tiré du numéro : 6
date : 01/12/2003
auteur : Sandrine Knobé
résumé de l'article : L’influence des dispositions sociales dans l’acte de désigner: l'exemple des qualifications plurielles de l'effort sportif
Rien n’est sans doute plus banal et quotidien que de fournir des efforts dans le cadre d’activités variées et multiples. Mais, si faire des efforts semble « aller de soi », en donner une définition paraît moins évident et laisse émerger une pluralité de points de vue. L’exemple particulier de l’effort sportif en atteste aisément. En effet, a priori souvent considéré comme une question purement énergétique, il constitue à vrai dire un construit social aux connotations morales très fortes. A travers les qualifications de l’effort sportif s’expriment ainsi différentes significations sociales. Savoir « se dépasser » constitue, par exemple, autant une compétence sportive qu’une manière d’exprimer sa singularité ou de justifier sa promotion sociale. Ces désignations dépassent, par conséquent, la seule problématique sportive pour atteindre des enjeux d’intégration et de reconnaissance sociales. La compréhension de ces enjeux passe par leur mise en perspective avec les caractéristiques socioculturelles des individus. La précocité de pratique ou l’engagement en compétition représentent ainsi des éléments «structurants». En prenant appui sur la théorie du social telle que l’a formalisée P. Bourdieu, l’article propose de montrer le poids de l’histoire de l’individu dans l’acte de désignation. A partir de l’étude des récits de sportifs, nous mettrons en évidence l’influence des dispositions sociales dans l’acte de désigner l’effort sportif.