Les conjugaisons
Généralités
Le système de conjugaison de l'hébreu diffère considérablement de celui des langues européennes.
Les conjugaisons sont peu nombreuses et ne fonctionnent pas selon un système strictement temporel du type passé-présent-futur, mais comportent des caractéristiques aspectuelles. L'action peut être définie par son caractère accompli ou inaccompli, elle peut en outre être ponctuelle, durative ou répétitive.
🔎 Remarque
On notera que le système temporel de la langue française a également des éléments aspectuels. Ainsi dans la phrase "Lise marchait, lorsqu'elle rencontra Luc", le premier verbe à l'imparfait exprime une action qui dure, alors que le second au passé simple exprime une action ponctuelle. Au plan temporel, ces deux actions sont pourtant situées dans le passé.
En dépit de ces caractéristiques aspectuelles, le système verbal hébraïque n'en demeure pas moins assez performant pour définir la temporalité. La place du verbe dans la phrase et différentes règles de concordance des temps permettent une transposition du système verbal hébraïque au système verbal français relativement aisée et fiable. Le contexte d'utilisation du verbe aidera en outre l'hébraïsant.
Le système précis des temps des verbes sera expliqué en détail plus loin.
Pour l'instant, on dira que:
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la conjugaison de type qatal décrit une action accomplie, donc plutôt un passé et;
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la conjugaison de type yiqtol décrit une action inaccomplie, donc plutôt future.
Rappel
Il est essentiel de ne pas confondre le mode et la conjugaison.
La conjugaison |
Permet de définir la personne (je, tu, il) et le temps du verbe (passé-présent-futur ; action accomplie ou inaccomplie, etc.). |
Le mode |
Permet de modifier la signification de la racine verbale (actif, passif, etc.). |
les conjugaisons
Dans le tableau ci-dessous, la racine est exprimée par les 3 םםם qui symbolisent les 3 consonnes radicales.
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La première conjugaison de type qatal (à gauche dans le tableau) ajoute, dans la plupart des cas, un élément affixé après la racine qu'on appelle l'afformante. Pour la 3e f. sg. l'afformante est ה, pour le 2e m. sg. l'afformante est תָּ etc.
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La seconde conjugaison de type yiqtol (au milieu du tableau) ajoute un élément affixé avant la racine, la préformante. En outre, une afformante est parfois ajoutée après la racine verbale (par ex. 3e m. pl.).
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Quant à l'impératif, il est formé à partir de la conjugaison de type yiqtol de la personne correspondante à laquelle est enlevé l'élément préformant.
Ce premier tableau ne comporte que les éléments préformants ou afformants qui permettent de définir la conjugaison et la personne du verbe. Les voyelles attachées aux 3 consonnes de la racine ne sont pas indiquées, car elles dépendent de l’accentuation et surtout du mode.
Alors que nous n'encourageons généralement pas les étudiants à apprendre par cœur les tableaux, celui-ci doit être assimilé assez rapidement.
Terminologie utilisée pour les conjugaisons
Dans ce cours, nous utilisons principalement une terminologie basée sur le paradigme du verbe fort (racine קטל "tuer") à la 3e personne du singulier du mode Qal.
On parle de conjugaison de type qatal et conjugaison de type yiqtol.
Cette terminologie strictement formelle présente l'avantage d'éviter les contresens qui sont la conséquence des terminologies utilisant l'analogie avec les conjugaisons du français ou même celles qui insistent sur la signification aspectuelle. La plupart des grammaires hébraïques classiques n'emploient pas cette terminologie.
Le tableau ci-dessous clarifie les choses.
Terminologies |
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Utilisée ici et Verheij |
Conjugaison type qatal |
Conjugaison type yiqtol |
Lettinga |
Parfait |
Imparfait |
Joüon |
Parfait |
Futur |
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Accompli |
Inaccompli |
Conjugaison à afformante (CA) |
Conjugaison à préformante (CP) |