Atelier 1 : Savoirs et pouvoirs des éduqués

Qui contrôle ce qui s’apprend par l’enseignement et la formation ?

Cet atelier s’intéressera aux éduqués et aux diverses formes de pouvoir ou de domination que produisent les savoirs scolaires et de formation sur les bénéficiaires (pouvoir d’agir, pouvoir de conceptualisation, pouvoir de reproduction, etc.). L’on doit à Bernstein d’avoir montré de manière magistrale quel contrôle et quel pouvoir symbolique exerce la pédagogie sur la sélection des éduqués et des formés, y compris dans la définition et la répartition de savoirs officiels. Dans les divers contextes de l’école et de la formation, l’autonomisation des savoirs ou leur contextualisation fait débat. Quels éléments de savoir garantissent la pertinence, l’autonomie ou l’humanité d’une formation pour l’opérateur ou l’écolier de demain ? Mais aussi comment préserver l’efficacité d’un savoir-faire lors de sa mobilisation dans les curriculums et les dispositifs pédagogiques ?

Les débats propres à cet atelier se déclineront en deux volets :

Premier volet : les fondamentaux et la hiérarchisation des savoirs. La massification de l’enseignement et l’encouragement de la formation professionnelle ont ouvert considérablement les accès aux savoirs. La mise en discours des savoirs et des savoir-faire dans les curriculums, en fonction de ces nouveaux publics, renvoie au choix difficile des éléments de formation et d’enseignement et de leur ordonnancement. Inutiles ou efficaces, décontextualisés ou en prise sur l’action, fondamentaux et disciplinaires ou adaptables et traversant, les savoirs et les savoir-faires n’ont jamais autant été discutés. Quels fondamentaux de l’activité, des préconstruits sociaux-culturels, des disciplines scolaires privilégier ? Dans quel ordre ?Pour quels formés ? Pour quels élèves ?

Deuxième volet : les processus de différenciation et de sélection. L’observation fine des dispositifs didactiques et pédagogiques montre la part d’influence que prennent ces derniers dans la différenciation et la sélection des éduqués et des formés. Un peu partout dans les divers contextes de formation et d’enseignement, les modalités de transmission sont contestées ou encouragées en fonction d’un contrôle symbolique et d’un pouvoir déterminé par diverses institutions, de manière consensuelle ou conflictuelle. Par exemple, dans le champ scolaire, la disparité entre élèves et le caractère souvent implicite des situations d’apprentissage contribuent à créer – selon l’expression de Bautier et Rochex – des « malentendus », sources d’inégalités. Dans le champ de la formation professionnelle également, les logiques multiples et hétérogènes propres aux dispositifs d’alternance conduisent à des tensions sur le plan identitaire et épistémique. Dans cette perspective, la question se pose de comprendre comment les dispositifs d’enseignement et de formation exercent un pouvoir contrôlant sur les sujets impliqués : faut-il décontextualiser les savoirs au nom de leur transférabilité ? Faut-il au contraire les rapporter à des situations singulières et à des profils spécifiques de bénéficiaires ?

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