Paroles, paroles. Pratiques et rituels de l’action publique face à la voix des marges
Dans le champ de l’État, écouter relève d’une exigence formelle censée concrétiser l’égalité des citoyen·es devant la justice et le droit d’être entendu. Auditions, interrogatoires, entretiens, visites à domicile: à l’abri des regards, les pratiques de l’écoute sont des moments de face-à-face influencés par le poids des hiérarchies sociales. Lorsqu’il s’agit de prendre la parole, de comprendre les tenants et les aboutissants d’une procédure, et d’avoir les moyens de défense, les justiciables, mineur·es et adultes, sont inégalement dotés en pouvoir et en compétence linguistique. Les rituels d’écoute soulèvent ainsi des questions essentielles qui ont trait à la sécurité juridique, à la confiance dans les institutions, à la déontologie des représentants de l’État, aux garanties d’un traitement équitable et respectueux de l’intégrité des personnes. Dans le civil comme dans le pénal, comment comprennent-elles le sens des normes dont l’application affecte parfois durablement le cours de leur existence? De leur côté, comment les représentants de l’État font face aux réactions d’agressivité, de détresse, parfois de démence et de folie?
Ce sont ces questions que cet ouvrage collectif analyse à partir d’une diversité de situations où se décident des curatelles, des suivis éducatifs et d’encadrement socio-judiciaire, des placements médico-psychiatriques, des sanctions pénales. Au plus près des rituels d’écoute et du quotidien des institutions, les auteur-es livrent un tableau vivant et nuancé de la gestion ordinaire des problèmes sociaux.
Paroles, paroles. Pratiques et rituels de l'action publique face à la voix des marges, sous la direction de Marco Cicchini, Joëlle Droux, Cristina Ferreira et Arnaud Frauenfelder. Antipodes, 2024.
28 mai 2024Publications