Lettres aux députés européens (1950)Lire
Messieurs les députés européens, vous êtes ici pour faire l’Europe et non pour faire semblant de la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas grand-chose.
Notice
Rédigées à la fin du mois de juillet 1950, juste avant la deuxième session de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe (qui venait d’être créé en 1949), les Lettres aux députés européens composent un court pamphlet où Rougemont raille allègrement cette Assemblée alors condamnée à la paralysie, car dépourvue de pouvoir et subordonnée au Conseil des ministres disposant du droit de veto. Distribué à chacun des députés, les Lettres les rappellent à leurs devoirs, montrent que neuf mois suffirent pour réaliser la fédération des cantons suisses au xixe siècle, et stigmatisent les attentistes dont le « réalisme » cache selon Rougemont un simple manque de volonté politique. Emporté par son élan, l’écrivain en appelle à une réforme immédiate du Conseil de l’Europe (une Assemblée élue au suffrage universel et dotée de réels pouvoirs législatifs) et à la mise en chantier d’un projet de Constitution fédérale : « Vous êtes acculés à l’audace. Donnez-nous la Constitution ! » Étant donné l’enlisement dans lequel se trouve alors l’Europe politique, c’est d’un électrochoc que l’Assemblée a besoin, estime Rougemont.
Bibliographie
- Nicolas Stenger, « Festina lente, ou le Conseil de l’Europe », Denis de Rougemont. Les intellectuels et l’Europe au xxe siècle, Rennes, PUR, 2015, p. 135-145.