Maux d'artistes
Table ronde avec Sebastian Dieguez, Philippe Huguelet
et Theodor Landis
Vendredi 19 mars, 19h
Uni Dufour (24 rue Général-Dufour, Genève)
Auditoire Piaget (U600, sous-sol)
Créatifs hémisphères
Les deux hémisphères cérébraux, le cerveau gauche et le cerveau droit, se distinguent dans leurs manières de traiter les mêmes informations. Le cerveau gauche s'est spécialisé dans le langage, le cerveau droit dans la maîtrise de l'espace. Qu’en est-il pour ce qui a trait à la créativité ?
Dans la mesure où la créativité a un lien avec la faculté de voir des formes là où il n’y en a pas encore, dans des constellations dues au hasard, ou de percevoir des liens sémantiques lointains, métaphoriques, là où d'autres n’en voient pas, les hémisphères droit et gauche se distinguent aussi l’un de l’autre quand l’être humain crée. On observe notamment que le cerveau gauche, celui qui parle et rationalise, a beaucoup de difficultés à saisir les métaphores ou à envisager des formes imaginaires, alors que le cerveau droit, qui est sans paroles, saisit les métaphores et perçoit de l'ordre dans le chaos. Mais, bien qu'il faille souvent du langage pour transformer la créativité en art, le langage de l'hémisphère gauche seul ne suffit pas.
Prof. Theodor Landis
Chef du service de neurologie - Hôpitaux Universitaires de Genève
Vers une neuroscience des arts?
Quels sont les liens entre l’art et la pathologie? Le génie créatif est-il nécessairement associé à certaines formes de déviance psychologique? L’inspiration la plus féconde vient-elle forcément de la souffrance ? Ces questions ont donné lieu à de nombreuses controverses et spéculations, mais la science semble toujours impuissante à rendre compte de la complexité du sujet. On tentera d’en donner un aperçu par le biais d’une rapide vue d’ensemble du point de vue neuropsychologique, qu'on illustrera de quelques vignettes cliniques d’artistes célèbres. On verra aussi que la maladie peut autant inspirer une œuvre que la modifier ou l’interrompre, cela en fonction des perturbations cérébrales subies et du moyen d’expression privilégié par l’artiste. Pour autant que le contexte social, historique et culturel soit également pris en compte, la description d’artistes malades peut être riche d’enseignements réciproques entre artistes, critiques, cliniciens et scientifiques.
Sebastian Dieguez
Laboratory of Cognitive Neuroscience -
Brain Mind Institute
Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne
Mozart et les troubles de l’humeur
Souffrir de dépression peut augmenter la créativité. Les écrivains, notamment, sont connus pour être plus fréquemment déprimés. Est-ce la dépression qui crée le ferment nécessaire à la création? Ou, inversement, le génie créateur s'accompagnerait-t-il d'un risque augmenté de dépression par un excès de lucidité? Mais les états dits hypomaniaques, soit d’euphorie «excessive», qui peuvent augmenter l’activité psychique et rendre optimiste, sont donc aussi susceptibles d'augmenter la créativité. W.A. Mozart est connu pour avoir souffert d’importants troubles de l’humeur: sa musique a-t-elle bénéficié ou au contraire pâti de telles variations? Cette présentation propose d’observer les interactions entre création mozartienne et états d’âme de l’artiste.
Dr Philippe Huguelet
chargé de cours
Médecin adjoint agrégé
Responsable du Secteur Eaux-Vives
Service de Psychiatrie adulte -
Département de psychiatrie - HUG
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