Le vote interactif
Quel est le but de faire voter les étudiant-es en classe?
Comme son nom l'indique, cette méthode consiste à faire voter ses étudiant-es durant un cours. Cela peut se faire avec technologie (smartphone, clicker) ou sans technologie (main levée, cartes de couleur). De nombreuses utilisations du vote en classe sont possibles (p. ex. voir Caldwell, 2007), par exemple:
- vérifier en direct la compréhension de l'ensemble des étudiant-es et adapter le rythme du cours en conséquence:
- vérifier les connaissances préalables (cf. cet exemple),
- mettre au jour et corriger les incompréhensions et idées fausses,
- vérifier la capacité des étudiant-es à appliquer un concept expliqué en classe,
- permettre aux étudiant-es de s'auto-évaluer,
- demander aux étudiant-es de se convaincre mutuellement de la justesse de leur réponse (instruction par les pairs, cf. ci-dessous ou cette vidéo d'un prof. de chimie de l'UNIGE).
- créer la discussion, le débat autour d'une question sujette à controverse,
- déterminer des sujets de travail pour des travaux en groupes,
- ...
Quels sont les bénéfices du vote en classe?
Le vote en classe possède de grands avantages, aussi bien pour l'enseignant-e que pour les étudiant-es. Le premier avantage pour l'enseignant-e est d'avoir les réponses de l'ensemble de sa classe et pas seulement d'une ou deux personnes. Il permet ainsi de détecter directement en classe les incompréhensions et d'y remédier. Ceci peut être très gratifiant pour les enseignant-es, comme le relate Wood au sujet de son cours de biologie développementale (Wood, 2004, p. 797):
Pour moi c'était une révélation. Je n'étais pas tellement déçu par le résultat mais plutôt aux anges de réaliser que pour la première fois en 20 ans d'enseignement je savais immédiatement (plutôt qu'après le prochain test intermédiaire) que plus de la moitié de la classe n'avait pas compris.
Le vote en classe permet également d'augmenter l'implication et l'attention des étudiant-es (voir par exemple cette étude exploratoire). En effet, les réponses des étudiant-es étant anonymes (sauf peut-être pour l’enseignant-e dans certains cas), il n’y a pas la peur de faire faux devant les autres. De plus, les étudiant-es ne sont pas influencé-es par les votes des autres. En outre, c'est une bonne méthode pour susciter les interactions. Le point le plus important est que le vote en classe est un excellent moyen pour augmenter l'apprentissage et le niveau de compréhension des étudiant-es. C'est en particulier le cas lorsque l'on couple le vote avec une courte discussion entre pairs. De nombreuses études ont montré l'impact positif de cette méthode (voir Nilson, 2010).
Quelle technologie utiliser?
Il existe deux technologies disponibles pour faire du vote en classe:
- les systèmes en ligne où les étudiant-es se connectent avec leur smarphone ou tablette,
- les boîtiers de vote ou clickers.
L'avantage des systèmes en ligne est qu'il n'est pas nécessaire d'acheter de nouveaux appareils puisque la quasi totalité des étudiant-es sont «équipé-es» (et pour celles et ceux qui ne le seraient pas, on peut simplement leur demander de voter avec un de leurs collègues). De nombreux systèmes existent, on en décrira ici deux qui sont disponibles gratuitement.
- Pingo
pingo.upb.de
Ce système a été développé par l'université de Paderborn, en Allemagne. Il permet de poser des questions à choix simple ou choix multiple ainsi que des questions avec texte libre. Il permet aussi de poser des questions avec réponse numérique.
Avec Pingo, on pose une question à la fois et le système est très pratique pour poser des questions directement en classe (sans forcément les avoir introduites dans le système à l'avance). On peut ainsi avoir ses questions dans son PowerPoint (ou les écrire au tableau). Il permet également de reposer une question (p. ex. pour l'instruction par les pairs) et de comparer les résultats. Finalement, il supporte le langage TeX. - Votamatic
votamatic.unige.ch ou elearning.unifr.ch/vote
C'est le système qui a été développé par l'université de Genève puis celle de Fribourg. Cette dernière donne la possibilité, en plus des questions à choix multiples, de poser des questions avec texte libre. Ce système fonctionne bien pour les questions qui ont été préparées à l'avance. Il faut aussi noter qu'avec ce système toutes les questions sont données en même temps.
Parmi les autres systèmes disponibles, on citera Socrative (gratuit jusqu'à 50 étudiant-es) et SpeakUp (qui permet aussi aux étudiant-es de poser des questions en direct).
A côté des systèmes de vote en ligne, il existe aussi les boîtiers de vote ou clickers. Concrètement, chaque étudiant-e vote à l'aide d'un boîtier qui ressemble à une télécommande. L'enseignant-e reçoit en direct les résultats sur son ordinateur. Là aussi, de nombreux systèmes existent tels que i>Clicker ou TurningPoint. La grande différence avec le système précédent est qu'il faut acheter les clickers ou les faire acheter par les étudiant-es (dans certains cas, il faut aussi un licence annuelle).
Comment mettre en place le vote en classe?
On décrit ici plus en détail deux utilisations du vote en classe: le vote afin d'adapter le rythme de son cours et l'instruction par les pairs.
1. Adapter le rythme du cours
A un ou plusieurs moments donnés durant le cours, les étudiant-es répondent à une question (en général à choix multiples) posée par l'enseignant-e. Ce-tte dernier-ère voit les réponses en direct et selon le taux de réponses justes décide de continuer ou de donner plus d'explications ou des exemples additionnels sur la matière.
Il faut noter que l'on peut aussi créer une discussion en plénière et en demandant, après le premier vote, à quelques étudiant-es de «défendre» leur réponse devant l’ensemble de la classe.
2. Instruction par les pairs (peer-instruction)
Afin de rendre les étudiant-es un plus actifs, il est possible de modifier légèrement la démarche précédentes selon le taux de réponses justes à un vote. On commence donc en posant une question à la classe et les étudiant-es votent. Si le taux de réponses justes est:
- bas (< 30%): on prend un peu de temps pour réexpliquer la notion ou faire un exemple supplémentaire;
- haut (>70-75%): on donne la bonne réponse, on explique pourquoi elle est juste, et on passe à la suite;
- entre 30% et 70%: on demande aux étudiant-es de discuter par groupe de 2-3 et de convaincre leurs voisin-es que leur réponse (et leur raisonnement!) est correct. On leur donne quelques minutes pour la discussion en petits groupes. Ensuite, on refait le vote. On observe en général une augmentation du nombre de réponses justes lors du second vote.
Cette méthode de l'instruction par les pairs est résumée dans le schéma suivant:
Quelles questions poser et quand?
On peut faire voter les étudiants-e à différents moments du cours. On peut alors avoir divers objectifs. Voici une figure qui résume les principales fonctions du questionnement des étudiant-es par le vote électronique ou non.
Quelques références pour aller plus loin
- Caldwell, J. E. (2007). Clickers in the large classroom: Current research and best-practice tips. CBE-Life sciences education, 6(1), 9-20. DOI: http://dx.doi.org/10.1187/cbe.06-12-0205. Aussi disponible sur ce lien.
- Nilson, L. B. (2010). Teaching at its best: A research-based resource for college instructors. John Wiley & Sons.
Sur les clickers, voir les pages 120-122. Aperçu ici. - Wood, W.B. (2004). Clickers: a teaching gimmick that works. Dev. Cell 7, 796–798.
DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.devcel.2004.11.004. Aussi disponible sur ce lien.
Exemples à l'UNIGE
Pour voir des exemples d'utilisation du vote en classe à l'UNIGE, rendez-vous sur la plateforme d'innovations pédagogiques de l'UNIGE