Trajectoires
Hommages 2020
Henri Ruegg
Professeur honoraire
Faculté des sciences
Le professeur Henri Ruegg a obtenu un doctorat de physique à l’Université de Genève en 1959, sous la direction du professeur Ernest C. G. Stueckelberg , l'un des plus importants physiciens suisses du siècle dernier. Il a continué ses recherches comme post-doctorant à Princeton, puis est revenu travailler à Genève en tant qu’associé de recherches à la Division théorique du CERN de 1964 à 1966. Après un mandat de chargé d’enseignement dans le cadre du 3e cycle aux Universités de Genève, Lausanne et Neuchâtel, il est nommé aux fonctions de professeur extraordinaire en octobre 1970. En 1976, il est promu au rang de professeur ordinaire au sein du Département de physique théorique de l’UNIGE qu’il dirige de 1980 à 1983, puis de 1989 à 1991. Ses recherches, en collaboration avec de nombreux étudiant-es, se situaient à l'interface entre la théorie des groupes et la physique des particules. Professeur honoraire, Henri Ruegg est décédé le 21 novembre 2020.
Alexandre Dayer
Professeur ordinaire
Faculté de médecine
Département de neurosciences fondamentales et de psychiatrie
& Directeur, NCCR Synapsy
Directeur du PRN Synapsy, professeur ordinaire au sein des Départements de psychiatrie et des neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine, Alexandre Dayer est tragiquement décédé l’été dernier.
Psychiatre et neuroscientifique, Alexandre Dayer alliait au quotidien recherche fondamentale – afin de comprendre les bases moléculaires de la vulnérabilité aux troubles psychiatriques – et soins cliniques, en tant que médecin adjoint agrégé au sein de l’unité des troubles de l’humeur des HUG. Cette double approche de la psychiatrie l’a mené à diriger le Pôle de recherche national Synapsy, dont le but est de promouvoir la recherche dans le domaine des neurosciences psychiatriques, ainsi que le Centre facultaire des neurosciences psychiatriques translationnelles. Il était à la fois un médecin exceptionnel et un scientifique passionné.
En tant que médecin, Alexandre Dayer s’employait jour après jour à soulager les souffrances de ses patients. En tant que scientifique, il cherchait des réponses nouvelles pour mieux comprendre les maladies psychiques et tenter d’y apporter de nouvelles pistes thérapeutiques. Grâce à sa rigueur scientifique, à sa curiosité et à sa grande sensibilité, il a apporté des contributions majeures à la compréhension des mécanismes cellulaires contrôlant l'assemblage des circuits cérébraux et à celle des bases génétiques des troubles psychiques.
Alexandre Dayer était également un mentor réfléchi et passionné, un collègue généreux et inspirant. Sa remarquable intelligence et son intégrité étaient un exemple pour tous ceux qui ont eu le privilège de travailler à ses côtés. Au cours des dernières années, il a consacré son temps et son énergie à la direction du PRN Synapsy: il s’était engagé à assurer le succès de ce projet et y était parvenu. Il était un véritable leader qui ne se cachait pas derrière son autorité, et la façon dont il respectait les autres inspirait loyauté et confiance.
Hubert Greppin
Professeur honoraire
Faculté des sciences
Professeur honoraire de la Faculté des sciences depuis 2001, Hubert Greppin est décédé en septembre 2020, à l’âge de 86 ans. Après un doctorat en biologie obtenu à l’Université de Genève en 1965, il a grandement contribué à la recherche et à l’enseignement en biologie végétale en tant que chargé de cours, professeur associé, puis professeur ordinaire en physiologie et biochimie végétale à l’Université de Genève. Il a également été professeur associé de l’Université de Lausanne de 1973 à 1980. Hubert Greppin a contribué à plus de 650 publications scientifiques dans des domaines et disciplines variés, de la biophysique à l’écologie en passant par la physiologie végétale ou encore la biochimie, en particulier dans le domaine des peroxydases végétales et de la chronobiologie.
Hubert Greppin s’est impliqué avec beaucoup d’énergie dans la vie universitaire en tant que président de l’École de biologie (1971-1980), vice-doyen (1977-1980) puis doyen de la Faculté des sciences de l’UNIGE jusqu’en 1983. En 1979, il devient directeur du Département de botanique et biologie végétale et sera réélu jusqu’à sa retraite en l’an 2000. Il s’est aussi employé à renforcer les liens entre le Conservatoire et Jardin Botanique de Genève et l’UNIGE, et a participé à la création du Centre universitaire d’écologie humaine. Il a mis son expertise en biologie végétale au service de nombreuses autres institutions et sociétés scientifiques telles que la Commission fédérale pour la recherche agronomique ou la Commission stratégique de recherche scientifique.
Membre d’honneur de la Société suisse de physiologie végétale, docteur honoris causa de l’Université Marie Curie-Sklodowska de Lublin (Pologne), il a reçu la médaille du Congrès international des peroxydases végétales.
Philippe Mermod
Professeur assistant
Faculté des sciences
Département de physique nucléaire et corpusculaire
Philippe Mermod est décédé le 20 août 2020. Né à Genève en 1978, il a obtenu son master en 2002, à l'Université de Genève, et son doctorat en 2006, à l'Université d'Uppsala. Il a rejoint le projet ATLAS en 2007, d'abord rattaché à l'Université de Stockholm, puis à celle d'Oxford. En 2011, il a intégré le Département de physique des particules de l'Université de Genève en tant qu'associé de recherche, avant de devenir professeur assistant FNS (Fonds national suisse) en 2014.
Philippe Mermod a apporté de nombreuses contributions à ATLAS. Il a été notamment l'un des pionniers de la recherche des leptons neutres lourds à vertex déplacés et a dirigé les travaux sur les particules hautement ionisantes lors de la deuxième période d'exploitation. Il a contribué de façon notable au système de déclenchement. Il a en outre développé la recherche de monopôles magnétiques, son sujet de prédilection, dans le cadre des projets ATLAS, MoEDAL et lors d'autres expériences.
En quête scientifique perpétuelle, il a également participé à l'expérience SHiP. Il a par ailleurs contribué activement à la conception et à la construction du détecteur de temps de vol (ToF) pour l'amélioration du détecteur proche de la collaboration T2K au Japon, premier détecteur de neutrinos moderne à utiliser cette technologie.
Ses collègues ont suivi avec grand intérêt le parcours de cette personne qu’ils qualifient d’admirable, passionnée de physique, et qui cherchait avant tout à trouver des réponses plutôt qu’à se mettre en avant. Philippe Mermod était un fervent scientifique, curieux et avide d'explorer de nouvelles voies, qui consacrait son attention et ses efforts aux phénomènes fondamentaux. Il était également un citoyen actif, conscient du besoin d'équité et de durabilité pour assurer un avenir à l'humanité. Son énergie, ses idées et sa vision manqueront.
François Perret
Professeur honoraire
Faculté de droit
Né en 1937, François Perret obtient une licence en droit, puis une licence en sciences commerciales à l'Université de Genève. Son intérêt pour l'activité académique l'incite ensuite à rejoindre le Centre d'études juridiques européen. Cela lui permet de publier tout d'abord un rapport sur la coordination du droit des sociétés en Europe, puis sa thèse. Sa carrière universitaire à la Faculté de droit est alors ininterrompue; il y devient professeur ordinaire dès 1981 avant d'accéder à l'honorariat en 2020. Ses étudiantes et étudiants se souviennent de lui pour les cours remarquables qu'il a dispensés dans ses matières de prédilection: la propriété intellectuelle et la procédure. Dans ces deux disciplines, il est l'auteur de publications remarquées. C'est ainsi que son doctorat fut consacré à «l'autonomie du régime de protection des dessins et modèles; essais d'une théorie générale des droits de propriété intellectuelle ». Compte tenu des circonstances qui marquent l'année 2020, on citera aussi son article paru en 1991 à propos de «la brevetabilité des inventions biotechnologiques: le cas du virus HIV2 », contribution qui illustre sa capacité de réflexion à la fois innovatrice, perspicace, et ne craignant jamais d'aborder de manière fondamentale des sujets qui requièrent des compétences allant bien au-delà de celles qui possède ordinairement un juriste. Avec son décès, le monde universitaire, celui du barreau et celui de l'arbitrage perdent une personnalité d’une grande qualité, attachante, d'une intelligence raffinée et profonde.
Bernard Levrat
Professeur honoraire
Faculté des sciences
Professeur honoraire de la Faculté des sciences, Bernard Levrat est décédé, le lundi 17 août 2020, à l’âge de 83 ans. Doyen de la Faculté des sciences de 1977 à 1980, vice-recteur de l’Université de 1991 à 1995, il a contribué à la création du Centre universitaire d’informatique qui, en 1976, était le premier centre en Suisse dédié à la recherche et à l’enseignement dans ce domaine. Bernard Levrat a par ailleurs joué un rôle central dans la mise en place du réseau informatique de l’Université et son câblage à Internet dans les années 1980. Grâce à la proximité de l’UNIGE avec le CERN, qui fait office de passerelle pour l’Internet européen, la vision du développement informatique cher à Bernard Levrat se met en place rapidement, dès 1985. L’Université est ainsi l’une des premières hautes écoles à être connectée. Puis, il contribue à la mise en réseau des universités au niveau national.
Outre cette contribution majeure sur le plan informatique, le professeur Levrat s’est vu confier des responsabilités au sein du Rectorat de l’UNIGE au début des années 1990. Il a également été directeur des services informatiques de l’UNIGE et du Réseau des bibliothèques romandes et tessinoises, au moment où celles-ci ont opéré leur mue informatique. Il a reçu, en 2002, la Médaille de l’Université. Parallèlement à sa carrière universitaire, Bernard Levrat s’était engagé en politique en tant que membre du Conseil municipal de Versoix.
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Pierre Furter
Professeur honoraire
Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation
Section des sciences de l'éducation
Titulaire d’un doctorat en lettres obtenu en 1965 à l’Université de Neuchâtel, Pierre Furter devient professeur à l’Institut universitaire d’études du développement en 1970, avant de rejoindre l’École des sciences de l’éducation en 1973. Il est nommé professeur ordinaire en éducation comparée en 1975 dans la toute nouvelle Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation jusqu’à sa retraite en 1996. Il assume la présidence du Conseil de l’Université entre 1979 et 1981. Ses domaines de recherche ont porté notamment sur le développement et l’organisation de l’éducation extra-scolaire et de l’éducation permanente en Amérique latine, où il a vécu de nombreuses années, ainsi que sur les disparités régionales dans le développement de l’éducation en Suisse. Parmi ses multiples ouvrages, internationalement reconnus: Mondes rêvés: formes et expressions de la pensée imaginaire (1995). Pierre Furter était également très engagé sur le plan national et international: dès 1970, il devient consultant pour l’UNESCO, en 1980, il est membre de la commission nationale suisse pour l’UNESCO et de 1986 à 1990, il est président de la Société suisse de la recherche en éducation (SSRE). En 2000, il reçoit le titre de docteur honoris causa de l’Université de Saint-Jacques de Compostelle. Pierre Furter est décédé le 30 mars 2020.
Gilbert Kaenel
Professeur titulaire
Faculté des sciences
Directeur du Musée cantonal d’archéologie et d’histoire à Lausanne, Gilbert Kaenel a enseigné à l’UNIGE de 1982 à 2015. De chargé de cours à professeur, d’enseignant à collègue, de collègue à ami, il aura profondément marqué, pendant plus de trente ans, plusieurs générations d’étudiantes et d’étudiants. Son cours sur les âges du Bronze et du Fer en Europe, impossible à résumer tant il était dense, nous faisait voyager à travers l’Europe, de la culture d’Unetice aux sépultures laténiennes, qui n’avaient plus aucun secret pour lui. Il était toujours au fait des dernières découvertes, qu’il ne manquait pas d’intégrer dans son enseignement. Ses étudiant-es se souviennent de ses nombreux classeurs fédéraux, remplis d’illustrations sur transparents, projetés au rétroprojecteur. Parfois ses classeurs ne suffisaient pas pour diffuser son savoir encyclopédique. Il venait donc avec des livres. Sa sacoche en cuir, portée en bandoulière, se voyait alors escortée d’un bataillon de livres rangés dans des caisses rako de grand format. Il s’est engagé dans la formation des étudiant-es, les a suivi-es dans leur mémoire de master et dans la direction de thèse de doctorat. Au-delà de sa discrétion et d’une modestie valorisante, Gilbert Kaenel était également un excellent orateur, diplomate, qui maîtrisait l’art de raconter l’Histoire, de façon simple et avec humour. Gilbert Kaenel est l’auteur de très nombreux livres et articles scientifiques qui ont marqué la connaissance. Son savoir exceptionnel de l’Europe préhistorique, à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer, et sa personnalité intelligente, discrète et bien présente, manquent à l’archéologie européenne et aux collaborateurs du Laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie. Gilbert Kaenel est décédé le 20 février 2020.