le prix Marcel Benoist en 1966, qu’il partage avec ce dernier. Il relève ensuite un nouveau défi qui aboutit à la création, avec d’autres chercheurs, du Biozentrum, une institution de recherche interdisciplinaire à l’Université de Bâle.
EDMOND FISCHER | BIOCHIMISTE VAUDOIS ET AMÉRICAIN, NÉ EN 1920
Il étudie à l’UNIGE pendant la Seconde Guerre Mondiale et obtient deux Licences, en biologie et en chimie, avant d’effectuer un doctorat en chimie organique. A l’âge de trente ans, il présente dans son Alma mater le premier cours en enzymologie. Edmond Fischer poursuit ses travaux à Seattle, dans les années 1950. En collaboration étroite avec Edwin Krebs, il s’intéresse au fonctionnement d’une enzyme impliquée dans le métabolisme du glucose, la glycogène phosphorylase. C’est en étudiant comment des hormones activent et désactivent cette enzyme que les deux biochimistes découvrent un mécanisme-clé: la phosphorylation réversible des protéines. Couramment employé dans les cellules pour réguler différents processus et présent chez tous les organismes vivants, ce mécanisme sert d’interrupteur moléculaire pour activer ou désactiver un nombre élevé d’enzymes. Edmond Fischer reçoit de nombreux prix et distinctions pour ses travaux, dont le Prix Nobel de physiologie ou médecine qu’il partage avec Edwin Krebs en 1992. Il est élu à l’Académie américaine des arts et des sciences et devient Membre de l’Académies nationale des sciences des Etats-Unis. Il reçoit le Prix Werner de la Société chimique suisse, ainsi que le Prix Jaubert de l’UNIGE. Il est également élu Membre de la Société royale britannique.
MATHILDE KRIM | GÉNÉTICIENNE ET PHILANTHROPE AMÉRICAINE, 1926 – 2018
Titulaire d’un doctorat en biologie obtenu en 1953 à l’UNIGE, elle oriente ses recherches vers la cytogénétique et les virus oncogènes à l’Institut Weizmann en Israël. Elle y contribue à développer la première méthode de détermination prénatale du sexe. Mathilde Krim s’installe à New York à la fin des années 50 et poursuit ses travaux en oncologie à l’Université de Cornell. Elle milite activement avec son époux Arthur Krim, un magnat de l’industrie du film et philanthrope, dans de nombreux mouvements liés aux libertés civiques et aux droits humains. Dès 1962, elle poursuit sa carrière à l’Institut Sloan-Kettering pour la recherche sur le cancer, où elle dirige le Laboratoire de l’Interféron de 1981 à 1985. Elle est ensuite nommée professeure à l’Institut de Santé publique de l’Université de Columbia. Mathilde Krim fonde avec Elizabeth Taylor l’American Foundation for AIDS Research (AmFAR) en 1985, afin de recueillir des fonds pour la recherche sur le sida. Elle est titulaire de 16 doctorats honoris causa et reçoit de nombreux autres honneurs et distinctions. En 2000, elle reçoit la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile aux États-Unis, pour son engagement dans la recherche sur le sida, puis le Prix Jefferson, qui récompense le plus grand service publique effectué au profit des défavorisés.
WERNER ARBER | MICROBIOLOGISTE ET GÉNÉTICIEN ARGOVIEN, NÉ EN 1929
Il étudie la chimie et la physique à l’EPFZ, puis devient assistant dans le laboratoire d’Eduard Kellenberger, qui gère le microscope électronique de l’UNIGE. Il s’intéresse à la physiologie et la génétique des virus bactériophages, un domaine alors peu connu. Son doctorat, obtenu en 1958, porte sur l’étude des prophages lambda mutants défectueux. Werner Arber poursuit sa recherche sur la génétique des phages en Californie. Il consolide son expérience par des échanges fructueux avec les experts du domaine aux universités de Berkeley, de Stanford et du MIT, avant de retourner à Genève, à l’Institut de physique. Promu professeur extraordinaire, il y enseigne la génétique moléculaire dès 1965. Après une année passée à l’Université de Berkeley, Werner Arber continue ses travaux au Biozentrum, à Bâle, en 1971. Un des aspects de sa recherche porte sur l’action d’enzymes protecteurs présents dans des bactéries infectées par des virus et qui découpent l’ADN viral en morceaux, à des endroits spécifiques: les enzymes de restriction. Il obtient, en 1978, le Prix Nobel de physiologie ou médecine, avec Hamilton Smith et Daniel Nathans, pour la découverte et les applications de ces enzymes, ce qui a permis le développement de la technologie de l’ADN recombinant, une révolution dans le domaine de la génétique. Devenu membre de l’Académie Pontificale des Sciences en 1981, Werner Arber en est nommé président par le Pape Benoît XVI en 2011.
BRUCE ALBERTS | BIOCHIMISTE ET BIOLOGISTE MOLÉCULAIRE AMÉRICAIN, NÉ EN 1938
Titulaire d’une licence en biochimie, il entreprend à Harvard un doctorat en biophysique sur la réplication de l’ADN, un domaine pratiquement vierge, et qu’il achève en 1966. Il travaille ensuite à l’UNIGE avec Richard Epstein et purifie une protéine-clé pour la réplication et la recombinaison de l’ADN du phage T4. Les années passées par la suite aux universités de Princeton et de Californie contribuent également à la carrière productive du chercheur, en biochimie et en biologie moléculaire. Bruce Alberts est aussi connu comme l’un des auteurs du célèbre Molecular Biology of the Cell, le plus vendu des manuels didactiques universitaires du domaine. Très impliqué dans l’amélioration de l’enseignement des sciences, il profite de son poste de président de l’Académies nationale des sciences des Etats-Unis pour développer des standards d’enseignement qui ont été implémentés dans les systèmes scolaires au niveau national. Editeur en chef de la revue Science de 2009 à 2013, il est également envoyé au Pakistan et en Indonésie comme ambassadeur scientifique des Etats-Unis. Il reçoit en 2014 la Médaille Nationale de la Science des mains du Président Barack Obama. Bruce Alberts a obtenu de nombreux prix et distinctions, dont 16 doctorats honorifiques. Il est membre du conseil scientifique consultatif de plus de 25 organisations à but non lucratif.
ULRICH LAEMMLI | BIOCHIMISTE ET BIOLOGISTE MOLÉCULAIRE SCHAFFHOUSOIS, NÉ EN 1940
Après des études effectuées à l’EPFZ, il obtient son doctorat dans le laboratoire d’Eduard Kellenberger à l’UNIGE, en 1969. Ses recherches sur la structure des chromosomes le mènent à Cambridge, puis au CalTech, et à Princeton, où il est promu professeur ordinaire en 1975. Il revient à l’UNIGE en 1980, aux départements de biochimie et de biologie moléculaire. Ulrich Laemmli a fait une contribution essentielle à une méthode de séparation de protéines par électrophorèse. La publication décrivant cette méthode, utilisée dans la plupart des labos de recherche, fait partie des articles les plus cités de tous les temps. Le scientifique est responsable de nombreuses découvertes dans l’organisation structurelle des noyaux et de la chromatine cellulaires. En combinant des analyses effectuées en microscopie électronique avec des analyses biochimiques, il montre que l’ADN se présente sous forme de filaments en boucles – les ”Laemmli loops”- fixés à une armature de protéines. Il met aussi en lumière les équilibres dynamiques dont cet échafaudage est le siège, qui permet une organisation en domaines fonctionnels distincts. Ces découvertes ont profondément changé notre vision de la structure des chromosomes. Ulrich Laemmli a été récompensé du Prix Marcel Benoist en 1988 et du Prix Louis-Jeantet de Médecine en 1996.
JACQUES DUBOCHET | BIOPHYSICIEN VAUDOIS, NÉ EN 1942
Après avoir terminé ses études de physique à l’EPFL, il obtient un Certificat de biologie moléculaire à l’Institut de biologie moléculaire à Genève en 1969, et commence à étudier la microscopie électronique de l’ADN. Il termine sa thèse en biophysique à l’UNIGE et à l’Université de Bâle en 1973, sous la supervision d’Eduard Kellenberger. Jacques Dubochet a travaillé au Laboratoire européen de biologie moléculaire à Heidelberg, avant d’être nommé professeur à l’Université de Lausanne, en 1987. Au cours de sa carrière, il développe des technologies utilisées pour observer des structures biologiques individuelles, telles que des particules virales. À cette fin, il découvre comment refroidir l’eau des échantillons assez rapidement pour éviter la formation de cristaux (vitrification de l’eau). Lorsqu’il soumet sa découverte à une première revue, l’article est toutefois rejeté, car les éditeurs ne croyaient pas que l’eau puisse être manipulée de cette façon. En 2017, il remporte le prix Nobel de chimie avec Joachim Frank et Richard Henderson pour le développement de la microscopie cryo-électronique, qui permet de visualiser des protéines et d’autres molécules biologiques au niveau atomique, dans leur configuration naturelle. Jacques Dubochet est également connu pour son sens de l’humour remarquable, comme en atteste son curriculum vitae.
UELI SCHIBLER | BIOLOGISTE MOLÉCULAIRE SOLEUROIS, NÉ EN 1947
A la fin son doctorat en biologie effectué à l’Université de Berne, il part trois ans au Fox Chase Cancer Center en Pennsylvanie pour étudier les processus de maturation de l’ARN messager. Il revient en Suisse en 1978, comme chef de groupe à l’ISREC, à Lausanne. Les travaux entrepris sur l’expression de certains gènes en fonction du tissu ciblé ont mené à une découverte-clé: l’emploi de promoteurs et d’épissage alternatifs. Depuis 1984, Ueli Schibler est professeur au sein du Département de biologie moléculaire de l’UNIGE. Son groupe parvient à développer un système biochimique in vitro permettant d’identifier certains facteurs de transcription. Les chercheurs découvrent que l’expression de l’un d’entre eux, le DBP, est régulée en fonction des différentes heures de la journée et dépend d’un rythme biologique. L’existence d’une horloge centrale dans le cerveau, régulée par l’alternance du jour et de la nuit, et gouvernant les rythmes circadiens était déjà connue. Or, son équipe découvre que les horloges circadiennes existent dans presque toutes les cellules de notre corps, et met au jour les mécanismes qui les régulent. Ueli Schibler a été récompensé de nombreuses distinctions, dont le Prix Louis-Jeantet, le Prix Otto Naegeli, le Prix Friedrich Miescher, le Prix Cloëtta et le Prix Aschoff-Honma.
ELISA IZAURRALDE | BIOCHIMISTE ET BIOLOGISTE MOLÉCULAIRE URUGUAYENNE, 1959 – 2018
Elle quitte l’Uruguay à l’âge de 17 ans pour faire une formation en biochimie à l’UNIGE. Elle obtient un doctorat en biologie moléculaire en 1989 pour ses recherches sur l’organisation structurelle de l’ADN, sous la direction d’Ulrich Laemmli. Au cours de son postdoctorat à l’EMBL à Heidelberg, Elisa Izaurralde a apporté une contribution déterminante pour élucider comment l’ARNm est exporté du noyau cellulaire au cytoplasme. Elle retourne au Département de biologie moléculaire de l’UNIGE en 1996 en tant que maître d’enseignement et de recherche, et se concentre sur les facteurs clés de l’exportation de l’ARNm. Elle revient ensuite à l’EMBL en 1999, où elle poursuit cette voie de recherche avec Elena Conti. Alors qu’Elisa Izaurralde se concentre sur les aspects fonctionnels du transport de l’ARN, Elena Conti étudie le même sujet au moyen d’analyse structurelle par diffraction des rayons X. Les deux chercheuses ont reçu le prix Gottfried Wilhelm Leibniz pour ce travail commun en 2008. Nommée directrice du Département de biochimie à l’Institut Max Planck de biologie du développement à Tübingen en 2005, elle oriente ses recherches vers les mécanismes moléculaires qui permettent aux micro ARNs et à certaines protéines liant l’ARN de ‘museler’ sélectivement des molécules d’ARNm. Elisa Izaurralde a également reçu le Prix Ernst Jung pour la médecine et le Prix Friedrich Miescher.
Hommage de notre Département de biologie moléculaire.