Doctrine fabuleuse (1947)Lire

Les mythes racontent le réel comme un événement permanent. Et leurs fables illustrent les drames réguliers de la vie affective et spirituelle.

Notice

Recueil de dialogues et de fables écrits à différentes dates, entre les années 1920 et les années 1940, Doctrine fabuleuse trouve son unité dans une réflexion sur les mythes (Don Juan, Tantale, Antée, Narcisse, le nœud gordien…) et dans la volonté de l’auteur de les traduire dans des termes contemporains. Parmi ces essais d’interprétation, on signalera plusieurs dialogues, par lesquels Denis de Rougemont montre combien le monde moderne est prisonnier des images « cartes postales », sortes d’abstractions qui empêchent de connaître et d’aimer une réalité toujours décevante par rapport à l’idéal véhiculé, entre autres, par la publicité ou le cinéma. La fable de « l’homme qui a perdu son ombre » souligne par ailleurs que le culte moderne de la transparence nie le secret et le mystère de l’existence. Et quelle est la signification du mythe du « nœud gordien » (tranché par Alexandre) ? — « Ce coup d’épée a fondé le monde moderne : monde de la simplification hâtive ; de l’expérience qui détruit son objet ; de l’action efficace au détriment du sens ; de la tricherie ; de la rupture des liens. »