Le dāgeš et le mappîq
À part les gutturales (א ,ה ,ח ,ע), et le rêš (ר), les consonnes hébraïques prennent parfois un "point" à l'intérieur, que l'on appelle le dāgeš.
On distingue deux types de dāgeš, le dāgeš doux et le dāgeš dur.
La fonction du dāgeš doux est essentiellement liée à la prononciation alors que le dāgeš dur indique le redoublement de la consonne dans laquelle il se trouve.
Dāgeš doux
Le dāgeš doux n'apparaît qu'à l'intérieur des 6 consonnes suivantes : ב ,ג ,ד ,כ ,פ ,ת (pour des raisons mnémotechniques, on parle des "begadkefat").
À l'origine, les dāgeš doux permettaient de distinguer la prononciation spirante de la prononciation explosive des six "begadkefat".
Cette distinction entre prononciation spirante et explosive s'est maintenue dans les 3 cas suivants :
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le bet avec dāgeš (בּ) se prononce de manière explosive "b" alors que sans dāgeš (ב) il se prononce "v" ;
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le kāph avec dāgeš (כּ) se prononce de manière explosive "k" alors que sans dāgeš (כ) il se prononce comme le "ch" du "nach" allemand ;
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le peʿ avec dāgeš (פּ) se prononce de manière explosive "p" alors que sans dāgeš (פ) il se prononce "f".
Pour le gimæl, le dālæt et le tāw (ג ,ד ,ת), bien que le dāgeš doux se soit maintenu à l'écrit, cette particularité liée à l'oralité s'est perdue. Le dāgeš doux ne change donc pas la prononciation de ces trois lettres dans la façon de lire "sépharade" (Juifs d'origine espagnole et Israël moderne) que nous adoptons.
Il est probable qu'à l'origine, la prononciation spirante du gimæl ressemblait au "groot" néerlandais, et que celle du dālæt et tāw ressemblait à celle du th de l'anglais. Notons que la prononciation ashkénaze (Juifs d'Europe de l'est) fait encore la différence entre le tāw spirant et explosif.
RègleDans les "begadkefat", un dāgeš doux apparaît, lorsque la consonne précédente n'a pas de voyelle (šewaʾ muet) ou qu'il y a une césure, même faible avec la syllabe précédente.
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Dāgeš dur
Le second type de dāgeš est le dāgeš dur (on parle aussi parfois de dāgeš fort, ou de dāgeš lourd). Le dāgeš dur peut être présent dans toutes les consonnes hébraïques à l'exception des gutturales (א ,ה ,ח ,ע), et du rêš (ר).
Le dāgeš dur exprime le redoublement de la consonne. En hébreu, on trouve passablement de consonnes redoublées (c'est une caractéristique des langues sémitiques) que cette langue indique par un dāgeš dur, au lieu d'écrire deux fois de suite la même lettre.
En hébreu, toutes sortes de raisons orthographiques ou grammaticales expliquent que certaines lettres sont redoublées (donc qu'elles présentent un dāgeš dur).
RègleUn dāgeš dur ne peut survenir que dans une lettre précédée d'une voyelle brève. Ainsi, un dāgeš dur ne peut pas survenir en début de mot. |