Hommages 2024

Anik de Ribaupierre

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Professeure honoraire
Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation

 

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de notre collègue de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, la professeure honoraire Anik de Ribaupierre, survenu le mercredi 28 août 2024.

Anik de Ribaupierre a suivi sa scolarité dans le canton de Vaud, avant de poursuivre ses études à l’Université de Genève. En 1968, elle obtient une licence, puis un diplôme en psychologie appliquée à l’Éducation en 1970. Elle collabore ensuite avec Bärbel Inhelder et Elsa Schmid-Kitsikis, avant de partir pour Toronto en 1971, où elle obtient son doctorat en 1975 sous la supervision de Ken O’Brien et Juan Pascual-Leone. Sa thèse intitulée Mental space and formal operations en fera l’une des spécialistes mondiales de l’approche néo-piagétienne et, plus particulièrement, du modèle de Juan Pascual-Leone. En 1993, elle est nommée professeure ordinaire à la FPSE.

La carrière d’Anik de Ribaupierre a été marquée par un investissement important au sein des institutions. Elle est doyenne de la FPSE, de 1999 à 2006. En 2007, elle rejoint le Rectorat du professeur Jean-Dominique Vassalli, en tant que vice-rectrice en charge des ressources humaines et de la logistique, poste qu’elle occupera jusqu’en 2011, au moment de son départ à la retraite.

Elle a également porté la voix de l’Université de Genève auprès de la Ligue européenne des universités de recherche (LERU) pendant de nombreuses années. Son engagement a continué après sa retraite. Elle a notamment assuré la présidence d’Uni3, l’Université des seniors de Genève. Anik de Ribaupierre a également siégé dans divers conseils de fondation ou réseaux, comme par exemple le Comité de coordination du Network for Longitudinal Studies on Individual Development ou le conseil consultatif du Max Planck Institute for Human Development à Berlin.

Anik de Ribaupierre était une chercheuse convaincue de l'importance des approches multidisciplinaires, ce qui l'a conduite à diriger le Centre Interfacultaire de gérontologie (CIGEV) de 2003 à 2007, et à collaborer avec des neurologues, des médecins, et d'autres spécialistes. Elle a ainsi été l'une des figures clés du développement des neurosciences à Genève.

Sur le plan scientifique, Anik de Ribaupierre a obtenu de nombreux subsides de recherche, principalement accordés par le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique, et ses nombreuses publications se focalisaient principalement sur la variabilité cognitive, interindividuelle ou intra-individuelle, ainsi que sur les changements développementaux, dans une perspective life-span. La diversité des thèmes abordés dans ses recherches reflète ses multiples intérêts. Après s’être intéressée aux approches néo-piagétiennes, au développement cognitif chez l’enfant, elle a orienté ses travaux vers le fonctionnement cognitif, en étudiant particulièrement la variabilité interindividuelle et intra-individuelle dans des domaines tels que la mémoire de travail, la vitesse de traitement, et l’inhibition.

Tout au long de sa carrière, Anik de Ribaupierre a été convaincue de l'importance de mener des études longitudinales et a joué un rôle de premier plan dans le domaine de la psychologie différentielle francophone, en faisant partie de ce que l'on a appelé la «French connection» aux côtés de Laurence Rieben et de Jacques Lautrey. Elle a ainsi été une figure centrale dans le développement de cette discipline dans le monde francophone.

Ses collaborateurs et ses collaboratrices se rappellent son incroyable capacité de travail, sa rigueur intellectuelle, son sens de la justice et de l'équité, ainsi que sa grande détermination à convaincre. Passionnée par la complexité humaine, Anik de Ribaupierre prenait toujours le temps d’une explication ou d’une discussion avec ses collaborateurs et ses collaboratrices, et appréciait connaître les projets des jeunes chercheurs et chercheuses de sa Faculté. Sa passion pour la recherche et pour la transmission des connaissances a été une source précieuse d'inspiration et de réflexion pour tous ceux et toutes celles qui ont eu la chance de travailler avec elle.

Première femme doyenne de la FPSE, Anik de Ribaupierre a profondément marqué notre institution et c’est une personnalité inestimable qui s’en va avec elle.  Elle nous manquera, elle qui, jusqu’à l’année dernière, était toujours présente à nos évènements et solidaire des projets académiques au service de toutes et tous.

C’est avec une grande émotion que nous adressons toutes nos pensées à sa famille et à ses proches.
 

Lucie Mottier Lopez
Doyenne de la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation