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Etudier la théologie à distance? L'excellente résolution!

«Je n’ai jamais eu la possibilité d’étudier la théologie. Pour toutes sortes de raison, ça m’était impossible. Et aujourd’hui, je le regrette. Mais vois-tu, j’ai toujours gardé en tête l’idée de prendre une fois le temps de m’y mettre sérieusement». L’ami qui me disait cela avait beau faire trembler dans sa voix une gamme d’intensité sincère, j’avais de la peine à y entendre autre chose qu’un vœux pie. Je suis moi-même régulièrement tenu par l’envie d’apprendre longuement et patiemment le chinois. J’ai même acheté à cet effet des cahiers et des grammaires, et un beau pinceau pour la calligraphie. Et ma mauvaise conscience cligne dans les reflets bleutés de l’encrier qui, au fond du tiroir, semble n’attendre de moi qu’une volonté ferme mais bonne. Et qui me dit: «Je vais sécher. Toi aussi. Dépêche-toi…»

Et pourtant nada. Depuis trois mois, j’ai à peine feuilleté quelques livres d’estampes. Pourquoi cette puissante résolution me manque-t-elle? Chaque fois que j’ouvre mon bureau et que je tombe sur mon encrier, je regarde le mur d’en face avec une envie luthérienne et féroce d’y projeter les contours de mon propre désoeuvrement. J’en étais encore à tournoyer cette phrase dans ma tête, que mon ami parlait déjà d’autre chose. «Quand on y pense, l’université a toujours eu la volonté de se démarquer de la société et de garder une voix bien à elle, bien qu’elle n’ait jamais fait que refléter la société qui l’a produite. Avant, l’université formait une sorte d’élite cléricale qui nourrissait les besoins d’une classe. Les mandarins régnaient jusque sur la langue. Aujourd’hui, le pouvoir exerce sa violence de manière souple et moins visible. Il plonge les institutions dans des crises récurrentes».

Ces mots qu’il me répétait si souvent ondulaient étrangement dans ma tête, et je voyais à mon tour la Chine immortelle s’abîmer dans une flaque d’encre.

«La théologie devrait avoir quelque chose à dire à ce sujet. Mais ce désarroi n’a pas que des effets pervers. On n’est pas obligé de suivre les modèles du passé. Pour l’étude, c’est important: l’université se rouvre à nous qui avons déjà un travail, des obligations, et qui avons pourtant à nouveau envie d’étudier. A Genève par exemple, il existe une formation en théologie à distance. J’ai décidé de m’y inscrire à l’automne».

Coup de tonnerre dans ma tasse de café. J’écoutais avec inquiétude mon ami m’abandonner sur le rivage de tous ceux qui veulent, mais ne font pas.

«Je pourrais étudier chez moi le soir, sans quitter mon travail. Il me suffit d’un ordinateur, d’Internet, et l’université s’ouvrira à moi. Tu sais, je trouve bien qu’à Genève la théologie ne soit pas embaumée dans les murs d’un musée ou dans le cuir poussiéreux de quelques livres clos. Et puis, ça me donnera l’occasion de voir sur quoi tu travailles».

En reposant ma tasse, je lui dis que ce serait alors peut-être sur quelques glyphes d’une écriture orientale, travaillée au pinceau.

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Un texte de Christian Indermuhle (ancien doctorant/assistant en théologie systématique)