tiré du numéro : 3 
date : 01/06/2002 
auteur : Bernard Bourrit 

résumé de l'article : Boèce ou le martyre du philosophe

Philosophe rationaliste du début du VIe siècle, Boèce est aussi un croyant et un théologien. Condamné à mort pour crime de haute trahison par Théodoric, roi des Ostrogoths, c’est en prison qu’il écrit la Consolation de la Philosophie. Dialogue entrecoupé de mètres dans lequel Boèce est aux prises avec la figure allégorisée de Philosophie, cet ouvrage partiellement autobiographique représente le philosophe sous les traits d’un martyr, victime persécutée par une autorité inique, animée par la croyance en une justice dernière. Est-ce à dire que Boèce, parce qu’il remet sa volonté à la volonté toute-puissante et impénétrable de Dieu, troque sa raison contre sa foi ? Tout le sens de l’enseignement de Philosophie va à l’encontre d’un tel acte d’abnégation. L’exercice philosophique n’est en effet source de réconfort pour Boèce que dans la mesure où il lui apprend à retrouver les lois et les règles qui régissent l’apparent chaos des affaires mondaines. Il est clair pourtant que cette recherche des causes et des fins répond à une exigence inverse de celle qui conduit au martyre : elle suppose avant tout du philosophe qu’il troque sa foi contre sa raison. On ne lèvera donc ce paradoxe qu’à mieux comprendre comment Boèce « conjugue ensemble foi et raison ».

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