Rapport de gestion 2022

Rapport de gestion 2020 - Le mot du recteur

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Les crises font souvent office de révélateurs. Celle qui a marqué de manière indélébile l’année 2020 nous a permis de porter un autre regard sur nos sociétés, nos institutions ou même les personnes qui nous entourent. En tant que recteur de notre université, j’en tire plusieurs leçons.

Je retiendrai tout d’abord la difficulté de la période et la souffrance de certaines et certains d’entre nous. Je pense ici particulièrement à celles et ceux qui ont été touché-es par le virus, qui parfois en gardent des séquelles ou qui ont perdu des proches. Je pense à celles et ceux qui ont souffert de la crise économique, conséquence de la crise sanitaire, et notamment aux étudiantes et étudiants qui ont perdu leurs « petits jobs », indispensables pour leur permettre de boucler leur budget. Je pense à celles et ceux qui ont souffert de l’isolement et de la forte réduction des contacts humains. Je souhaite aux plus jeunes de retrouver cette soif de vie, cet appétit d’élargir leurs horizons qui caractérise l’entrée dans l’âge adulte.

Je retiendrai, en réponse à cette souffrance, de formidables élans de solidarité dont on trouvera trace dans les pages de ce rapport. Les besoins matériels des étudiantes et étudiants les plus précaires ont pu en partie être comblés par les apports substantiels de fondations, de l’État, mais aussi de beaucoup d’entre vous qui répondent depuis décembre à notre appel à la générosité. Au-delà de l’aspect financier, les exemples sont nombreux. Cette enseignante qui remplace un collègue dont les enfants sont confiné ; cet étudiant qui s’investit dans la vie de son immeuble ; cette collaboratrice faisant le tour des logements de ses collègues pour s’assurer qu’ils disposaient de l’équipement nécessaire au télétravail. Tous et toutes ne peuvent pas être cité-es ici mais, aussi modestes qu’elles puissent sembler, ces initiatives révèlent ce qui fait notre commune humanité.

Je retiendrai ensuite la force de notre institution. Portée par des gens formidables, notre université a réussi à s’adapter, en un temps record, à des contraintes sanitaires changeantes. Cela a été le cas, par exemple, pour le passage instantané à l’enseignement en ligne et ses corollaires : la nécessité d’équiper des dizaines de salles pour le streaming et l’enregistrement, l’implémentation de nouveaux outils informatiques et le développement des tutoriels pour que toute la communauté puisse s’en saisir, l’émergence de nouvelles modalités pour les examens, adaptées au contexte très particulier de la pandémie, et la prise en compte de situations sans précédent, telles que la mobilisation de nos étudiant-es par l’armée ou par des institutions de santé.

Cela a été le cas, bien évidemment, avec la fermeture des bâtiments en mars ; avec la définition et l’application de plans de protection pour assurer la sécurité de tous et toutes ; avec la réorganisation du prêt pour que les documents des bibliothèques restent accessibles aux membres de la communauté ; avec la prolongation de contrats de doctorant-es et postdoctorant-es qui ont dû suspendre leurs recherches ; avec le maintien en ligne ou sous des formes hybrides des conférences et événements proposés au public genevois. Cela a été le cas avec le passage massif au télétravail : 2020 aurait dû voir s’achever une phase pilote qui concernait une centaine de personnes, elles auront finalement été des milliers, à travers toute l’institution. Ces adaptations ont eu un coût important mais certaines de ces dépenses sont en réalité des investissements, conséquences d’une transition numérique grandement accélérée. Tout n’a pas été parfait, bien sûr, mais un travail immense a pu être accompli pour que nous puissions continuer à répondre à nos missions d’enseignement, de recherche et de liens avec la cité. Que toutes celles et tous ceux qui y ont contribué, à l’interne comme à l’externe, en soient ici vivement remercié-es.

Je retiendrai encore l’importance d’une science ouverte pour nos sociétés. La formidable histoire des vaccins s’est écrite grâce à des scientifiques de nombreux pays, vivant et travaillant souvent en dehors de leur pays d’origine, et ayant accès aux publications de leurs collègues. Les personnes et les idées ont besoin de circuler pour que la science se fasse. Deux bonnes nouvelles ont montré en 2020 que nous allons dans le bon sens. Tout d’abord, le refus par le peuple de l’initiative qui visait à fermer nos frontières et aurait mis en péril la circulation des chercheurs et chercheuses. Ensuite, les négociations que les universités suisses ont menées avec les grands éditeurs scientifiques et qui permettent un élargissement des publications ouvertes.

Je retiendrai enfin l’importance des scientifiques pour le débat démocratique mais aussi la difficulté à communiquer sur une science vivante. Nos institutions universitaires ont joué un rôle de premier plan dans l’élaboration des réponses à la crise grâce à leur présence dans les task forces scientifiques, sur le plan fédéral comme cantonal. Les médias se sont naturellement tournés vers nos épidémiologistes, éthicien-nes, économistes, politologues, médecins ou sociologues parmi d’autres pour donner du sens à cette crise, en comprendre les rouages et trouver des réponses efficaces et équitables. Nous avons pu montrer la science en train de se faire, sans modèle préétabli, avec ses acquis et ses doutes, ses débats, ses controverses et surtout ses avancées progressives, jalonnées de découvertes basées sur la collecte et l’échange de données. Dans une période de crise où beaucoup ont besoin de certitudes que la science ne peut apporter instantanément, nous avons devant nous un formidable travail pour expliquer plus largement encore pourquoi elle nous est si nécessaire.

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Yves Flückiger, recteur
Juin 2021

 

Portraits de chercheurs et chercheuses

Réalisée par le photographe Fabien Scotti, la série de portraits qui illustre ce rapport repose sur la volonté de réaffirmer la centralité de l’humain en cette année de pandémie et de restrictions. Elle met en lumière de jeunes chercheurs et chercheuses ayant obtenu de prestigieux subsides au plan européen ou national.

 

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