Thèses

Thèses en cours

Laurie BISCHOFF

Titre : Giacometti 1966. Prémices d’une postérité.

Directeur.trice : Nathalie Piégay (Littérature française), Jan Blanc (Histoire de l’art)

Date de soutenance : thèse en cours

Résumé : Alberto Giacometti s’est éteint dans les Grisons le 11 janvier 1966 mettant subitement un terme à sa création. À l’image de l’essai Le Cube de Georges Didi-Huberman qui débute et se termine sur un même chapitre intitulé « Face enterrée », ce travail prendra pour point de départ et d’arrivée l’année d’inhumation de Giacometti, non comme point final, mais comme point d’orgue qui ouvre sur les prémices d’une postérité. Les études publiées sur le sculpteur, peintre et dessinateur suisse sont innombrables, mais aucune ne traite spécifiquement de la première année posthume durant laquelle le recul fait défaut : les témoignages sont empreints d’émotion et relatent des souvenirs encore vifs, soulignant les qualités artistiques, poétiques, philosophiques et humaines de Giacometti. L’ensemble des évocations de l’homme et son œuvre de l’année 1966 permettront de comprendre la fascination qu’exerçait cette figure iconique de l’art du XXe siècle sur ses contemporains.

 

Soraya DE BRÉGEAS                              

Titre : Le chant des chimères. La littérature martiniquaise entre oralité et écriture

Directeurs : Vincent Debaene (littérature, université de Genève) et Denis Cerclet et François Laplantine (anthropologie, université Lyon 2)

Date de la soutenance : 2025

Résumé : A la croisée des études littéraires et anthropologiques, cette thèse vise à rendre la littérature martiniquaise à sa vocation transculturelle. Du renouveau du conte aux romans de la créolité, en passant par les hybridations du théâtre, elle s’appuie sur un corpus d’œuvres contemporaines qui cultivent le croisement des langues et des cultures et que la mémoire collective retient. Contre tout évolutionnisme, elle interroge les circulations de l’oral à l’écrit et de l’écrit à l’oral, suit les métamorphoses de l’intrigue d’un genre à l’autre, les rend à la multiplicité de leurs modes et de leurs espaces de transmission. Elle entend ainsi montrer que les œuvres martiniquaises sont le lieu d’une subversion de l’ordre littéraire, ordre tout à la fois social, esthétique et politique, dont l’idée de littérature elle-même ne sort pas indemne.

 

Lavinia CAIROLI

Titre : Les voi(x)es des sujets dans les œuvres de Georges Perec et Patrick Modiano. Les silences de la mémoire collective dans la seconde moitié du XXe siècle.

Directeur.trice : Nathalie Piegay

Date de la soutenance : courant 2024

Résumé : Georges Perec et Patrick Modiano sont deux écrivains français d’origine juive nés respectivement en 1936 et 1945. Au sein de leurs œuvres, riches et fournies, se forment des réflexions complexes qui considèrent la possibilité d’expression d’un sujet et de son individualité. Qu’il s’agisse d’œuvres fictionnelles ou d’« autobiographies » aux allures particulières, ce « doute du sujet » envahit les textes. Cette thèse voudrait montrer comment et pourquoi ces hésitations trouvent leur origine dans une histoire individuelle commune – celle de la Seconde Guerre mondiale et de l’extermination des juifs – pourtant portée, dans la seconde moitié du dernier siècle, par une mémoire qui devient collective. Elle réfléchit à la manière dont sont mis en scène, dans les récits des deux écrivains, les enjeux relatifs à la constitution – ou à l’impossibilité de la constitution – d’une identité individuelle prise dans les récits collectifs de l’Histoire. La perspective adoptée est, par conséquent, interdisciplinaire : il s’agit de montrer comment Georges Perec et Patrick Modiano s’inscrivent et sont influencés par un contexte historique, et à la fois s’en affranchissent par des biais, cette fois, littéraires.

 

Alice LECLERCQ

Titre : Ontologie et écologie dans l’œuvre de Jean-Marc Lovay.

Directeur.trice : Jérôme David

Date de la soutenance : prévue en juin 2027

Résumé : L’œuvre de l’écrivain suisse romand Jean-Marc Lovay traduit une conception singulière du monde qui remet en cause nos hiérarchisations habituelles : c’est notamment le cas du type de place et de parole qu’elle donne aux sans-voix de notre pensée moderne comme les animaux, les plantes, les esprits ou encore les objets. Souvent considérée comme hermétique, elle a majoritairement fait l’objet de lectures formalistes l’envisageant sous un prisme méta-langagier. Sa portée politique et écologique a été plus récemment relevée par la critique, sans qu’elle soit pourtant explorée dans toutes ses dimensions. Dans cette lignée, mon projet s’articule autour de deux objectifs aux implications réciproques. Il s’agira de proposer une nouvelle lecture de cette œuvre en y redonnant une place aux entités autres qu’humaines à l’aune de l’écocritique actuellement en plein essor. Sur un plan théorique, il s’agira également d’enrichir l’écopoétique francophone de ressources conceptuelles empruntées notamment à l’anthropologie perspectiviste brésilienne, qui s’intéresse aux ontologies animistes amazoniennes et aux défis qu’elles posent à notre rationalisme scientifique. Ces outils d’analyse, mis à contribution dans une étude stylistique rapprochée de l’œuvre de Lovay, permettront d’y éclairer des phénomènes énonciatifs et narratifs qui découlent du rapport déroutant à la nature qu’elle présente. 

 

Pauline METTAN                              

Titre : La pensée du nom dans À la Recherche du temps perdu de Marcel Proust : un basculement épistémologique.

Directeur.trice : Nathalie Piégay

Date de la soutenance : thèse en cours

Résumé : Ma thèse de doctorat, réalisée à Genève sous la direction de la Prof. Piégay, porte sur la dimension épistémologique de l’œuvre de Marcel Proust. Elle a pour ambition de montrer que la réflexion de Proust sur le nom propre témoigne de plusieurs déplacements de la pensée qui trouvent, à la même époque, en France, de forts échos dans d'autres champs disciplinaires : l’histoire (émergence de l’école des Annales et rapprochement avec la géographie), la philosophie (réception importante du pragmatisme en France) et la linguistique (développement de l’approche structuraliste de Saussure). Ces trois révolutions épistémologiques, qui ont pour effet d’accorder une place centrale à la synchronie au détriment de la diachronie et d’attribuer au langage un rôle déterminant dans la construction du réel, m’incitent à proposer une nouvelle lecture du corpus proustien, affranchie des interprétations formalistes et idéalistes qui ont longtemps occupé le terrain de la critique. Le roman proustien, en retour, permettrait de repenser les liens entre ces trois disciplines ainsi que leurs conditions d’émergence au début du XXe siècle.

 

Benjamin PAUL                                

Titre : Les complications du sens. Étude sur une catégorie de techniques langagières dans la poésie moderne et contemporaine d'expression française (XIXe-XXIe).

Directeur.trice : Martin Rueff

Date de la soutenance : prévue en 2025 

Résumé : Ce travail de thèse se donne pour ambition d'étudier les phénomènes de complication du sens qui ont marqué la poésie d'expression française, et continuent parfois de la marquer, notamment dans les sillages de Mallarmé et du Rimbaud des Illuminations. Ces deux figures, dont on sait à quel point elles sont incontournables au sein du paysage poétique français depuis maintenant un siècle et demi, ont régulièrement appelé, plus ou moins directement, par la difficulté littérale de leurs textes, des prises de position théoriques et / ou pratiques concernant la question de l'obscurité sémantique dans le poème. L'objectif de cette thèse est d'esquisser – en partant de ces constats bien connus, qui relèvent d'une histoire canonique des formes littéraires – une réflexion générale sur ce type particulier de phénomènes, sur leurs ressorts formels, sur leurs implications pragmatiques, ainsi que sur leur place globale en poésie.

 

Emili PETROVIC                                

Titre : Salomé et le pouvoir de la danse : le mythe de la Femme fatale désorienté.

Directeur.trice : Eric Eigenmann

Date de la soutenance : en cours

Résumé : Ce travail de thèse s'intéresse au thème du mythe de la Femme fatale à travers le prisme de la danse et de l’orientalisme dans la littérature française du XIXe siècle. Il traite d’une part de la manière dont le contexte colonialiste et les récits orientalistes ont forgé l’image de Salomé en femme fatale ainsi que l’impact de cette construction sur la danse orientale et sur l’image de la danseuse orientale jusqu’à nos jours. D’autre part, il a pour objectif de « désorienter » ce mythe de Salomé en proposant une nouvelle perspective sur la scène de danse de Salomé, avec une approche actuelle et féministe, questionnant la notion de femme fatale et proposant un nouveau portrait de la célèbre danseuse.

 

Laura ROUX

Titre : Les voix de la poésie : lyrismes dissidents autour de 1870.

Directeur.trice : Juan Rigoli

Date de la soutenance : thèse en cours

Résumé : Cette thèse se propose de reconsidérer le problème du sujet lyrique. La question de la subjectivité sera réexaminée à partir d’un partage entre énonciation et représentation du moi, inspiré par les propositions de la linguistique de l’énonciation. C’est dans les textes comme fondements théoriques de l’émergence de leur propre sujet qu’il s’agira de relire la catégorie du sujet lyrique, sous l’angle de la mise en tension qu’elle opère entre le moi comme sujet de l’énonciation et le moi comme sujet de l’énoncé. La poésie du XIXe siècle apparaît comme le cadre privilégié d’une telle étude : de Lamartine qui a donné à sa lyre « les fibres même du cœur humain » à la « disparition élocutoire du poète » décrétée par Mallarmé se dessine l’histoire d’un effacement progressif, d’une mise en crise qui culminerait à la fin du siècle avec la « mort du sujet ». Les œuvres des poètes « dissidents » des années 1870 (Rimbaud, Verlaine, Corbière, Richepin, entre autres), envisagées dans leur singularité et leur hétérogénéité, permettront de caractériser un moment clé de cette histoire et de repenser plus largement les modalités de la construction de l’identité en poésie, dans une perspective pragmatique.

 

Kathinka Salzmann

Titre : Traduire "Topdog/Underdog", de Suzan-Lori Parks : un cas de répétition et de révision, ou comment faire jazzer la langue française., de Suzan-Lori Parks.

Directeur.trice : Eric Eigenmann (Lettres) et Susan Pickford (FTI)

Date de la soutenance : thèse en cours

Résumé : La pièce "Topdog/Underdog", qui a valu à la dramaturge africaine américaine Suzan-Lori Parks le prix Pulitzer de l’œuvre théâtrale en 2002, représente un cas d’étude des plus intéressants : non seulement cette pièce, pourtant iconique aux Etats-Unis, n’a jamais été publiée en traduction française, mais elle pose, de plus, un certain nombre de défis en traduction. En raison de la langue qui y est utilisée, connue sous le nom d’"African American Vernacular English", et des enjeux liés à la racisation ou au genre, traduire "Topdog/Underdog" oblige à se confronter à des choix d’ordre éthique, qu’il s’agira d’analyser en détails dans cette thèse. Au carrefour de plusieurs disciplines et au prisme d'une traduction inédite de la pièce de Parks, cette recherche a pour ambition d’explorer la nature complexe du geste traductif, en reconnaissant notamment un certain nombre de spécificités à la traduction théâtrale.

Kathinka a présenté son sujet de thèse au concours MT180s et a remporté le 1er prix du jury à Genève.

 

Florian STRESEMANN        

Titre : Paris capitale romanesque : 1650-1800.

Directeur.trice : Martin Rueff

Date de la soutenance : prévue en juin 2027

Résumé : Il ne serait pas exagéré d’affirmer qu’au XVIIIe siècle, Paris fait une entrée spectaculaire en littérature. Avant la seconde moitié du XVIIe siècle, il est rare de voir des fictions se passer dans la capitale, et l’on peut même dire qu’elles se passent d’elle sans trop de difficultés. Le roman baroque, à la faveur d’une topique qui s’accommode du côtoiement d’espaces réels et imaginaires, mobilise des espaces temps lointains, rêvés, multiples, postulant toujours un éloignement véritable ou purement rhétorique. À partir des années 1650, la fiction romanesque s’approche de la capitale. Au tournant du siècle et à l’horizon des années 1730, les œuvres de Robert Challe, Prévost, Montesquieu et Marivaux, par leurs personnages qui y pénètrent avec étonnement, font de Paris le décor privilégié de la forme romanesque.
Cette thèse se propose de décrire ce phénomène, étonnamment négligé jusqu’ici, et pourtant décisif pour l’histoire littéraire et culturelle de la France. Nous espérons notamment, par l’étude de la présence de Paris dans les œuvres que nous avons déjà citées, mais aussi dans celles de Rousseau, Sade, Louis-Sébastien Mercier ou encore Restif de La Bretonne, proposer des pistes de réflexion pour mieux comprendre la présence hégémonique de la capitale dans la littérature française moderne et ce qui a fini par constituer un véritable « mythe » de Paris.
 

Nicolas WITTWER                            

Titre : Poétiques de l'idée fixe: Littérature, Médecine, Philosophie, Psychologie (fin XVIIIe - début XXe).

Directeurs : Juan Rigoli

Date de la soutenance : thèse en cours

Résumé : Au croisement de la littérature et des savoirs, le concept d’idée fixe dont la perméabilité lexicale l’introduit aussi bien dans le langage commun que dans le vocabulaire spécialisé de la médecine psychopathologique tisse de multiples rapports entre des textes qui le prennent pour objet, de la fin du XVIIIe à la première moitié du XXe siècle. Or son ambiguïté sémantique lui attribue des valeurs opposées : il peut tour à tour et à la fois désigner la domination de faculté pensante de l’aliéné par le retour indéfiniment réitéré d’une même idée à la conscience, et la ténacité de l’artiste ou du savant, concentrant leur esprit dans le maintien d’un souffle qui ne s’achève qu’au moment de la pleine réalisation du but que la pensée s’est fixé d’atteindre. La notion ne se limite donc pas au diagnostic de la folie, et se situe bien au cœur de ce qu’est la pensée et son fonctionnement, mobilisant ainsi des paradigmes conceptuels inhérents aux représentations et aux théorisations de la vie de l’esprit mais aussi à la littérature tels que l’imagination, la passion, l’attention, l’habitude, la volonté. Identifier et décrire les relations complexes entre la littérature et les savoirs médical, philosophique et psychologique qui s'établissent à travers ce concept engage alors une vaste enquête dont l’ambition est de déterminer les points de rencontre, mais aussi les dissidences et les divergences sur les conceptions de la folie, du génie, et même plus largement de l’esprit et de son fonctionnement, qu’aménage la question de l’idée fixe. En prenant appui sur des textes littéraires de genres variés, de Balzac à Valéry, en passant par Nodier, Baudelaire, Zola, et d’autres, il s’agira de confronter leur traitement de l’idée fixe avec tout ce qu’il comporte et transporte comme représentations et théorisations de la vie de l’esprit et de la conscience à celui que déploie les savoirs médical, philosophique et psychologique. Il s’agira en outre de déterminer les contours d’une poétique, ou plutôt des poétiques de l’idée fixe, car le concept est chargé d’une dimension esthétique forte en littérature, et même plus généralement dans les arts.

 


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