Les investigations dans la baie de Kiladha, une collaboration gréco-suisse
La grotte de Franchthi, sur la rive nord de la baie de Kiladha (Golfe de Nauplie, Grèce), connaît une occupation de près de 35'000 ans, du Paléolithique au Néolithique. Cette séquence étonnamment longue en fait une exception à l’échelle européenne. Elle constitue ainsi une cible de choix pour l’étude des paysages préhistoriques submergés, puisqu’il y a forcément eu interaction entre ses occupants et la mer, au fil des millénaires.
Initiées en 2012, les investigations sous-marines dans la baie de Kiladha sont menées par des archéologues de l’Université de Genève et du Laténium (Neuchâtel), sous l’égide de l'Ecole suisse d'archéologie en Grèce (ESAG), ainsi qu’en collaboration avec le Service grec des Antiquités sous- marines (EEA) et le Centre hellénique de recherche maritime (HCMR). Grâce à l’étude, depuis plus de 150 ans, des sites palafittiques dans la région des lacs helvètes, la Suisse a acquis un savoir-faire inégalé en matière de fouilles subaquatiques préhistoriques.
La région au large de la grotte de Franchthi, dans la baie de Kiladha, représente une infime portion d’un territoire à peu près inconnu à ce jour, qui est constitué de milliers de kilomètres de côtes – en Méditerranée et ailleurs – potentiellement concernées par l’étude des paysages préhistoriques. La région a le mérite d’être relativement vierge: le développement économique des côtes actuelles (industrie, habitation, tourisme), les changements climatiques et leur impact (érosion), les conflits ou le pillage archéologique, si fréquents en Méditerranée orientale et aux effets dévastateurs sur les vestiges, n’y ont pas cours.
Moyens d’exploration
L’étude des paysages préhistoriques submergés se fait par des mesures géophysiques et des fouilles subaquatiques. Les premières permettent de se faire une idée générale de la topographie des zones côtières anciennes et d’y repérer d’éventuelles traces d’activité humaine ; les secondes permettent de faire l’investigation des sites concernés. Les mesures géophysiques se feront en surface depuis le MS Tûranor PlanetSolar et le Alkyon, un bateau de recherche grec équipé d’instruments spécifiques. Elles impliquent des techniques sismiques, acoustiques ou par carottage et seront effectuées à l’aide d’un équipement de pointe (échosondeur à multifaisceaux, sonar à balayage latéral, GPS, etc). Les fouilles subaquatiques seront réalisées manuellement par des plongeurs, grâce à un aspirateur hydraulique alimenté en surface par une motopompe. Les sédiments dégagés et l’eau turbide seront rejetés sur le pont d’un bateau (ou sur le bord de la plage lorsque l’emplacement des sondages le permet) pour y être tamisés, ce qui permettra de récolter les plus petits vestiges qui échappent aux fouilleurs.
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