Séminaire 6
RRENAB 2010 / Samedi 12 juin de 11h00-12h30. Salle 2064.
Titre : «Les textes néotestamentaires au cinéma: citations et références»
Animation : Alain Boillat (Université de Lausanne)
Thème : Le séminaire porte sur les modalités de la référence aux textes néotestamentaires telles qu’on peut les dégager de l’analyse de certaines œuvres cinématographiques. De la citation littérale (écrite ou orale) aux usages plus subversifs, il s’agira de saisir les implications narratologiques, esthétiques et herméneutiques de ce type d’acte référentiel. Les trois présentations du séminaire s’articuleront autour des objets suivants :
Les exposés :
Alain Boillat (Université de Lausanne)
Le « corps » du texte dans Ben Hur et Golgotha
Etude de la place de l’écrit dans quelques péplums hollywoodiens muets dont le récit est partiellement organisé en fonction de références à l’histoire christique : Intolérance (Griffith, 1916), Ben Hur (Niblo, 1925) et surtout The King of Kings (DeMille, 1927). On se penchera principalement sur la place de l’écrit dans un médium caractérisé par l’image en questionnant le statut énonciatif de diverses mentions, qu’elles soient diégétiques (paroles de personnages dans les intertitres en style direct, titulus INRI, lettres tracées par Jésus dans le sable, etc.) ou non (voix narrative et stratégie de légitimation via la référence aux sources évangéliques). Dans de tels cas, l’écrit convoque un hypotexte sur lequel les auteurs des films peuvent capitaliser dans leur quête d’ennoblissement culturel.
Valentine Robert (Université de Lausanne)
Le Verbe en intertitre, l’Icone en photogramme : citations canoniques
dans le cinéma muet
Examen de la citation biblique littérale dans le cinéma parlant, telle qu’elle peut se manifester en lien avec différents types d’énonciateurs (personnages, narrateurs en voix-over). Quelques cas précis seront abordés, issus de réalisations dont les visées diffèrent passablement : bibles illustrées par l’image animée à visée prosélyte, films hollywoodiens (Quo Vadis, LeRoy, 1951) ou « cinéma d’auteur » comme L’Evangile selon saint Matthieu de Pasolini (1964) qui, tout en faisant reposer son scénario sur une reprise littérale de l’Evangile par l’énonciateur over, propose un renouvellement de la figuration de la vie du Christ en alliant respect du texte et actualisation par un jeu sur les normes contemporaines du réalisme.
Raphaël Oesterlé (Université de Lausanne)
Référence et subversion dans un cinéma de la « modernité »
Analyse des procédés de réécriture des texte néotestamentaires ou apocryphes à travers la mise en œuvre d’un détournement des références dans deux films qui accordent une place centrale à un personnage héritier de certains traits de la figure mariale : Le Lit de la Vierge (Garrel, 1969) et Je vous salue Marie (Godard, 1985). Chez ces deux cinéastes qui usent fréquemment de la pratique citationnelle, il s’agira de situer la place des références bibliques au sein d’un réseau intertextuel plus vaste, d’évaluer les enjeux de la réappropriation des textes par les cinéastes pour produire un récit non conventionnel, et d’examiner les procédés permettant de subvertir la tradition, sur un plan tant verbal qu’iconographique.