SETAF

S’en tenir aux Faits de Jésus Christ et du pape. Les imprimés évangéliques romands et les pratiques de communication religieuse à l’époque de la Réforme

Projet SETAF FNS 2022-2026, sous la direction de Daniela Solfaroli Camillocci

Le projet S’en tenir aux Faits de Jésus Christ et du pape (SETAF) entend mener une ample investigation historique à caractère pluridisciplinaire sur les pratiques de communication religieuse de la Réforme protestante, à partir des trajectoires romandes de diffusion des idées évangéliques. Il adopte pour cela un angle d’approche spécifique: l’étude du parcours historique et éditorial d’un ouvrage singulier de polémique religieuse, Les faitz de Jesus Christ et du Pape, par lesquelz chascun pourra facilement congnoistre la grande difference d'entre eulx. Unique livre illustré de la Réforme francophone conservé pour la première moitié du XVI^e siècle, il a paru sous couvert d’anonymat, dans trois éditions successives, à Neuchâtel, Genève et Lyon, entre les années 1530 et 1560. Le milieu éditorial est celui du cercle réformateur constitué autour de Guillaume Farel dans les territoires romands.

Le projet SETAF comportera deux volets de recherche. Le premier fournira, sous forme numérique, l’édition critique des Faitz et un catalogue raisonné de ses images. Parallèlement à ce travail d’édition et de recherche iconographique, l’équipe SETAF établira un corpus de textes (« Corpus réformé romand » numérique) comprenant notamment les ouvrages écrits, traduits et réédités par Farel et son cercle, et publiés par les imprimeurs Pierre de Vingle et Jean Michel, ainsi que les réimpressions lyonnaises de ces éditions par Jean Saugrain. Ce corpus permettra d’interroger l’intertextualité à l’œuvre dans les Faitz. Il servira également à l’étude des questions stylistiques, linguistiques et théologiques. À partir de ce corpus, nous développerons des outils d’analyse textuelle spécifiques pour la Réforme francophone et des modèles pour le traitement automatique des imprimés du XVI^e siècle.

Le deuxième volet du projet SETAF sera consacré à l’étude des Faitz dans leur contexte historique et éditorial, à l’analyse approfondie des contenus théologiques et des dispositifs polémiques, littéraires et visuels qui y sont mis en œuvre, et des réseaux religieux qui ont opéré pour la diffusion de cet ouvrage parmi d’autres. Retracer l’histoire du milieu de production des Faitz permettra d’interroger plusieurs aspects de la circulation des idées religieuses, tels que le rapport entre propagande imprimée et oralité, l’impact social et politique des prédications, les questions théologiques en débat. Ce volet du projet entend souligner la centralité et l’importance des territoires romands comme espace de circulation des personnes, des pratiques d’action évangélique, et des idées théologiques.

À travers l’étude approfondie d’un écrit polémique qu’il faut envisager comme une source-témoin de dynamiques historiques complexes, le projet SETAF vise à constituer un réseau international de chercheur-euse-s dans une perspective pluridisciplinaire, et ambitionne un renouvellement historiographique sur les trajectoires plurielles de la Réforme protestante d’expression française au XVI^e siècle. Le récit se limite encore trop souvent à la description de l’affirmation des théologies « magistérielles » vis-à-vis des positions dissidentes et « radicales », représentées comme marginales ou isolées. Les dissensions sont ainsi banalisées ou réduites à une succession intellectuelle entre « écoles » théologiques, anciennes et nouvelles. Le projet SETAF souhaite insuffler plus de complexité dans la reconstruction des processus de confrontation religieuse internes aux mouvances théologiques réformées.

Le projet SETAF s’insère dans le tournant numérique entrepris par l’Université de Genève, grâce au partenariat institutionnel local, avec la chaire des Humanités Numériques (DH-UNIGE), et international, avec le programme Bibliothèques Virtuelles Humanistes de Tours (BVH-CESR). L’édition critique des Faitz et les données de recherche produites par l’équipe et ses partenaires scientifiques seront disponibles en libre accès.

Équipe :
Geneviève Gross et Brigitte Roux, collaboratrices scientifiques
Sonia Solfrini, candidate au doctorat
Nathalie Szczech, chercheuse associée (Université Bordeaux- Montaigne/IUF Paris)
Elina Leblanc, chercheuse et développeuse du site internet du projet

Partenaires institutionnels:
Béatrice Joyeux-Prunel (DH, UNIGE), Simon Gabay (DH, UNIGE), Chiara Lastraioli (CESR-Université de Tours)