tiré du numéro : 11
date : 01/09/2006
auteur : Arnaud Saint-Martin
résumé de l'article : Un spectre hante l'observatoire: le statut paradoxal des auxiliaires
Pendant le premier tiers du 20e siècle, l’astronomie devient une profession. Un cadre juridique réglemente l’activité des astronomes attachés aux observatoires de l’État français. Cependant, une partie non négligeable des effectifs de ces derniers échappe à cette juridiction. Ces travailleurs sont regroupés dans la classe des « personnels auxiliaires ». Cet article reconstitue le processus par lequel la profession d’astronome-fonctionnaire s’est structurée notamment en opposition aux auxiliaires. Le monde des observatoires s’arrange pour établir progressivement une division du travail inspirée de l’industrie. Dans ce système productif, les tâches jugées impures sont confiées aux personnels subalternes, ce qui permet (en théorie) aux astronomes de s’adonner aux travaux « authentiquement » scientifiques. Sans dramatiser l’issue de ces opérations de définition et de démarcation socio-cognitives, on pense mettre en lumière quelques-uns des traits caractéristiques de l’organisation de la profession. En procédant ainsi, l’analyse ne s’en tient pas à cet objet. En effet, l’étude de la genèse de la catégorie d’auxiliaire amène à reconsidérer plus largement le rôle social des populations rendues invisibles par le fonctionnement même de l’observatoire, et a fortiori par la majorité des études sociales des institutions scientifiques.