tiré du numéro : 4 
date : 01/12/2002 
auteur : Xavier Cinçon Daniel Julien et André Kamga 

résumé de l'article : 'Vécus malheureux' des maires ruraux en France

Eléments d’analyse pour une lecture compréhensive des ‘vécus malheureux’ des maires ruraux en France Il s’agit ici de questionner le vécu d’élu rural non professionnel de la politique, au regard de l’émergence de nouveaux enjeux liés à la décentralisation, puis de l’intercommunalité comme mode de gestion des compétences. Le maire, en charge d’assurer la production de bien public local, est confronté à la présence de nouveaux objets, de nouveaux savoir-faire et savoir-être auxquels il n’était pas forcément préparé et se retrouve ‘soumis’ à des épreuves de réalité, des systèmes d’attente, dont il est le dépositaire institutionnel. Décideur public, il est amené à être le producteur et le porteur des projets de la collectivité qu’il représente. Cette position, grosse de potentiels de frustrations et de déceptions, est génératrice d’une première catégorie de misères de position : la misère d’ajustement aux divers mondes de l’action publique. Le recours ˆ l’intercommunalité semble venir en appui à ces difficultés, prenant en charge une partie de la production technique de biens publics, diminuant donc les misères d’ajustement. Paradoxalement, les inquiétudes et réserves à l’égard de l’intercommunalité persistent, alors qu’elle semble un moyen de contournement des misères d’ajustement. Le paradoxe se dénoue par l’identification de misères de déclassement, liées à une perte de l’autonomie communale, une brisure du cadre domestique de l’action, le passage d’une position de dominant à celle de dominé. Cette misère de déclassement, combinée à l’abaissement concomitant de la misère d’ajustement, conduit à un panel diversifié de stratégies dans l’institution. Globalement, ce déplacement de l’élu non professionnel de la politique, de la sphère communale, espace maîtrisé sur le mode de la familiarité, à l’espace intercommunal, doté de repères normés, formalisés et techniques, ne va pas de soi. Valorisant la compétence technique, de tels espaces conventionnels forment un environnement aride au dévouement familier. Ce dernier, justification initiale de l’accession au rôle mayoral villageois, se retrouve hors jeu, et avec lui, ses élus. Enfin, à considérer la portion congrue de l’affect en politique, le retrait de la science politique vis-à-vis du rural, ainsi que le mal vivre d’un certain nombre d’élus ruraux, il semblerait que nous soyons en présence d’une problématique un tant soit peu orpheline. 

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