Images, images...

Si par son concept de musée imaginaire, André Malraux avait déjà mis en évidence les modes de production de la culture visuelle dans les années 1960, l’entrée dans l’ère du numérique, ainsi que la fermeture partielle des lieux de culture avec l’arrivée de la pandémie, ont questionné plus que jamais notre rapport à la muséalité.

En effet, bien que l’image soit aujourd’hui associée à un flux impersonnel, l’assemblage d’un musée imaginaire permet dans une approche dialogique de construire une identité signifiante, bien qu’illusoire et fragmentaire. Ce projet traduit la volonté de matérialiser le lien personnel que j’entretiens avec certaines oeuvres d’art par la réalisation d’un autoportrait à partir des images disponibles sur internet. Comment reconstruire une identité au travers de notre culturelle visuelle, et en particulier des oeuvres d’art ?

Si l’utilisation des images des oeuvres d’art pour leurs simples caractéristiques formelles entraîne une désacralisation de leur statut, leur superposition et leur assemblage font renaître l’idée d’icône par l’apparition d’un autoportrait idéalisé. A travers ce visage que l’on ne peut réellement appréhender, mais qui se définit par son titre comme un autoportrait, les notions d’absence et de présence du corps et de l’identité se trouvent confondues. Si la plupart du temps le corps devient image dans notre société, ne pourrait-on envisager que les images deviennent notre corps ou notre identité ?

 

 

Nadia Rieben, université de Genève; Autoportrait, 100 images JPEG, 2019-2022