Soutien aux programmes

ECTS

Comment utiliser les crédits ECTS?

Le système de crédits ECTS, initialement créé dans le cadre du programme ERASMUS en 1989, est devenu un outil central dans l’espace européen. 16 ans plus tard, il est un des outils les plus connus de la Réforme de Bologne.

Savez-vous comment attribuer des ECTS à l’intérieur de votre programme?

Savez-vous comment les utiliser dans votre enseignement et quels sont leurs avantages?

«L’utilisation de l’ECTS, […] favorise la transparence des programmes et des qualifications, ainsi que la reconnaissance des diplômes.» (Commission Européenne)

Comment fonctionne ce système?

Le système ECTS a deux fonctions principales:

  • Il est un système de transfert qui encourage la mobilité des étudiants et la reconnaissance académique.
  • Il est un système d’accumulation qui assure un suivi transparent des programmes d’études et une comparaison entre systèmes de formation au niveau national et européen.

Le système ECTS repose sur les principes de la réforme de Bologne. Voici ses 4 principales caractéristiques (DG Education et culture, 2009):

1. Il est centré sur l’apprenant

L’ étudiant avec ses besoins et ses attentes est posé au centre des réflexions sur l’enseignement. Les responsables de programmes sont donc invités à changer les lunettes à travers lesquelles ils perçoivent la conception et l’implémentation des programmes de formation. Le but est de permettre à l’étudiant d’effectuer un parcours formatif unique, d’encourager sa mobilité, de faciliter son passage à l’emploi et de favoriser le lifelong learning. Dans ce contexte, les ECTS sont à son service pour faire reconnaître ses qualifications partout et en tout temps.

2. Il est lié aux learning outcomes

L’allocation des crédits ECTS se base sur l’estimation de la charge de travail nécessaire pour parvenir aux learning outcomes (ou objectifs d’apprentissage). Les learning outcomes décrivent ce qu’un apprenant, sait, comprend et/ou peut démontrer à la fin d’un processus d’apprentissage (DG Education et culture, 2009). La formulation des objectifs d’apprentissage constitue ainsi la base sur laquelle on évalue la charge de travail et on affecte les crédits.

Voulez‑vous devenir des experts dans la formulation des objectifs d’apprentissage? Lisez notre dossier «Learning outcomes».

3. Il est intégré aux cadres nationaux et européens de certifications

Les cadres de référence nationaux et européen de certifications reposent sur des descripteurs. Ces descripteurs précisent notamment le nombre de crédits associés à chaque niveau d’études (un bachelor correspond à 180 ECTS, un master à 90 ou 120 ECTS, etc.).

Connaissez‑vous le cadre national suisse? Découvrez‑le sur le site de swissuniversities.

4. Il reflète la charge de travail des étudiants

1 ECTS = 25 ‑ 30 heures de travail réalisées par l’étudiant. Cette équation est importante, car elle permet de déterminer le nombre et la durée des activités que l’on peut proposer aux étudiants, à l’intérieur d’une période d’apprentissage donnée.

Généralement, le calcul de la charge de travail pour un programme ou pour une unité pédagogique se base sur:

  • Le nombre d’heures de contact lors des cours;
  • Le nombre d’heures nécessaires au travail individuel et/ou en équipe;
  • Le nombre d’heures nécessaires pour préparer et réaliser les activités d’évaluation des apprentissages;
  • Le nombre d’heures de stage obligatoire et les heures de supervision.

L’estimation de la charge du travail n’est pas une tâche facile. Toutefois elle est très importante dans le contexte du système ECTS. Nous vous conseillons donc de l’affiner régulièrement par un suivi et un feed‑back des étudiants.

Aimeriez‑vous avoir plus d’informations sur la charge de travail? Lisez le dossier «Charge de Travail» dans nos ressources.

Comment attribuer les crédits à l’intérieur d’un programme?

Selon le système ECTS, un an de travail à temps plein d’un étudiant correspond à 60 crédits ECTS. Vous avez un doute sur le nombre de crédits associés à un type de formation en particulier? Visitez notre page Types de formations à l’UNIGE.

Ainsi, la charge de travail maximale dépend de la durée totale des études. En effectuant le calcul (nombre de crédits) x (25‑30h par crédit), on obtient par exemple:

  • pour un bachelor, un maximum de 5400 heures de travail de la part de l’étudiant
  • pour un master de 90 ECTS, un maximum de 2700h (3600h pour un master de 120 ECTS)

Les experts en matière de systèmes d’accréditation ont identifié 3 méthodes pour allouer les crédits à l’intérieur d’un programme (de Lavigne, 2003):

  • La méthode «top‑down»: elle se base sur la connaissance de la valeur relative de chaque enseignement par rapport à l’ensemble des enseignements d’un semestre. Par exemple, si un cours correspond à 10% du travail total d’un semestre, il sera associé à 3 crédits ECTS.
  • La méthode «bottom‑up» par référence à la charge horaire totale de l’étudiant pour chacune des unités: elle se base sur le calcul du nombre d’heures dont l’étudiant «ordinaire» aura besoin pour compléter toutes les tâches de l’unité.
  • La méthode «bottom‑up» par référence aux compétences à acquérir (learning outcomes) par l’étudiant dans chacune des unités: elle se base sur l’estimation du nombre d’heures nécessaire à l’étudiant «ordinaire» afin d’atteindre les learning outcomes. On ne s’intéresse pas seulement aux heures travaillées par l’étudiant, mais aussi à ce qu’il apprend à l’intérieur de ce laps de temps.

La pratique à l’UNIGE:

A l’UNIGE, nous recommandons d’utiliser la 3e méthode. Voici une proposition de démarche:

  1. Formulez les objectifs d’apprentissage (learning outcomes) en fonction de la durée du programme d’étude;
  2. Choisissez les activités d’enseignement et d’apprentissage nécessaires pour atteindre les résultats d’apprentissage visés (cours, TP, stage, mémoire, etc.);
  3. Déterminez le poids relatif de chaque activité en fonction du volume de travail qu’elle implique pour l’étudiant;
  4. Répartissez les crédits entre les différentes activités d’enseignement et d’apprentissage du plan d’études (nombre d’heures divisé par 25‑30).

Nos conseils:

  • Développez une vision globale de la charge de travail des étudiants tout au long du programme. Posez-vous par exemple les questions suivantes:
    • Est-ce que tous les semestres ont une charge de travail réaliste?
    • Évitons‑nous les périodes de charge excessive?
    • Combien d’évaluations les étudiants doivent‑ils préparer à la fin de chaque semestre?
    • Si plusieurs contrôles continus sont prévus, ont‑ils lieu la même semaine?

Le pôle SEA met à votre disposition un outil pour faciliter cette vue d’ensemble, contactez‑nous.

  • Informez les étudiants au sujet du système ECTS. Est‑ce que les étudiants connaissent le système ECTS? S’ils savent à quoi correspond un crédit ECTS, leurs attentes au sujet de la charge de travail seront sans doute plus réalistes.
  • Consultez régulièrement vos étudiants et vos alumni pour affiner votre estimation de la charge de travail. Ils sont les mieux placés pour vous indiquer si certains enseignements sont trop «lourds» ou trop «légers».
  • Lorsque vous concevez un programme, tenez compte des recommandations institutionnelles et nationales relatives aux crédits. Saviez‑vous qu’il est recommandé que chaque étudiant puisse passer un tiers du cursus dans une autre université, soit au minimum 30 ECTS? Et qu’un étudiant de bachelor doit réaliser au minimum la moitié des crédits à l’UNIGE?

Consultez par exemple:

Le mémento de l’UNIGE sur le traitement des équivalences

La check‑list de la CRUS sur la mobilité

Comment utiliser les ECTS dans mon enseignement?

Pour investir au mieux les crédits associés à votre enseignement, vous pouvez suivre la démarche suivante:

  1. Déterminez le nombre d’heures maximal que votre cours peut représenter pour vos étudiants en appliquant ce calcul: (nombre de ECTS attribués à mon enseignement) x (25 ou 30h selon votre faculté);
  2. Soustrayez le nombre d’heures de contact, c’est-à-dire la présence en cours;
  3. Soustrayez le nombre d’heures d’évaluation;
  4. Soustrayez le nombre d’heures de stage obligatoire, incluant les séances de supervision;
  5. Soustrayez le nombre d’heures associées aux autres activités prévues, le cas échéant;
  6. Vous obtenez le nombre d’heures que vos étudiants peuvent dédier au travail individuel et en équipe pour votre enseignement. Cela inclut la préparation au cours, la finalisation des notes prises lors des cours, les lectures, les recherches, la préparation à l’évaluation, la rédaction de travaux, le travail en laboratoire, etc.);
  7. Vous pouvez ainsi prévoir des activités qui utilisent ce volume horaire restant.

Une autre façon d’estimer la charge de travail est suggérée par le projet TUNING (2006).

  1. Pour chaque learning outcome visé par votre enseignement, indiquez les activités d’enseignement, apprentissage et évaluation qui permettent de l’atteindre.
  2. Estimez le nombre d’heures associé à chaque activité.
  3. Additionnez le total des heures. Celui-ci devrait correspondre au calcul suivant: (nombre de ECTS attribués à mon enseignement) x (25 ou 30h selon votre faculté)

Vous pouvez représenter cette démarche par des tableaux. Ces tableaux peuvent être donnés aux étudiants pour qu’ils puissent prendre connaissance des attentes au niveau de la quantité de travail attendue d’eux. Par exemple, imaginons qu’un nombre important d’heures de travail indépendant soit alloué à une activité de lecture de la littérature. Cela indique explicitement aux étudiants l’importance de cette activité. Ils pourront ainsi prévoir du temps et organiser leur travail en conséquence.

Ces tableaux peuvent être aussi complétés par le retour d’un ou plusieurs étudiants sur le temps qu’ils ont effectivement employé pour chaque activité. Cette synthèse permet de visualiser les activités qui requièrent le plus d’heures de travail. Elle permet aussi de mettre l’accent sur les divergences entre temps estimé et temps effectif de travail.

Pour faciliter ce calcul, nous mettons à votre disposition un fichier Excel permettant de documenter la charge de travail sur un semestre.     

Nos conseils:

  • Adaptez vos objectifs d’apprentissage en fonction du nombre des crédits associés à votre cours. Le lien entre crédits, charge de travail et objectifs d’apprentissage est très fort. Vos objectifs d’apprentissage devraient être réalistes au vu du temps que vos étudiants auront à disposition pour les atteindre. Ils devraient aussi tenir compte de la complexité du sujet du cours. En savoir plus sur les learning outcomes.
  • Choisissez des activités qui tiennent compte du niveau de vos étudiants. La charge de travail est intimement liée à la durée et/ou à la complexité d’une activité. Privilégiez des activités plus courtes et simplifiées en début de semestre, puis augmentez progressivement leur complexité et/ou leur durée. Une bonne idée est de demander à vos anciens étudiants ou à des assistants de compléter l’activité, puis d’augmenter votre estimation en fonction du niveau du groupe.
  • Interpellez vos étudiants pour vérifier que la charge de travail que vous avez estimée ne s’éloigne pas trop de la charge effective. En plus des tableaux mentionnés plus haut, un questionnaire en ligne permet de recueillir rapidement un bon nombre de données. Il est aussi possible d’organiser un focus group pour clarifier le point de vue des étudiants sur la charge de travail liée à votre enseignement.
  • Discutez avec vos collègues au sujet de la charge de travail, pour partager et harmoniser vos pratiques. Comment calculent-ils la charge de travail pour leurs cours? Combien d’heures de travail prévoient-ils pour telle activité d’enseignement ou d’évaluation? 

POUR LES RESPONSABLES D’UN ENSEIGNEMENT OU D’UN PROGRAMME

Plusieurs bénéfices découlent de l’utilisation du système ECTS. Par exemple:

  • Il facilite la planification de la formation. Réfléchir à l’attribution des ECTS, c’est considérer le poids relatif de chaque objectif d’apprentissage, de chaque composante d’un cours ou d’un programme. Cela permet de s’entendre sur l’importance de chaque partie de la formation et d’identifier sa contribution au profil de sortie des étudiants. Pour bien estimer la charge de travail, le corps enseignant est mené à planifier à l’avance le mode d’enseignement, les types d’activité d’apprentissage, les types d’évaluation. La réflexion sur ces aspects permet un planning plus détaillé et une meilleure cohérence des enseignements.
  • Il est utilisé pour encadrer l’entrée et la sortie des étudiants d’un programme. Les règlements d’études spécifient les conditions d’admission, les conditions d’élimination et les conditions de délivrance des diplômes. Ces conditions sont souvent liées aux crédits ECTS. C’est également le cas pour les aspects relatifs à la mobilité à l’intérieur d’une formation. On spécifie en principe le nombre maximal de crédits pouvant être réalisés dans une autre institution.
  • Il contribue à l’analyse de la qualité de la formation universitaire. À  l’UNIGE, des critères qualité sont utilisés pour évaluer les programmes de formation. Plusieurs font référence aux ECTS et à la charge de travail.

Qui peut m'accompagner?

Estimer la charge du travail et attribuer des crédits, ce n’est pas une tâche facile. C’est pourquoi nous sommes à votre disposition pour:

  • Vous conseiller dans la manière d’attribuer les crédits aux différentes composantes de votre plan d’études.
  • Vous proposer des moyens afin de peaufiner l’estimation de la charge de travail pour votre cours ou votre programme.
  • Vous orienter dans la formulation learning outcomes pour vos programmes et vos enseignements.
  • Vous aider à analyser la satisfaction de vos étudiants vis-à-vis de la charge de travail.
  • Répondre à vos questions sur cette thématique.

Contactez-nous!

SOURCES UTILISÉES POUR LA RÉDACTION DE CE DOSSIER

CRUS. (2004). Recommandations de la CRUS pour l’utilisation de l’ECTS. Berne. Consulté à l’adresse http://www.swissuniversities.ch/fr/publications/chambre-des-hautes-ecoles-universitaires/directives-et-recommandations/

Daele, A. (2009). Les crédits ECTS en pratique. Consulté à l’adresse https://pedagogieuniversitaire.wordpress.com/2009/11/08/les-credits-ects-en-pratique/

de Lavigne, R. (2003). Les crédits ECTS et comment procéder à leur allocation. Consulté à l’adresse http://richard.de-lavigne.pagesperso-orange.fr/ECTS CREDIT ALLOCATION FR.pdf

DG Education et culture. (2009). Guide d’utilisation ECTS. Luxembourg: Office des publications officielles des communautés européennes. Consulté à l’adresse ec.europa.eu/education/tools/docs/ects-guide_fr.pdf

DG Education et culture. (2015). Guide d’utilisation ECTS. Luxembourg: Office des publications officielles des communautés européennes. Consulté à l’adresse ec.europa.eu/education/ects/users-guide/docs/ects-users-guide_fr.pdf

DG Education et culture, & UNESCO. (2010). Recommandation révisée sur les procédures et les critères d’évaluation des qualifications et des périodes d’études étrangères. Paris/Strasbourg. Consulté à l’adresse http://www.coe.int/t/dg4/highereducation/recognition/criteria and procedures_FR.asp

Karjalainen, A., Alha, K., & Jutila, S. (2006). Give me time to think: determining student workload in higher education. Oulu: University of Oulu, Teaching Development Unit. Consulté à l’adresse http://www.oulu.fi/w5w/tyokalut/GET2.pdf

TUNING. (2006). Introduction à Tuning, pour une convergence des structures éducatives en Europe: contribution des universités au Processus de Bologne. Bilbao: Publicaciones de la Universidad de Deusto. Consulté à l’adresse http://www.unideusto.org/tuningeu/images/stories/documents/General_Brochure_French_version_final.pdf

UNIGE. (2003). Condition cadre de l’utilisation du système ECTS à l’Université de Genève. Consulté à l’adresse www.unige.ch/formev/Archives/bologne/ects/Fiches-complet.pdf