Soutien aux programmes

Le point sur Bologne

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Où en est la réforme de Bologne?

On a beaucoup entendu parler de cette réforme à l’époque de son implantation. La structure bachelor-master-doctorat et les ECTS font maintenant partie intégrante de notre paysage académique.

Faut-il pour autant conclure que le processus de Bologne est derrière nous?

Connaissez-vous bien les principes de la réforme de Bologne?

Et, surtout, savez-vous quelles sont leurs implications pour vos enseignements et programmes?


 

Quelle est la philosophie de Bologne?

Bologne, c’est une réforme décisive des études supérieures, mais c’est surtout une philosophie. Cette philosophie repose sur certains principes-clés.

En voici 6 qui sont particulièrement importants* :

1. Enseignement centré sur l’étudiant-e et son apprentissage

Il s’agit d’une approche où la personne qui apprend est au centre des réflexions pédagogiques. Selon cette approche, on axe les programmes d’études et les enseignements autour du développement des compétences de l’étudiant. On organise la formation en vue des résultats souhaités. L’étudiant ou étudiante participe de façon active à son apprentissage, s’implique dans le choix de son parcours et de son rythme d’apprentissage.

2. Charge de travail et ECTS

Dans une approche centrée sur l’étudiant-e, on s’intéresse à la charge de travail des personnes qui apprennent. On veille à ce qu’elle soit transparente et réaliste. La charge de travail, c’est l’indication du temps qu’un ou une étudiante va utiliser pour atteindre les résultats d’apprentissage attendus (learning outcomes). On comptabilise le travail effectué en classe, mais aussi en dehors. Les ECTS permettent de mesurer la charge de travail. Consultez notre dossier thématique sur la charge de travail et les ECTS.

3. Employabilité

L’employabilité fait référence à l’aptitude des diplômées et diplômés à intégrer le marché du travail et à évoluer au sein de celui-ci. Dans une optique d’employabilité, la formation universitaire poursuit les buts suivants selon la CRUS (Checklist employabilité, 2013):

  • préparer à une carrière académique;
  • préparer à des activités exigeantes dans des secteurs à caractère scientifique et dans l’économie;
  • soutenir les diplômées et diplômés à s’engager socialement;
  • créer des passerelles entre le milieu académique et le monde professionnel pour promouvoir l’innovation;
  • permettre l'adaptation aux évolutions de la société et du monde professionnel;
  • promouvoir la mobilité en lien avec l’apprentissage tout au long de la vie.

4. Mobilité

La réforme de Bologne vise à encourager la mobilité académique et professionnelle. La mobilité horizontale fait référence à la mobilité pendant un cursus d’études. Il s’agit d’encourager les étudiantes et étudiants à réaliser dans le cadre de leurs études un séjour dans un autre cursus, de durée variable. La mobilité verticale désigne la mobilité entre les niveaux bachelor et master. Elle consiste à changer d'institution ou de branche d’études à l’issue d’un cycle d’études. Cela permet d’obtenir un profil de formation spécifique et de diversifier les combinaisons de cursus.

5. Lifelong learning

La réforme de Bologne invite les hautes écoles à intégrer l’apprentissage tout au long de la vie (lifelong learning). Cela passe, entre autres, par la reconnaissance des acquis et une offre de programmes de formation continue. Renforcer l’ouverture, la flexibilité et la perméabilité des formations sont des stratégies qui favorisent le lifelong learning. La charte de l’EUA (European University Association) sur l’apprentissage tout au long de la vie offre plusieurs repères sur ce sujet.

6. Assurance qualité

Un des objectifs prioritaires de la réforme de Bologne est de garantir la qualité de l’enseignement supérieur. Des lignes directrices pour la gestion de la qualité existent au niveau européen. En Suisse, c’est l’AAQ (Agence suisse d’accréditation et d’assurance qualité) qui garantit et favorise la qualité de l’enseignement et de la recherche dans les hautes écoles. Dans ce contexte, les institutions élaborent des mécanismes pour garantir la qualité des formations qu’elles offrent. L’Université de Genève s’est ainsi dotée d’une Politique qualité. Découvrez-la.

*Repris et adaptés des documents officiels hébergés sur le site de l'EHEA - European Higher Education Area.

Bologne, qu'est-ce que ça implique pour moi?

Voici quelques conseils pour appliquer les principes de Bologne dans votre programme ou votre enseignement. Ils se basent sur l'expérience de l'équipe du pôle SEA et s'appuient sur les documents officiels de la réforme de Bologne et les documents de référence pour la Suisse.

Vous êtes responsable d’un programme

  • Énoncez les compétences développées au terme de la formation. Communiquez-les sur le site web du programme, dans vos publications et dans le supplément au diplôme. Consultez notre dossier sur les learning outcomes.
  • Intéressez-vous à l’approche-programme. Selon cette approche, les apprentissages visés sont le point de départ pour organiser et piloter la formation de manière concertée en évitant l'enseignement en silo, le cloisonnement disciplinaire. (Prégent, Bernard, & Kozanitis, 2009) Découvrez l’approche-programme.
  • Vérifiez que les ECTS sont attribués correctement dans le programme. Assurez-vous que la charge de travail étudiante est raisonnable tout au long du programme d’études. Encouragez l'équipe enseignante à se coordonner pour éviter les surcharges à certaines périodes.
  • Clarifiez les débouchés, soit les métiers académiques et non académiques auxquels le cursus peut mener. Inspirez-vous de ces débouchés pour contextualiser la formation et y intégrer une composante pratique (stages, projets, activités d'apprentissage authentiques, etc.).
  • Rendez possibles différents parcours académiques. Offrez la possibilité de personnaliser le parcours d’apprentissage, la durée des études, les horaires/formats (par ex. via enregistrements des cours), les activités d’apprentissage et d’évaluation, etc.
  • Intégrez une ouverture internationale. Si pertinent, intégrez dans le cursus une fenêtre de mobilité physique ou virtuelle, des liens avec les enjeux mondiaux, l’apprentissage de/en langues étrangères, etc.
  • Établissez des conditions d’admission souples qui permettent la mobilité verticale. Consultez par exemple les recommandations pour la mobilité (CRUS 2011) et l'enquête sur les pratiques d’admission lors du passage bachelor-master en Suisse (CRUS, 2013).
  • Annoncez les enseignements (y compris le calendrier et l’horaire) le plus tôt possible pour que les étudiantes et étudiants puissent planifier leur parcours académique à long terme et faciliter lac conciliation entre études et vie personnelle et professionnelle.
  • Intégrez formellement le développement des compétences transversales à votre cursus. Encouragez l’enseignement explicite de stratégies d’apprentissage.
  • Consultez régulièrement les corps estudiantin, enseignant, administratif et technique pour réguler la formation. Impliquez-les dans l’évaluation du programme.
Pour aller plus loin

Découvrez les ressources pour les responsables de programme.

Vous êtes responsable d'un enseignement

  • Clarifiez les apprentissages visés par vos enseignements en termes de résultats à atteindre. Formulez ces objectifs du point de vue de la personne étudiante : «À la fin du semestre, vous serez en mesure de …». Découvrez notre dossier sur les learning outcomes.
  • Communiquez ces objectifs par écrit à vos étudiantes et étudiants. Rédigez un plan de cours complet qui peut servir de base à l’octroi d’équivalences.
  • Adoptez des méthodes qui engagent la participation active des personnes apprenantes. Proposez-leur des tâches complexes, des défis intellectuels stimulants.
  • Estimez la charge de travail associée aux activités que vous proposez. Demandez régulièrement à vos étudiantes et étudiants combien d'heures de travail ont été nécessaires pour accomplir les activités proposées. Investissez pleinement les crédits associés à votre enseignement.
  • Intégrez dans votre enseignement des références à des situations authentiques. Il s’agit de situations tirées de la réalité, en lien avec la discipline et les professions liées (Prégent et al., 2009). Cela peut être un événement, un phénomène, un cas, une problématique, etc.
  • Renforcez et explicitez les liens entre théorie et pratique par des exercices, des exemples d’application d’une théorie, des projets, des témoignages de personnes en emploi, etc. Invitez vos étudiantes et étudiants à identifier l’utilité des contenus enseignés dans leur vie personnelle ou leur future réalité professionnelle.
  • Offrez plusieurs choix à vos étudiantes et étudiants. Vous pouvez par exemple proposer différents sujets pour un travail, plusieurs modalités pour la réalisation d’une production ou encore différents formats d’évaluation.
  • Intégrez une composante internationale. Mettez à profit l’hétérogénéité de votre public en intégrant une composante culturelle à vos activités. Proposez des ressources en langues étrangères et des perspectives provenant d’autres pays.
  • Entraînez vos étudiantes et étudiants à apprendre à apprendre. Encadrez-les de façon à les responsabiliser. Prenez le temps d’expliciter pourquoi vous utilisez telle ou telle méthode (par ex. travail en équipe) et expliquez-leur comment apprendre de façon efficace dans votre cours.
  • Évaluez régulièrement votre enseignement. Vous pouvez recourir à l’évaluation institutionnelle ou personnalisée. L’auto-évaluation et l’observation par un pair, ou encore par un conseiller ou une conseillère pédagogique sont d’autres alternatives intéressantes.
Pour aller plus loin

Envie de perfectionner votre enseignement? Visitez nos pages de soutien à l'enseignement.

Venez au pôle SEA consulter ou emprunter ces ouvrages:

  • Barkley, E. (2010). Student Engagement Techniques. A Handbook for College Faculty. San Francisco: Jossey-Bass.
  • Berthiaume, D., & Rege Colet, N. (Éds.) (2013), La pédagogie de l'enseignement supérieur: repères théoriques et applications pratiques, Vol. 1. Berne: Peter Lang. 
  • Prégent, R., Bernard, H., & Kozanitis, A. (2009). Enseigner à l’université dans une approche‐programme. Montréal: Presses Internationales Polytechnique.
  • Viollet, P. (Ed.) (2011). Méthodes pédagogiques pour développer la compétence. Paris: De Boeck/ESTEM.

A l’origine, quels étaient les objectifs ?

La Déclaration de Bologne a été signée en juin 1999, par 29 pays européens dont la Suisse. Elle visait alors la construction d'un espace européen de l’enseignement supérieur (EEES).

Six objectifs ont été définis pour développer la transparence, la comparabilité des grades académiques et la mobilité entre pays:

  1. Adopter un système de diplômes comparables;
  2. Adopter un système de formation basé sur deux cycles. Le premier cycle d’une durée d’au moins trois ans permet l’accès au marché du travail. Le deuxième cycle exige l’achèvement du premier cycle;
  3. Généraliser le système de crédits ECTS;
  4. Promouvoir la mobilité pour les étudiantes et étudiants, enseignantes et enseignants, chercheurs et chercheuses;
  5. Promouvoir la collaboration en matière d’assurance de la qualité;
  6. Promouvoir la dimension européenne de l’enseignement supérieur.

Les ministres des pays signataires se réunissent régulièrement afin de décider des orientations politiques majeures de l’EEES. Ces conférences ministérielles donnent lieu à des communiqués.

Au fil des ans, les objectifs définis en 1999 se sont développés. Plusieurs thématiques ont gagné en importance et sont au cœur des engagements des ministres, par exemple:

  • l'approche centrée sur l'étudiant ou étudiante et ses compétences
  • l'employabilité
  • les cadres de qualifications européens et nationaux, les learning outcomes
  • la dimension sociale et internationale de l’enseignement supérieur
  • l’égalité des chances
  • le lifelong learning (la formation tout au long de la vie)
  • les liens entre enseignement, apprentissage et recherche à tous les niveaux d’études

À ce jour, 48 pays européens adhèrent à ce processus qui a entraîné des réformes d’envergure en Europe et suscite un intérêt à l’échelle internationale.

En Suisse, c’est la Conférence des recteurs des universités suisses (CRUS) qui avait pour mandat de coordonner et piloter le processus de Bologne en Suisse. Depuis 1er janvier 2015, swissuniversities a repris cette mission.

Sources

Site de l'EHEA (European Higher Education Area)

Site de la Commission européenne 

Portail juridique de la Commission Européenne

En savoir plus sur les objectifs de Bologne et son historique

Site du Conseil de l’Europe

Site de l'EUA (European University Association)

Site de swissuniversities (nouvelle Conférence des recteurs des hautes écoles suisses)

25 ans après, que reste-t-il à accomplir ?

Au niveau européen

Le communiqué de la conférence ministérielle en 2018 à Paris établit des priorités d'actions, parmi lesquelles:

  1. Favoriser le développement d’un nombre accru de formations et diplômes conjoints, en s'appuyant sur une approche européenne pour l'assurance qualité de ces formations ;
  2. Développer davantage la mobilité et la reconnaissance, via la mise en œuvre des ECTS, la révision du supplément au diplôme et les cycles courts de formation;
  3. Accroître la coopération au sein de l'Espace européen de l'enseignement supérieur (EEES), notamment par une approche de soutien par les pairs;
  4. Favoriser les pratiques innovantes pour apprendre et enseigner et l'exploitation créative du numérique.

Dans le communiqué de Rome en 2020, les Ministres s’engagent à « construire d’ici à 2030 un EEES inclusif, innovant et interconnecté, capable de soutenir une Europe durable, solidaire et pacifique ».

En Suisse

Dans son rapport final 2012-14 du monitoring de Bologne, la CRUS tire un bilan de la mise en œuvre de Bologne dans les universités suisses. Elle relève que la réforme peut être considérée achevée d’un point de vue structurel. Toutefois, des ajustements doivent encore être faits pour compléter les changements de fond visés par la réforme.

Trois priorités étaient identifiées pour la suite:

  • Achever la mise en œuvre du Cadre de qualifications pour le domaine des hautes écoles suisses (nqf.ch-HS). Ce cadre décrit et définit les niveaux de formation et les qualifications acquises au sein du système d'enseignement supérieur suisse. Il repose sur les éléments suivants: descripteurs génériques - conditions d’admission - crédits ECTS - titres. L’orientation des formations sur les compétences et les learning outcomes est un principe au cœur de la réforme de Bologne. Elle est amenée à se développer de plus en plus dans nos universités.
  • Consolider le bachelor universitaire afin d'accroître la liberté de choix des étudiantes et étudiants et encourager leur mobilité. Le bachelor doit être généraliste pour permettre la mobilité verticale (la réorientation entre le bachelor et le master).
  • Flexibiliser les études, par exemple en rendant possibles les études à temps partiel, la perméabilité entre les types de hautes écoles, les différents parcours de formation et l'apprentissage tout au long de la vie.

En savoir plus sur l’avancement de la réforme en Suisse et en Europe

Processus de Bologne en Suisse

Monitoring de Bologne 2012-2014: Rapport final (CRUS, 2014)

Enquête Bologna With Students’ Eyes 2020

Qu’en est-il à l’Université de Genève ?

A l'Université de Genève, les programmes se développent en cohérence avec l'esprit de Bologne.

Vous créez, évaluez ou transformez un programme? Ce sont autant d’occasions d’achever les transformations visées par cette réforme.

Qu’il s’agisse d’un programme ou d’un enseignement, le pôle SEA peut vous accompagner pour:

  • Définir ou redéfinir vos learning outcomes
  • Vérifier l’attribution des ECTS et la charge de travail des étudiantes et étudiants
  • Appliquer les principes de Bologne (modularisation, flexibilisation, mobilité, etc.)
  • Ajuster le programme aux réglementations et recommandations suisses et européennes 
  • Adapter le programme aux objectifs qualité définis à l’Université de Genève
  • Alimenter les rubriques pédagogiques du supplément au diplôme

Contact

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Catherine Huneault

Conseillère pédagogique