Colloque 2008

Biocarburants: joker énergétique?

Problématique

Les changements climatiques et la déplétion des ressources pétrolières agissent comme un formidable levier sur le développement des biocarburants. Selon ses promoteurs, cette ressource permettra à la fois de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de garantir un approvisionnement sûr et durable en carburant.

Les grands acteurs politiques ont annoncé des objectifs ambitieux pour l’insertion des biocarburants dans leurs bouquets énergétiques. Les États-Unis, plus grand producteur mondial d’éthanol, veulent d’ici 2010 remplacer 20% de toute l’essence utilisée par les biocarburants. En Europe, la Commission Européenne s’est engagée à atteindre pour ces nouveaux venus une part de 10% de la consommation de carburant de chaque État membre pour 2020, tout en insistant sur le fait que « les biocarburants utilisés devront contribuer à réduire les émissions polluantes, respecter la biodiversité, être compatibles avec les besoins alimentaires et avoir un prix raisonnable » . En Suisse, le volontarisme est bien moindre.

Pour accomplir leurs objectifs, les pays développés devront très certainement importer des biocarburants. Pour les pays du sud mieux dotés pour produire ce type de combustibles, ceci représente une importante opportunité de croissance et la possibilité de se profiler dans le marché international. Ainsi, le Brésil qui s’est relancé massivement dans la production pour son marché interne, a de grandes ambitions d’augmenter sa production visant les exportations, alors que certains pays africains se posent la question d’un développement important des cultures énergétiques d’exportation.

Dans le débat mondial autour des biocarburants, il s’agit de savoir s’il est possible de concilier les objectifs des pays développés, soit la réduction des émissions polluantes et la sécurité énergétique, avec les objectifs des pays producteurs, à savoir la croissance économique et la réduction de la pauvreté. En outre, son commerce international soulève toute une série de problèmes liés aux conflits possibles avec les besoins alimentaires, aux émissions générées par leur transport, au respect de l’environnement et des travailleurs dans les pays producteurs, et à l’imposition de barrières commerciales et de subventions agricoles génératrices de déséquilibres.

Le problème abordé lors de ce colloque est éminemment complexe. La participation de conférenciers locaux et internationaux très impliqués dans le domaine permettra d’approfondir les questions soulevées ci-dessus. Le public pourra apporter sa contribution lors du débat public qui clôturera la Journée.