Journal n°124

Un nouvel écrin pour les sciences médicales et pharmaceutiques

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Second plus vaste chantier genevois après celui du CEVA, la réalisation des étapes 5 et 6 du Centre médical universitaire concrétise le développement du Pôle santé du campus universitaire

Les chiffres donnent le tournis: 55 000 m2 de surface, soit l’équivalent de 200 terrains de tennis, 24  000 m3 de béton armé, 4500 m2 de vitrages, 7000 km de câbles électriques… Chantier titanesque, l’extension du Centre médical universitaire (CMU) donne une toute nouvelle réalité au Pôle santé du campus universitaire genevois. Edifié entre l’avenue de Champel, la rue Lombard et la rue Sautter, face aux Hôpitaux universitaires de Genève, ce nouveau centre majeur dédié aux sciences médicales et pharmaceutiques réunit sous un même toit plusieurs équipes des Facultés de médecine et des sciences, notamment la Clinique universitaire de médecine dentaire, l’École de pharmacie Genève-Lausanne et le Centre interprofessionnel de simulation. Grâce au nouveau bâtiment, les étudiants, les chercheurs et les enseignants bénéficieront d’un environnement de travail performant qui répond aux exigences les plus pointues en termes d’espaces de recherche, de travail et d’enseignement. La nouvelle a de quoi réjouir le recteur de l’UNIGE, Yves Flückiger: «Les espaces créés permettront le regroupement de certaines thématiques de recherche et faciliteront les collaborations entre les scientifiques. L’accent a été mis sur la recherche translationnelle, qui vise à créer des ponts entre nos laboratoires et les soins prodigués aux patients.» Par exemple, sur un même étage, plusieurs groupes travaillant sur le cancer seront rassemblés sous la bannière d’un novateur Centre de recherche translationnel en onco-hématologie. D’autres réseaux, par exemple autour des maladies virales émergentes ou des cellules souches, disposeront désormais de l’espace nécessaire à leur regroupement, de manière à faire émerger des avancées scientifiques majeures. Enfin, sur un plan plus prosaïque, le nouveau CMU est aussi l’occasion de mutualiser les équipements afin de réaliser des économies d’échelle non négligeables. Cette extension s’inscrit dans la continuité des premières étapes, réalisées entre 1973 et 1987, tout en adoptant une architecture résolument contemporaine. Pour optimiser la parcelle et offrir aux utilisateurs un outil exceptionnel, le concept d’origine a été réévalué. En effet, les besoins des chercheurs et des enseignants dans le domaine des sciences pharmaceutiques et biomédicales ne sont plus les mêmes; de plus, les législations liées à la sécurité et à l’environnement ont considérablement évolué.

Homogénéité et rupture

Dans ce contexte, le concept architectural s’est appuyé sur une vision double: homogénéité par rapport à l’existant – une continuité devant apparaître sur le visuel de l’ensemble – et rupture en termes de volume, d’expression architecturale et de typologie. La forme reprend par symétrie l’implantation existante. L’effet de rupture, quant à lui, a été induit à partir de différents critères: évolution et complexité du programme et de l’équipement des laboratoires, évolution technologique de la construction et nouvelles normes énergétiques et de sécurité. La liaison entre l’ancien et le nouveau bâtiment est matérialisée par une «rue» conçue comme un espace semi-public que les piétons peuvent emprunter entre deux quartiers – Champel et Hôpital –, en attendant son rattachement à la future station voisine du CEVA. Sa transparence visuelle permet en outre de s’orienter dans un bâtiment immense et d’éviter un effet «barre infranchissable».

Développement durable

Dès les premières esquisses, la réflexion s’est enrichie en insérant systématiquement les notions de développement durable. Ainsi, efficacité économique, responsabilité écologique et solidarité sociale ont fait d’emblée partie du projet: éclairage naturel, toitures végétalisées, récupération des eaux de pluie, parcours piétons illuminés par énergie solaire, stratégies d’aération performantes, intégration d’une crèche, etc. L’aménagement intérieur, quant à lui, a été conçu pour répondre aux exigences actuelles et futures de la science. La modularité est de mise, afin de répondre aux spécificités de chacun tout en garantissant la possibilité de réaffecter les locaux selon l’évolution des axes de recherche prioritaires pour l’Université. La place de plus en plus grande prise par l’informatique dans la recherche se reflète par de larges espaces de bureau à la disposition des chercheurs, en façade du bâtiment et séparés des espaces de laboratoire proprement dits. Les locaux offrent également un espace aux nouvelles formes d’enseignement, en proposant une multitude de petites salles modulables en lieu et place de classiques auditoires. Pionnière dans la réforme de l’enseignement de la médecine en Suisse, la Faculté de médecine privilégie en effet depuis près de vingt ans l’apprentissage par problème (APP), en petits groupes. Enfin, soucieuse de la promotion des carrières académiques, l’UNIGE s’est dotée d’une crèche de 58 places dans le bâtiment, grâce à une collaboration avec la Ville de Genève. Cet espace de vie enfantine (EVE) propose des horaires de prise en charge élargis (6h15-21h45) afin de répondre aux besoins des parents dont l’emploi du temps professionnel ne s’adapte que rarement aux heures d’ouverture habituelles des crèches.


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