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Le dopage cérébral: les résultats de l'OVE vus par les médias
L'actualité de l'OVE: les médias s'intéressent à notre travail sur le «dopage cérébral»
Régulièrement, à l'approche des examens, des journalistes contactent l'OVE à propos des chiffres que nous avons publiés sur la consommation de produits pris en espérant augmenter les performances en vue de la préparation aux examens.
Ce printemps 2018 n'a pas dérogé à la règle.
- Ainsi, le journal de l'UNIGE (dont le site archive les anciens numéros) a décidé de faire la une de son dernier numéro de l'année académique sur le dopage cérébral. Ce thème est le «point fort» du numéro 147. Vous trouverez ces articles en cliquant ici.
- Par ailleurs, le journal étudiant l'Auditoire a publié des résultats issus de nos travaux et des extraits d'une interview.
Lisez l'article: extrait de la revue l'Auditoire - mars 2018 - Nous avons également été invités lors de la matinale de Radio Lac le jeudi 3 mai.
Ecoutez l'émission ici: www.radiolac.ch/actualite/20-des-etudiants-genevois-se-dopent-pour-reussir/
Le format de cette émission ne permet pas toujours de disposer du temps nécessaire afin de donner aux questions qu'on nous pose des réponses suffisamment complètes. C'est pour cette raison que nous apportons ci-dessous quelques explicitations à ce qui a été dit lors de cette émission radiophonique.
«Est-ce grave?»
Ce fut la question posée comme entrée en matière à l'interview.
Les résultats de notre enquête ont montré qu'une proportion non négligeable d'étudiantEs ont déclaré «avoir pris lors des six derniers mois des produits pour améliorer leurs performances en vue de la préparation des examens». Cette proportion varie entre 16 et 20% selon les enquêtes annuelles menées entre 2013 et 2017.
Cette constatation doit s'accompagner d'une précision importante: nous ne disposons ici d'aucune précision concernant la nature des produits consommés, qui peuvent aller de la vitamine C à la ritaline, en passant par des béta-bloquants, des boissons énergisantes ou de la caféine.
A partir de là, il n'est pas possible de décréter que c'est grave ou non… mais de constater une réalité, des faits qui ont une véritable constance.
Est-il vrai que cette réalité explose, comme l'ont prétendu les journalistes présentant le sujet?
Non. Nos chiffres indiquent clairement une réalité stable, sans préciser le produit consommé. Il n'y a de tendance ni à la hausse ni à la baisse entre 2013 et 2017.
Est-il correct de dire que l'Université de Genève ne fait rien pour régler cette situation?
Pour se rendre compte de l'action de l'UNIGE concernant ces questions, il est nécessaire de dépasser le constat brut de la consommation. Il s'agit de se demander quels sont les facteurs potentiels d'explication, qui n'ont malheureusement pu être abordés que très superficiellement lors de l'émission.
Les résultats de l'OVE montrent que les variables qui sont le plus nettement associées à la prise de ces produits sont les suivantes.[1]
- Le fait de se sentir capable de gérer les exigences spécifiques du travail étudiant («l'effort intellectuel»; «le temps de préparation des examens», «la quantité de connaissances à assimiler», «l'organisation du travail personnel»). Les écarts de consommation de ces produits sont très importants au regard de ces variables. Par exemple, entre ceux qui considèrent avoir beaucoup de peine à gérer l'effort intellectuel (39% de consommation) et ceux qui considèrent très bien gérer la quantité de connaissances à assimiler ou le temps de préparation des examens (10%), on passe pratiquement du quadruple au simple.
- Les problèmes de gestion du stress, de confiance en soi, de vision de l'avenir, voire de qualité du sommeil. Par exemple, ceux considèrent leur gestion du stress comme très mauvaise sont 38% à consommer les produits dont nous parlons alors que ceux qui la perçoivent comme très bonne ne sont que 12% à en avoir pris lors des six derniers mois.
- La centration sur la vie étudiante (ou, en d'autres termes, le manque de diversité des activités). Par exemple, ceux qui organisent leur temps principalement en fonction de leur travail universitaire sont 22% à consommer alors qu'ils ne sont que 12% parmi ceux qui organisent leur temps principalement en fonction de leurs activités non universitaires. Ce sont aussi ceux qui n'ont pas d'activité rémunérée qui sont les consommateurs les plus fréquents.
- Les problèmes rencontrés dans le cours des études. Par exemple, ceux qui ont déjà échoué à des examens sont 27% à avoir consommé alors que ceux qui n'ont pas eu de problèmes d'études sont 16%.
Une fois que ces facteurs potentiels d'explication sont posés, on s'aperçoit que l'UNIGE a mis en place un certain nombre de dispositifs permettant d'améliorer la situation dans ce domaine
- Stages de gestion du stress (PSS): ils fournissent aux étudiantEs les outils leur permettant de gérer leur stress au quotidien, en particulier à l'approche des examens et lors de leur préparation. Ce faisant, on réduit de façon notable une des causes principales qui provoquent la prise de produits relevant du dopage cérébral.
- Les ateliers «réussir ses études» (Pôle SEA): en formant les étudiantEs à l'usage des méthodes de travail et d'étude, ces ateliers préparent les étudiantEs à affronter les exigences spécifiques des études universitaires… ce qui est nettement plus efficace que le dopage cérébral pour améliorer les performances académiques.
- Les activités sportives et culturelles: elles permettent aux étudiantEs de diversifier leurs centres d'intérêt et leur occupation du temps. Cela les aide à se décentrer à bon escient de leur travail universitaire sur lequel une trop grande focalisation augmente la probabilité de consommer des produits relevant du dopage cérébral.
Ces dispositifs permettent aux étudiantEs de réduire les causes qui les poussent à consommer des produits censés améliorer leurs performances cognitives.
De manière générale, tout ce qui permet de mieux préparer l'étudiantE à l'étude, de réduire son stress et d'éviter la centration exclusive sur les activités universitaires sont autant de moyens que l'UNIGE offre aux étudiantEs de conduire leurs études de façon plus sereine et confiante. C'est là qu'elle trouve son action la plus efficace contre la consommation de dopants cérébraux. C'est en agissant sur les causes de ce phénomène que l'université se donne les meilleures chances de le combattre.
Il reste, bien évidemment, du travail à faire. Tout n'est pas réglé. Mais l'ensemble de ces mesures montrent bien à la fois que l'UNIGE a pris conscience de l'ampleur de la problématique et qu'elle y a accordé des moyens et de l'attention.
Toutefois, en particulier dans le monde actuel (où la formation universitaire est de plus en plus cruciale pour obtenir un emploi qui correspond aux aspirations), mener à bien des études supérieures peut être une source permanente de stress. On ne pourra pas éradiquer cet état de fait. Il reste que c'est à la fois le souci et la responsabilité de toute université de ne pas provoquer de sources supplémentaires de stress et de réduire tout ce qu'elle peut produire comme tensions inutiles chez ses étudiantEs.
[1] Les chiffres présentés dans cette section sont issus du Feuillet de l'OVE n°4, portant sur le dopage cérébral des étudiantEs de l'Université de Genève: https://unige.ch/dife/index.php/download_file/2657/235/