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Deuxième partie
Hitler ou l’alibi

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13. Où paraît la nécessité d’un alibi

Il est étrange de constater que depuis la fin du Moyen Âge, depuis que Luther lui jeta son encrier en pleine figure, à la Wartburg, nous n’avons pas su composer une vision moderne du diable. Seul Kierkegaard l’avait peut-être reconnu précisément sous les espèces de l’encre d’imprimerie, lorsqu’il notait qu’on ne peut plus prêcher utilement le christianisme dans un monde dominé par la presse quotidienne.

Toutefois, l’incognito du Prince de ce monde devint difficile à maintenir au cours du premier tiers de notre siècle, tandis que des catastrophes trop voyantes ébranlaient les bases de notre optimisme et de notre foi naïve dans l’élimination progressive du mal par la Science et l’Éducation.

Sur nos têtes, au ciel de nos villes, de grands oiseaux tournaient avec un bourdonnement sinistre, et ces oiseaux nous attaquaient !

[p. 46] — Si cela continue, se dit le diable, les hommes s’apercevront que j’existe toujours. Or il faut que cela continue, mais je ne tiens pas à ce que l’on me reconnaisse. Délaissons donc cet insoutenable incognito pour quelque prudent alibi… La fausse piste la plus tentante…

14. Le deuxième tour

Et c’est ainsi qu’à partir de 1933, le diable nous fit croire qu’il était simplement M. Adolf Hitler, et personne d’autre.

Ce fut son second tour.

15. Hitler est-il l’Antéchrist ?

Je tiens l’action d’Hitler pour plus réellement diabolique que ne l’imaginent ceux qui croient qu’Hitler est le diable en personne.

Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist, [p. 47] ce serait peut-être un peu trop simple. Il suffirait de le supprimer pour supprimer tout le mal qui est dans ce monde. Et, qu’on me pardonne, si le diable était le Führer, il ne serait qu’un assez pauvre diable.

Quand nous nous figurons qu’Hitler est le diable, nous faisons évidemment trop d’honneur à l’ex-caporal autrichien ; mais surtout nous nous faisons illusion sur la réelle stature de Satan. N’oublions pas que Satan est Légion ! Supprimer un dictateur ne suffirait nullement à débarrasser notre époque des maux profonds qui la travaillent.

Il me souvient d’avoir entendu en Suisse, au début de cette guerre, le grand théologien Karl Barth répondre à la fameuse question d’Hitler et de l’Antéchrist. Voici ce qu’il disait en substance, et pour autant que ma mémoire ne le trahit pas : — « Cet homme qu’il est inutile de nommer, et dont la censure d’ailleurs m’a fait oublier le nom, ce n’est certainement pas l’Antéchrist. Car il n’a pas de pouvoir sur notre salut éternel. Le véritable Antéchrist ne se révélera qu’à la fin des temps, comme notre accusateur impitoyable. Et alors, nous n’aurons plus d’autre intercesseur auprès de Dieu que Christ lui-même ! Mais l’homme auquel vous pensez n’est encore qu’un petit monsieur, un premier [p. 48] avant-coureur de l’Antéchrist. Et la lutte qu’il mène contre les Églises et le monde chrétien n’est qu’un premier avertissement à nous armer pour le Combat final, pour le Jugement dernier. » Réponse à la fois drôle et profonde, dont on ne sait s’il faut admirer davantage la sévérité ou la dévastante modération. Mais ce « petit monsieur » et cet avertissement, nous voici bien forcés de les prendre au sérieux ! Pour n’être pas le diable en personne, on peut être tout de même passablement diabolique. Et je vois peu d’aspects de l’action du Führer qui ne portent en évidence l’insigne satanique.

16. Le diable en chemise brune

Hitler n’est pas le grand ange déchu. Mais certains pensent pour l’avoir éprouvé en sa présence par une espèce de frisson d’horreur sacrée, qu’il est le siège d’une « domination », d’un « trône » ou d’une « puissance », ainsi que saint Paul désigne les esprits de second rang, qui peuvent aussi déchoir dans un corps d’homme quelconque et l’occuper comme une garnison.

[p. 49] Je l’ai entendu prononcer l’un de ses grands discours, et je l’ai vu à la sortie de son culte, debout dans sa voiture qui longeait très lentement une rue étroite, mal éclairée. Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût descendu très facilement. Mais ce bon tireur ne s’est jamais trouvé, dans cent occasions analogues. Voilà le principal de ce que je sais sur Hitler. On peut réfléchir là-dessus. Réfléchir ou même délirer.

On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion sont réservés à d’autres catastrophes. Certes il y a des fous, des accidents de circulation et des erreurs de l’histoire. Le Führer déclarait un jour qu’il ne craint pas les Ravaillac, parce que sa mission le protège. Il faut croire un homme qui dit cela. Qu’il soit un instrument de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il soit un fléau de Dieu (c’est une nuance !) son destin ne dépend plus des hommes, pas même de l’homme Adolf Hitler. À plus forte raison, notre jugement sur lui doit être indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas, de la sympathie ou des haines qu’il excite. Et cela définit un génie, [p. 50] au sens démonique de ce terme. D’où lui vient le pouvoir surhumain qu’il développe pendant un discours ? Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’elle n’est pas de l’individu, et même qu’elle ne saurait se manifester qu’autant que l’individu ne compte plus, n’est que le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies. Ce que je dis là serait du romantisme de la plus déplorable espèce si l’œuvre accomplie par cet homme — et j’entends bien par cette puissance à travers lui — n’était pas une réalité qui provoque la stupeur du siècle. On demande s’il est intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, qu’il le soit très peu ou follement, si cela compte en lui le moins du monde, il ne vaut rien pour un destin pareil ? Un génie n’est ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vertus, ni même de compte en banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dressées devant vous ; et après cela, vous pouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’est fait par lui.

Qu’il y ait eu dans ces temps aveugles à toute réalité non numérable le fait qu’il vous faut bien nommer Hitler, c’est une effrayante ironie machinée par la Providence : — « Ah ! vous [p. 51] ne croyez plus au mystère ? Eh bien, je pose ce fait dans votre histoire, expliquez-le si vous pensez encore que cela suffit à vous en protéger. » Un homme quelconque, transfiguré par sa ténébreuse « mission », — Schickelgruber habité par un trône… On a ri. On a cessé de rire. Et ce n’était pourtant qu’un petit envoyé…

17. Le directeur d’inconscience

L’hitlérisme se présente à nous comme une catastrophe cosmique, comme un malheur plus étendu et plus profond que l’Histoire n’en connut depuis le Déluge. Mais alors, comment se peut-il que des individus deviennent volontairement nazis ? Que des populations entières se laissent séduire ? Que dans tous les pays, et non pas seulement en Allemagne, des hommes et des femmes subissent la contagion de ce mal, changent subitement de visage, se raidissent, se ferment à tout raisonnement, à toute discussion sérieuse, à tout recours aux vérités fondamentales sur lesquelles s’édifia la civilisation de l’Occident depuis des millénaires ?

[p. 52] C’est qu’Hitler est assez démoniaque pour avoir su réveiller nos démons, par une espèce de contagion, ou plutôt d’induction spirituelle. Toute son œuvre de tentateur a consisté à priver les individus du sentiment de leur responsabilité morale, donc du sens de leur culpabilité. En les fondant dans une masse passionnée, il exalte dans l’âme des plus déshérités une sensation de puissance invincible. Il leur répète les vieux slogans du diable : « Vous ne mourrez pas ! Vous serez comme des dieux ! » En combattant le traité de Versailles, « cette Gorgone terrorisant le peuple allemand qui vivait désarmé et humilié sous le regard de ces milliers d’yeux » (Mein Kampf), il supprime le Juge, il supprime la faute, il les rend à l’état d’innocence première. Enfin, en condamnant tout ce qui est universel ou du moins supranational, le christianisme, le judaïsme, le droit, la culture, la raison, il enferme son peuple dans une autarcie psychologique semblable à celle que crée la passion dans Wagner ; il réduit les masses à un état d’hypnose, d’inconscience somnambulique, dans lequel le moins courageux sera capable d’exécuter des actes étonnants d’énergie et de discipline mécanique, jusqu’à la mort, terme idéal de toute passion.

Autrefois les hommes demandaient des directeurs [p. 53] de conscience. Mais la misère des temps et le sentiment d’impuissance qu’éprouvent les individus dans notre monde démesuré, font qu’ils demandent et se donnent aujourd’hui des directeurs d’inconscience collective. L’extraordinaire, l’effrayant, c’est de voir à quel point le Führer, le « guide », le directeur de l’inconscience allemande, est en même temps conscient de ce qu’il fait, maître de sa technique, lucide et froid comme le serpent ! Dans Mein Kampf, il donnait dès 1924, des descriptions d’une surprenante précision du réveil des puissances souterraines qu’il se proposait d’opérer. « Tous les grands mouvements de l’Histoire, sont des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles provoquées soit par la cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole jetée dans les masses. Seule une tempête de passion brûlante peut changer les destinées d’un peuple. » Surtout ne donnez pas de raisons aux masses, car de tous temps, « les forces qui ont produit les plus grands changements dans le monde ont été trouvées non pas dans la connaissance scientifique, mais dans le fanatisme dominant les masses, et dans une véritable hystérie qui les pousse en avant. » Ailleurs il parle de « l’appel aux forces mystérieuses » qui pourra seul réduire les « obstacles sentimentaux ou [p. 54] rationnels » et provoquer l’hystérie nécessaire.

Mais le dernier obstacle, c’est l’au-delà, parce qu’il limite l’empire du Prince de ce monde. Les âmes vont lui échapper s’il subsiste un recours à l’Éternel, c’est-à-dire à l’autorité qui domine les pouvoirs terrestres. Il s’agit donc de supprimer l’idée d’au-delà, de transcendance ; d’intégrer Dieu lui-même dans la Nation. Comprenons bien ce que signifie, dans cette perspective satanique, le terme d’État totalitaire.

Un régime est totalitaire lorsqu’il prétend centraliser radicalement tous les pouvoirs temporels et toute l’autorité spirituelle. Il se transforme alors en une religion politique, ou en une politique d’allure religieuse. Et cela d’autant mieux que la religion qu’il adopte ne connaît point de transcendance, et que ses buts purement terrestres non seulement ne divergent plus des buts normaux de la politique, mais se confondent avec ceux-ci.

Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appeler à une instance supérieure à l’État, puisque c’est lui qui l’a créée pour ses seules fins, et qu’il n’existe rien au-delà.

La religion politique, ou la politique religieuse totalitaire, a créé le type même d’une communauté régressive, fondée sur le passé : le [p. 55] sang, la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au suprême degré, et plus qu’intolérante : on ne peut même pas s’y convertir ! Si l’on n’a pas les mêmes origines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que « les choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laquelle il n’y a plus ni Juifs ni Grecs. Elle ne demande pas : que crois-tu ? qu’espères-tu ? mais elle demande : quels sont tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des choses vieilles, mortes et enterrées depuis des millénaires, jamais passées, et qui réclament encore du sang, des morts, des cortèges funèbres, des cérémonies d’imprécations, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représente « l’Ordre » ? Qui ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ?

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18. Midas prolétarien

Nous disions que le Prince de ce monde peut tout avoir du monde sauf son âme, qui en fait le sens et le prix. De même Hitler, battant la terre entière, ne jouira jamais de sa victoire. Gagnant tout, il ne gagne rien. Les religions de la terre sont religions de la mort. Vieille vérité théologique, que les malheurs du temps illustrent et raniment : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et ne peuvent rien faire de plus. » Beaucoup ont découvert le sens de cette parole quand le Führer est entré dans Paris. Pour ma part, j’écrivis ce jour-là une page qui trouve ici son sens de parabole.

À cette heure où Paris exsangue voile sa face d’un nuage, et se tait, que son deuil soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints.

Quelqu’un disait : Si Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de hautes pierres sans âme, cimetière…

L’envahisseur avait prophétisé : le 15 juin, [p. 57] j’entrerai dans Paris. Il y entre en effet, mais ce n’est plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’esprit, devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie.

Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les plus émouvantes du monde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque chose qu’on peut tuer mais qu’on ne peut conquérir par la force, et qui vaut plus, insondablement plus que tout ce que peuvent rafler dans le monde entier les servants des Panzerdivisionen. Quelque chose d’indéfinissable et que nous appelions Paris.

C’est ici l’impuissance tragique de ce conquérant victorieux : tout ce qu’il veut saisir se change à son approche — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse.

N’importe quel badaud d’un soir de juin pouvait s’annexer pour toujours le bonheur d’un couchant sur Saint-Germain-des-Prés, le grisant glissement de la foule de l’Arc aux Chevaux de Marly, les siècles de grandeur, de misère, de sagesse, dont le visage de cette capitale plus douce et plus fière qu’aucune autre portait les traces pacifiées. N’importe quel badaud, mais pas un conquérant.

[p. 58] La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette Ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde entier qu’il est des victoires impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois le tour du monde ! Ils ne rencontreront partout que le fracas du néant mécanique. Jusqu’au jour bien plus terrifiant que le jour de la pire vengeance où, s’arrêtant enfin, ils comprendront qu’aucun triomphe ne vaut pour eux la moindre des réalités humaines qu’ils ont tuées, « … car ils ne savent ce qu’ils font ».

19. Le Fléau de Dieu

S’ils ne savent pas ce qu’ils font, pitié pour eux, sans doute ? (Et pitié pour le diable et son angoisse…) Mais le pardon ne nous appartient pas. Et l’hitlérisme enseigne de le mépriser.

Ce n’est pas l’aspect le moins diabolique de l’œuvre du Führer, que le caractère de châtiment sans pitié des faiblesses du monde moderne, que revêt la violence hitlérienne.

[p. 59] La tactique et la stratégie d’Hitler sont en somme très simples. Il est apparu dans le monde comme un maniaque qui entrerait dans une maison et qui essaierait d’ébranler tous les meubles. Si le meuble résiste, on n’insiste pas. Si le meuble craque, on pousse à fond, jusqu’à ce qu’il s’écroule. Ainsi, partout où quelque chose était vermoulu dans notre monde, dans son économie ou dans sa morale, Hitler a poussé à fond, jusqu’à ce que tout s’écroule. Partout où une faiblesse s’est révélée, il l’a châtiée sans scrupules ni pardon. Il est le châtiment automatique, l’Attila de notre civilisation, — son Fléau de Dieu. Mais cette absence de pitié, justement, nous rappelle l’un des noms du diable que nous citions plus haut : l’accusateur.

Nous ne savions plus distinguer le mal dans la paix et la prospérité. Nous avons mérité qu’Hitler nous le fasse voir, et par le seul moyen proportionné à notre insensibilité morale et spirituelle : par les bombes.

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20. Le Faussaire

Beaucoup de gens pensent que le Führer doit être très méchant pour faire ainsi la guerre à tout le monde. Mais ce n’est pas sa plus ou moins grande méchanceté qui est en cause. Ce n’est pas elle qui serait particulièrement diabolique. Ce sont les justifications qu’il en donne, et c’est l’espèce de douceur médiumnique dont il la revêt aux yeux de son peuple.

Ce n’est pas d’envahir un petit pays qui est diabolique, cela s’est fait de tous les temps, c’était, si l’on peut dire, égoïsme normal, soif de richesses, vulgaire impérialisme ; ce qui est diabolique, c’est d’appeler cela « consolider la paix » ou « fonder le nouvel ordre ». Ce n’est pas d’annexer la Tchécoslovaquie qui est diabolique, mais c’est de le faire au lendemain d’un discours où l’on invoque « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Ce n’est pas de transformer le territoire du voisin en champ de carnage et de bombardement, mais c’est d’appeler ce champ de mort « espace vital ». Ce n’est pas de violer les traités, mais c’est de vouloir s’innocenter en proclamant en tête d’un nouveau Code : « Le Droit est ce qui sert le peuple allemand. » [p. 61] Ce n’est pas d’attaquer les Églises, mais c’est de le faire en nationalisant la Providence, et en son Nom. Ce qui est proprement diabolique, c’est moins de faire le mal que de le baptiser bien, quand on le fait. C’est de vider tous les mots de leur sens, de les retourner et de les lire à rebours, selon la coutume des messes noires. C’est d’invertir et de ruiner par l’intérieur les critères mêmes de la vérité. Et c’est enfin d’aller loger le mensonge, de préférence, dans une parole de vérité !