« Êtes-vous partisan du rapprochement franco-allemand ? » (29 janvier 1949)a b
L’ère des « rapprochements » est dépassée. Il s’agit pour nous, Européens, de construire ensemble une fédération solide. Il existe certes des problèmes franco-allemands, mais pas de solution franco-allemande. La seule solution est l’Europe.
Une exploitation fédérale des houillères (continentales et britanniques) résoudra seule le problème de la Ruhr. De même, une organisation fédérale de l’Europe est seule capable de répondre à la fois au désir d’unité des Allemands, aux craintes qu’il éveille en France, à la tentation autarcique en Grande-Bretagne, aux brusqueries ou impatiences américaines, et à l’expansion russe.
On parle d’obstacles économiques à cette fédération. C’est oublier que la situation présente est impossible. La solution fédéraliste a l’avantage d’être au moins concevable, et il est impossible qu’elle soit pire que ce qui est. Le seul obstacle sérieux réside dans l’inconscience, où beaucoup vivent, des menaces qui pèsent sur l’Europe. Un peu de conscience tuerait beaucoup de préjugés, datant de l’époque des pantalons rouges et non pas de l’occupation.