Soutien aux programmes

Créer le master en systèmes et services numériques

Références du programme

Intitulé du programme: Master en systèmes et services numériques

Entité: Centre Universitaire d’Informatique - CUI

Responsable: Prof. Giovanna Di Marzo Serugendo

Entrée en vigueur du programme : Février 2019


Situation de départ

Pôle SEA : Pourquoi avoir créé le programme à ce moment? Quelle a été l'impulsion de départ?

G. Di Marzo Serugendo : Lorsque le bachelor en systèmes d'information et science des services est passé sous la responsabilité du Centre Universitaire d'Informatique (CUI) en 2015, l’idée de proposer un master s’inscrivant dans la continuité du bachelor a logiquement germé. Cependant, il a fallu attendre quelques années et un élan de motivation des étudiant-es issu-es de la première volée du bachelor pour que ce projet voie le jour. Ces diplômé-es souhaitaient pouvoir approfondir leurs connaissances dans le cadre d’un master consécutif délivré par l’UNIGE, et nous ont demandé de créer ce programme.

De notre côté, nous voulions réellement pouvoir proposer un tel programme pour assurer un continuum entre notre bachelor et les doctorats délivrés à l’UNIGE en lien avec cette discipline.

Pôle SEA : Quels étaient les objectifs poursuivis par l'équipe?

G. Di Marzo Serugendo : Premièrement, nous voulions avant tout garder cet esprit d’interdisciplinarité déjà présent dans notre bachelor. De nos jours, l’informatique est principalement au service de disciplines existantes. Un master interdisciplinaire permet donc aux étudiant-es d’apprendre à mettre en valeur les connaissances acquises dans différents domaines d’application.

L’idée de proposer un master orienté recherche était de donner à nos étudiant-es l’opportunité de développer des compétences approfondies dans le cadre d’un projet spécifique. Il s'agit ainsi d'effectuer un projet de recherche personnel conséquent (40 ECTS) qui peut être valorisé par la suite, même si on ne poursuit pas en thèse.

Un autre point essentiel à nos yeux lors de la création du programme était de pouvoir proposer un master qui s’adapte au cours du temps. L’informatique et son utilisation avance en même temps que la société; il était donc impératif de pouvoir adapter notre plan d’étude aux tendances et demandes émergentes dans le domaine numérique. C’est pourquoi nous avons opté pour des spécialisations de 30 ECTS qui apparaissent sur le diplôme et qui pourront aussi évoluer au fil du temps. Actuellement ces spécialisations sont les suivantes : Expérience utilisateur - Ingénierie des connaissances - Sécurité de l’information - Villes et territoires intelligents - Transformation numérique.

Déroulement de la création

Pôle SEA : Qui a été associé au projet et de quelle façon?

G. Di Marzo Serugendo : Outre les personnes responsables des cours et des projets de recherche, les étudiant-es de la première volée du bachelor ont eu une influence importante sur la création du programme et son contenu. Certaines spécialisations du master sont d’ailleurs une réponse à une demande claire de leur part.

Le CUI étant un centre interfacultaire, il était essentiel d’obtenir l’accord des décanats de chaque faculté représentée au CUI afin de pouvoir débuter la création du programme. Ce sont les étudiant-es qui, en s’adressant directement aux doyen-nes des facultés concernées, ont donné l’impulsion nécessaire pour mettre sur rail le projet.

En plus des enseignant-es de l’UNIGE qui ont accepté de contribuer au master, nous avons approché des partenaires externes pour établir des collaborations avec d’autres institutions et acteurs (par exemple avec la ville de Lyon dans le cadre de la spécialisation Villes et territoires intelligents), ce qui nous a permis de proposer aux étudiant-es un programme d’études complet et diversifié.

Pôle SEA : Comment l’équipe s’est-elle organisée pour se concerter et collaborer?

G. Di Marzo Serugendo : De manière générale, la conception du programme s’est faite de façon progressive au fil des échanges. Nous n’avions pas un comité fixe ni de réunions régulières, l’organisation s’est faite de manière organique. Nous avons travaillé en discutant avec les différentes parties concernées à chaque étape du projet ou lorsque nous étions face à un questionnement.

Vu l’intérêt des étudiant-es de la première volée du bachelor dans la création du programme, nous avons organisé une grande table ronde avec elles et eux, afin de sonder leurs besoins et attentes vis-à-vis de leur futur master. Ceci nous a permis notamment de sélectionner certaines spécialisations, telles que Sécurité de l’information ou encore Transformation numérique. D’autres discussions ponctuelles ont eu lieu entre enseignant-es et avec des interlocuteurs et interlocutrices externes.

Pôle SEA : Quelles principales étapes ont balisé la démarche et quelle a été leur durée approximative?

G. Di Marzo Serugendo : Dès la reprise et refonte du Bachelor en 2015, l’idée d’un master était déjà présente, mais les conditions propices n’étaient pas réunies. C’est au printemps 2018 que le projet s’est accéléré pour se concrétiser, mais dans l’intervalle des réflexions et discussions avaient déjà eu lieu entre collègues et avec nos partenaires. Par conséquent, lorsque nous avons obtenu le feu vert des décanats et du rectorat, la structure du master était déjà pensée et tout était en place pour permettre une organisation rapide et un lancement en février 2019.

Avant de pouvoir obtenir l’aval du Conseil du CUI en octobre 2018, il nous a fallu d’abord saisir le Collège des professeur-es, puis l’Assemblée participative.

Nous avons également travaillé avec le service des affaires juridiques et le Pôle de soutien à l'enseignement et l'apprentissage pour la rédaction du règlement d’études entre octobre 2018 et janvier 2019. Pour faciliter ce travail nous nous sommes par ailleurs inspirés du règlement d’un autre master similaire.

Résultats et effets

Pôle SEA : En quoi ce nouveau programme est-il innovant du point de vue de la pédagogie ?

G. Di Marzo Serugendo : Je pense que le point fort de notre programme est cet esprit d’interdisciplinarité et d’adaptation aux besoins actuels de la société en matière de technologie numérique. Tous nos cours sont structurés afin que les étudiant-es se développent dans cette optique d’application de leurs connaissances au service de la société. Cet aspect pratique se retrouve d’ailleurs bien illustré par la structure des cours (environ 50% de théorie pour 50% de pratique). Bien que la plupart de ceux-ci soient donné de manière présentielle, principalement de façon ex cathedra, une part conséquente est consacrée aux cours à distance, notamment au travers de MOOCS de l’EPFL ou encore en collaboration avec l’Université de Lyon qui possède une plateforme dédiée à de tels cours. En résumé, notre cursus est équilibré entre cours donnés à l’UNIGE vs à distance et cours théoriques vs pratiques.

Une autre force est l’innovation numérique. En effet, les technologies informatiques étant toujours plus avancées, il était logique de proposer aux étudiant-es de développer des projets innovants, par exemple au travers du cours Service Innovation Lab donné au Pôle d’innovation numérique du CUI. Ce cours cherche à renforcer leur esprit d’entreprenariat, d’innovation et de design thinking, en leurs permettant d’effectuer des projets de recherche appliqués. On peut mentionner par exemple la refonte de Moodle pour l’UNIGE.

L’esprit ici est vraiment que l’étudiant-e puisse être en collaboration non seulement avec des instances universitaires, en étant par exemple intégré-e à des équipes de recherche, mais également avec des partenaires hors du monde académique. L’idée est de donner une vraie portée au travail des étudiant-es et de leur permettre également de venir avec leurs propres idées pour de nouveaux projets.

Pôle SEA : La démarche de création du programme a-t-elle eu des effets dépassant le curriculum ?

G. Di Marzo Serugendo : La création du master a été l’occasion de renforcer la synergie au sein des équipes impliquées, même si une forte cohésion existait déjà au sein du CUI. Cela a aussi permis au CUI de gagner en visibilité et intérêt auprès des autres facultés de l’Université grâce à l’interdisciplinarité du programme. Cela permet d’ouvrir la porte à de nouvelles collaborations, et pourrait à terme mener à la création de nouvelles spécialisations.

Retour et conseils

Pôle SEA : Qu’est-ce qui a facilité votre démarche de création de programme?

G. Di Marzo Serugendo : Outre l’investissement de chacun, l’expérience acquise lors de la création du bachelor nous a été d’une grande aide afin d’anticiper les difficultés que nous aurions pu rencontrer. Concernant la création du plan d’études, nous avons eu la chance qu’un département de la faculté de Sciences propose un programme dont la structure se rapprochait assez de ce que nous voulions faire. Cela nous permis d’être sûr de ne rien oublier, mais aussi de ne pas avoir à commencer de zéro, ce qui a représenté un gain de temps considérable.

Consulter l’offre existante en Suisse romande nous a aidé à profiler notre programme et à lui donner une identité unique.

Pôle SEA : Quels ont été les défis rencontrés et quelles pistes ont été explorées pour y répondre?

G. Di Marzo Serugendo : Notre souhait était d’avancer rapidement pour ouvrir le programme au semestre d’automne 2018, mais il fallait aussi s’assurer de produire un règlement d’études de qualité, ce qui peut nécessiter plusieurs allers-retours avec les services concernés. Pour ne toutefois pas reporter le projet d’une année, le compromis trouvé a été l’ouverture du master au semestre de printemps 2019.

Un autre défi était de devoir développer un programme à coût constant d’une année à l’autre. Pour tenir compte de cette réalité, l’option a été choisie de proposer un Master à 90 ECTS mettant en avant la pratique et les travaux de recherche personnels des étudiant-es, avec un volume conséquent de crédits dédiés. Nous avons aussi mutualisé des cours existants, offerts par le CUI, d’autres facultés de l’UNIGE ou d’autres institutions (notamment via des MOOCS).

Un prochain défi serait d’améliorer notre communication à propos du master, afin d’expliciter son positionnement et de valoriser les atouts qui le distinguent d’autres programmes.

Pôle SEA : Pour terminer, un conseil aux équipes souhaitant créer un programme?

G. Di Marzo Serugendo : Afin de ne pas se retrouver bloqué dans la création du programme, il est très important d’identifier rapidement les bons formulaires et documents nécessaires, notamment en discutant avec les juristes de l’UNIGE. Cela permet de faire les choses dans les règles et de ne pas perdre de temps en se lançant dans la mauvaise démarche administrative. Il peut aussi être utile de se renseigner sur la démarche auprès de collègues ayant dû la réaliser par le passé.

Un autre conseil serait peut-être d’essayer, en parallèle des directives, de tâter le terrain de façon informelle afin d’anticiper les réactions et de pouvoir contourner les blocages avant qu’ils ne se présentent.

Je recommanderais également de ne pas hésiter à regarder ce qui est déjà proposé à l’UNIGE et ailleurs. D’autres personnes auront peut-être déjà développé des aspects qui vous intéressent pour votre programme.

Pôle SEA : Si l'opportunité de créer un nouveau un programme se représentait à vous, le referiez vous?

G. Di Marzo Serugendo : Bien sûr ! L’idée et la volonté de créer de nouveaux projets est déjà même bien présente. En effet, j’aimerais réfléchir à la création d’un certificat complémentaire qui permettrait d’acquérir des connaissances approfondies en systèmes d’information et services numériques, sans posséder un bachelor dans ce domaine. Cela permettrait aux personnes intéressées de pouvoir être éligibles au master que nous venons de mettre au point, car nous constatons une demande croissante en ce sens.


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Descriptif du master (plan d'études, règlement d'études, etc.)

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