Cerveau et plaisirs
Tables rondes, conférences, journées portes ouvertes, exposition et concert: autant d’ingrédients réunis pour que la nouvelle édition de la Semaine du cerveau ait lieu du 13 au 19 mars prochains, en Suisse et dans le monde. Organisé par l'Université de Genève (UNIGE) en collaboration avec les HUG pour la neuvième année consécutive, cet événement tout public permet d’apporter des éclairages inédits sur les progrès scientifiques, les nouveaux enjeux et les espoirs de traitements découlant des dernières recherches sur le cerveau. Axée sur le thème Cerveau & Plaisirs, la cuvée genevoise 2006 sera marquée par une grande variété de manifestations qui offriront au public l’occasion de s’interroger sur les rapports que la performance physique, la responsabilité morale, les faux souvenirs et le désir sexuel masculin entretiennent avec le cerveau. Petit florilège des réjouissances à venir!
Après une édition 2005 jumelée avec le Festival Sciences Cité, la Semaine internationale du cerveau revient avec un programme pour le moins réjouissant. En effet, du 13 au 19 mars, sous l’égide du couple thématique Cerveau & Plaisirs, la manifestation permettra au public de faire le point sur certaines des dernières «avancées cérébrales».
Les ailes du désir
Psychanalyste de formation, Serge Stoléru s’exprimera sur la motivation sexuelle chez l’homme lors de sa conférence du 15 mars. A cette occasion, il décrira la façon qu’ont les différentes régions du cerveau humain de s’impliquer dans le désir et l'excitation sexuels. En mettant en évidence le réseau des zones cérébrales activées par des stimuli suggestifs, il montrera comment les techniques d'imagerie fonctionnelle permettent de renouveler la conception psychologique du désir et de l'excitation sexuels.
Tout dans les muscles, rien dans la tête?
La performance physique se trouve aujourd’hui au cœur d’un vaste débat, engageant des questions aussi essentielles que celles de ses limites psychologiques et physiologiques. À l’occasion de la table ronde du lundi 13 mars, modérée par Gilles Goetgehbuer, rédacteur en chef de la revue Sport et Vie, le médecin-physiologiste de l’UNIGE Bengt Kayser évoquera l’hypothèse d’un «gouverneur central», c’est-à-dire de l’existence d’une fonctionnalité du cerveau qui limiterait la performance physique et sportive afin de veiller à l’intégrité de l’organisme. Le médecin Romain Meeusen démontrera, quant à lui, les effets spécifiques de l’exercice sur les neurotransmetteurs et établira le lien avec les mécanismes potentiels de la fatigue. Enfin, Mattia Piffaretti, psychologue du sport, abordera la question de la préparation mentale et de la manière dont elle est utilisée dans différents contextes sportifs pour permettre aux individus et aux équipes de s’exprimer au plus haut niveau.
Éthique cérébrale
Les progrès des neurosciences, plus particulièrement ceux de la neuroimagerie, interrogent quotidiennement la philosophie, la bioéthique, le droit et les sciences humaines. La table ronde «Neurosciences, responsabilité morale et liberté», présidée par Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue médicale suisse, s’insère dans un colloque international intitulé Quoi de neuf sous le crâne?, qui fera le point sur ces questions dans un esprit d'interdisciplinarité. A ce titre, le neurologue Patrik Vuilleumier s’exprimera sur les possibilités offertes par les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale de révéler l’activité neuronale associée à diverses fonctions mentales. En fournissant de façon croissante des données «objectives» en relation avec les comportements humains, les neurosciences remettent en cause les critères utilisés pour évaluer ces comportements. Juriste et médecin, Philippe Ducor décrira, pour sa part, les méthodes traditionnelles d'évaluation de la capacité de discernement et de la responsabilité prises en compte par les tribunaux. En dernière instance, la juriste Judy Illes présentera la neuroéthique, domaine qui vise à cerner des impératifs éthiques, légaux et sociaux pour les chercheurs, les institutions et les promoteurs de la recherche au sujet des découvertes cliniques qui surviennent dans le cadre de recherches.
Souvenirs évanescents
Produits d’un vécu passé au filtre de la subjectivité, le souvenir et la mémoire structurent bon nombre de nos expériences quotidiennes. Mais quelle est la nature, l’origine, ou le fonctionnement des souvenirs? Et aussi tangibles qu’ils puissent paraître, sont-ils pour autant fiables? Dans le cadre de la rencontre du vendredi 17 mars, animée par Isabelle Moncada, journaliste à la TSR, le psychologue Martial Van der Linden s’exprimera sur divers aspects relatifs à l’organisation et au fonctionnement des systèmes de mémoire ainsi que sur leurs soubassements cérébraux. Nathalie Dongois, juriste, développera ce thème d’un point de vue juridique afin de soulever la question des erreurs judiciaires, question qui suppose que l’on en identifie les sources pour mieux chercher à en éviter la commission. Finalement, le psychiatre Eric Bonvin interviendra au sujet de la place de la mémoire et des souvenirs dans le processus thérapeutique.
Mais encore…
Une journée portes ouvertes consacrée à la problématique de la récupération consécutive à une lésion cérébrale est organisée le samedi 18 mars à l’Hôpital Beau-Séjour. Enfin, pour compléter ce programme abondant, le traditionnel concert de clôture, donné cette année par le Chœur du Grand Théâtre de Genève, aura lieu le dimanche 19 mars à 15h. Il sera suivi par la présentation de l’ouvrage de Yiannis Melanitis «Dans le jardin d’Epicure».
Enfin, une nouvelle fois, un soin particulier est apporté à l'information des écoliers et des collégiens. Sur inscription de leur classe, ils pourront visiter, durant toute la semaine, différents laboratoires des Facultés de médecine, des sciences et de psychologie et sciences de l'éducation ainsi que certains départements des Hôpitaux universitaires de Genève.
Destinée à un large auditoire, la Semaine internationale du cerveau est une vaste campagne d'information sur l'avancement des connaissances et des recherches liées au cerveau. Une occasion de se renseigner et de mettre à jour son savoir face aux avancées scientifiques dans ce domaine. Elle est placée sous le haut patronage de Charles Kleiber, Secrétaire d'Etat à la science et à la recherche et sous les auspices des Sociétés suisse et genevoise des neurosciences ainsi que de la European Dana Alliance for the Brain.
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