Δεῖμος καì Φόϐος. Figures de la peur en Grèce antique

Introduction

Phobie et peur panique : les personnifications antiques de la peur sont encore bien présentes de nos jours… Mais la Grèce ancienne connaît encore d’autres noms de la peur : deimos, deos ou ekplexis. Plus que la peur elle-même, ces termes dénotent ses manifestations physiques, fuite, paralysie ou tremblements.
Qu’en est-il de la mise en image de la peur ? Deux options ont été retenues par les artistes grecs : représenter, d’une part, les figures inspirant la peur et, d’autre part, les effets de la peur.

 

Brève introduction audiovisuelle à l'exposition

 


Phobos : mosaïque romaine d’Halicarnasse, IVe siècle apr. J.-C. Londres, British Museum

 

  • Il se couvre tout entier d’un bouclier solide et superbe, ouvrage merveilleux, bordé de dix cercles d’airain ; là vingt bossettes d’un étain brillant éclatent sur l’acier rembruni ; là paraît aussi l’effroyable Gorgone, lançant d’horribles regards : autour d’elle sont la Fuite et la Terreur, Deimos et Phobos.
    Iliade, chant XI, v. 32-37

    Phobie et peur panique : les personnifications antiques de la peur sont encore bien présentes de nos jours… Mais la Grèce ancienne connaît encore d’autres noms de la peur : deimos, deos ou ekplexis. Plus que la peur elle-même, ces termes dénotent ses manifestations physiques, fuite, pa- ralysie ou tremblements.
    Qu’en est-il de la mise en image de la peur ? Deux options ont été retenues par les artistes grecs : représenter, d’une part, les figures inspirant la peur et, d’autre part, les effets de la peur.
    Dans le premier cas, la manière la plus courante d’illustrer la peur ressentie aux époques archaïque et classique est la fuite. Des gestes supplémentaires de bras levés, pour mieux illustrer l’état d’agitation extrême provoqué par la frayeur, s’ajoutent au répertoire au cours de la période classique. Plus tard encore sera développée une série de traits particuliers du visage, qui, en les rendant plus expressifs, serviront aussi à représenter la peur : yeux grands ouverts, bouche entrouverte, rides sur le front.
    Quant aux figures inspirant la peur, elles sont nombreuses, avec des domaines d’action variés. Très peu cependant ont fait l’objet de représentations, exceptés la Gorgone et Pan.

     

  • Phobos, personnification de la peur sur le champ de bataille, n’est rattaché à aucune légende, mais on lui voue un culte en lui offrant des sacrifices sanglants. Les sources littéraires mentionnent des représentations de ce dieu, mais son image n’est pas utilisée dans l’iconographie pour personnifier la peur. Il en va de même pour les nombreuses figures démoniques évoquées dans les textes, Lamia, Empousa, Gellô, Mormô : ces monstres terrifiants, sortes de croquemitaines à la tête masquée qui ravissent et dévorent les enfants, n’apparaissent pas dans l’iconographie.
    La figure de la peur la plus représentée est la Gorgone, personnification de la mort. Une fois décapitée, sa tête garde son pouvoir fatal de pétrifier tout mortel croisant son re- gard, et on l’utilise sous forme de masque, ou gorgonéion, pour détourner les dangers et les menaces.
    Enfin Pan, qui provoque la peur panique et déraisonnée, n’est jamais représenté comme un dieu terrifiant, même si son aspect mi-homme mi-bouc peut inspirer la répulsion. Évoluant dans un monde champêtre, il joue de la flûte de Pan ou poursuit de jeunes bergers de ses assiduités : on est loin du Pan qui sema la déroute au sein de l’armée perse à Marathon et permit aux Athéniens d’être victorieux.

     
    Cette exposition, à travers une exploration de nos collections, propose quelques éclairages ponctuels sur les façons dont les Grecs de l’Antiquité ont représenté la peur.