Éric Eigenmann, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève
Les didascalies ne sont toutefois pas seules à fournir des éléments pour établir la situation d'énonciation, les répliques ne cessent d'en suggérer chaque fois qu'un personnage se réfère à son environnement ou aux êtres qui l'habitent. Prends un siège, Cinna
(Corneille, Cinna), Voilà un homme qui me regarde
(Molière, George Dandin)... Par opposition aux didascalies externes au dialogue qui viennent d'être décrites, il est parfois question alors de didascalies internes. Pourtant, celles-ci demeurent fondamentalement irréductibles à celles-là étant donné leur subjectivité, qui autorise les paroles trompeuses, intentionnelles ou non. Il s'agit plus précisément d'implicites et de présupposés du discours, auxquels le lecteur choisit de conférer une valeur objective. Pour preuve de leur hétérogénéité, d'éventuelles contradictions:
Le Vieux.– Bois ton thé, Sémiramis.
Il n'y a pas de thé, évidemment.Ionesco, Les Chaises
À vrai dire, dans la mesure où il peut être interprété de manière à dégager des indications au sujet de la mise en scène, tout discours est potentiellement didascalie interne . Aussi l'expression s'en trouve-t-elle largement disqualifiée.
Edition: Ambroise Barras, 2003-2004